Ces pierres endormies. Qu’est devenue la grande Sapaillé, cette ferme historique de Tours-Nord ? – .

Ces pierres endormies. Qu’est devenue la grande Sapaillé, cette ferme historique de Tours-Nord ? – .
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C’est une ferme au milieu de la ville. Mais dans lequel on n’entend plus le chant du coq, ni les « museaux » des cochons. A Tours-Nord, à deux pas du site pharmaceutique Sanofi, jouxtant des pavillons blancs et une concession Mercedes, de hautes façades, faites de pierre grise robuste, séduisent le promeneur citadin. Difficile d’imaginer ce qui se cache derrière ces imposants murs qui encerclent tout un domaine.

Un portail monumental, surplombant un portail cadenassé, permet un coup d’oeil. En regardant à droite, une immense grange vieille de plus de cinq cents ans ; en regardant à gauche, une maison aux allures de manoir, abritant de nombreuses petites pièces ainsi qu’un grand grenier.

A droite, l’entrée de la grange aux charpentes exceptionnelles de la ferme du Grand Sapaillé à Tours.
© (Photo NR, Flore Mabilleau)

Bienvenue à la ferme du Grand Sapaillé, propriété depuis la fin des années 1960 de la Ville de Tours. Et avec lequel la municipalité ne sait plus quoi faire aujourd’hui. « Au début du mandat, nous pensions le transformer en centre communautaire, mais le coût de la réhabilitation était trop élevé. Les seuls travaux de la grange auraient nécessité un budget de plus d’un million d’euros, pour remettre le bâtiment aux normes, installer des toilettes, un sol, car le sol est en terre battue, etc., explique Cathy Savourey, assistante à l’urbanisme. Mais il y avait d’autres priorités de rénovation. » (écoles, gymnases). Dans un contexte où « le mur de la dette » devrait limiter les investissements de la ville… jusqu’en 2027.

Le lieu « sécurisé »

La ferme était “sécurisé” par les services municipaux il y a quelques années, la paille de la grange enlevée, les lieux nettoyés, afin d’éviter l’étincelle qui mettrait rapidement le feu aux charpentes exceptionnelles. Toutes les sorties ont également été scellées pour se protéger contre les squats potentiellement inflammables.

Les murs de la maison de la ferme du Grand Sapaillé, à Tours.
© (Photo NR, Flore Mabilleau)

« Pour sauver ce patrimoine, il faudra peut-être accepter de le vendre »

La zone semble s’être figée dans le temps. Et pourtant il “mérite bien mieux que ça”reconnaît Cathy Savourey. « Nous essayons de trouver le montage financier, éventuellement avec un bail emphytéotique, pour un projet qui permettrait un usage collectif des locaux. Mais pour sauver ce patrimoine, peut-être faudrait-il accepter de le vendre ? » Et pourquoi ne pas y créer une ferme pédagogique ? Une manière pour ces anciens bâtiments de retrouver leur usage d’origine.

Activité agricole récente

« Ici, il y avait des animaux, des chèvres, des moutons, des cochons… Cela a arrêté il y a quelques années, se souvient, avec nostalgie, d’Alain Juton, 75 ans, pilier du quartier depuis 1971. C’était Marguerite qui s’occupait de toute la ferme ; Je l’ai connue monter dans le tracteur, cigarette à la bouche, roulant devant les HLM. Il ne fallait pas la déranger… Quand on entendait le moteur, on se disait : Hé, c’est elle qui passe ! »

Sa retraite marque la fin de l’activité du domaine, pourtant au cœur de la vie agricole du secteur depuis plusieurs centaines d’années. A l’origine, il y a plus de cinq cents ans, l’exploitation du Grand Sapaillé régnait sur des centaines d’hectares de terres. « C’était la plus grande ferme du plateau, » précise Jean-Luc Porhel, directeur des archives et du patrimoine de la Ville de Tours. La grange servait à stocker la production agricole, mais aussi, sous l’Ancien Régime, à percevoir la dîme perçue par le pouvoir féodal. » Ou encore la riche abbaye de Marmoutier, plus grand propriétaire foncier du territoire jusqu’à la Révolution. Après la nuit du 4 août 1789 et l’abolition des privilèges, la ferme, acquise par des particuliers, perd la majorité de ses terres.

La grange servait notamment à collecter les dîmes sous l’Ancien Régime.
© (Photo NR, Flore Mabilleau)

A la fin des années 1960, la commune, dirigée par Jean Royer, souhaite aménager le plateau, avec des habitations et des zones commerciales. Le site patrimonial a été racheté par la Ville de Tours, qui a néanmoins permis aux agriculteurs d’y poursuivre leur travail. ” Quand j’ai emménagé ici, il n’y avait que des champs, des animaux paissaient dans l’herbe », rappelle Alain Juton, camionneur retraité. Une carte postale bucolique difficile à imaginer cinquante ans plus tard.

Dates clés

15e siècle : construction de la grange de la ferme du Grand Sapaillé. Le lieu servira à la collecte des dîmes sous l’Ancien Régime pour l’abbaye de Marmoutier.

1789 : après la Révolution, la ferme fut acquise par des particuliers.

19e-20e siècle : les logements abritant les agriculteurs sont remodelés.

Fin des années 60 : la ville achète, en morceaux, la ferme du Grand Sapaillé et ses terres.

1980 : la grange est protégée au titre des Monuments Historiques.

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