A deux pas du Prix d’Amérique 2024, Pierre-Emmanuel Goetz annonce son départ d’Equidia. Le commentateur vedette des courses hippiques explique les raisons de son divorce d’avec une chaîne de télévision qu’il considère comme sa maison.
“C’est sûr que ça me fera quelque chose de regarder la course à la télé« . Pour la première fois depuis près d’un quart de siècle, Pierre-Emmanuel Goetz ne commentera pas le Prix d’Amérique, dont la 102e édition a lieu ce dimanche 28 janvier.
Après 24 ans derrière le micro des courses hippiques sur Equidia, le commentateur star de la chaîne a décidé de quitter le seul média qu’il a connu dans sa carrière. Arrivé sur la chaîne numéro 1 du monde équestre au début des années 2000, sur les traces de son père Pierre, également commentateur, Pierre-Emmanuel Goetz s’est bâti une belle réputation auprès du public.
Sur les réseaux sociaux, les messages de fans attristés se succèdent depuis mardi et l’officialisation de son départ. “C’est sympa, ça me fait comprendre que ce que je faisais pouvait plaire aux gensréagit le Calvadosien. Ça me fait plaisir de penser que j’ai pu apporter quelque chose aux gens« .
A 44 ans, le journaliste normand n’a pas été viré d’Equidia, il a décidé de partir.en bons termes« à cause de divergences d’opinions.
Je pense que la chaîne ne se déroule pas comme je l’espérais. À mon avis, la philosophie n’est pas adéquate.
Pierre-Emmanuel Goetz, journaliste hippique
En 24 ans, Pierre-Emmanuel Goetz a vécu de nombreuses époques différentes chez Equidia. “J’ai connu les heures de gloire de la course au début des années 2000, avec un développement très important et la possibilité de faire beaucoup de programmes autour de la course.« . En plus des commentaires de courses, il occupe le poste de rédacteur en chef adjoint, responsable des magazines et des documentaires. Mais, depuis deux ans, il déchante, car la direction de la chaîne a pris la décision de ne plus développer d’émissions documentaires ou magazines sur les courses et leurs acteurs.
« Je me suis retrouvé dans une situation où je ne faisais que les courses en direct. Cela m’a attristé », déplore le spécialiste. Plein d’idées, mais stoppé net dans son élan, « PE » a décidé de partir, déçu mais sans ressentiment. Equidia est sa famille, il a préféré un divorce à l’amiable.
Il repart cependant avec un regret : celui de ne pas avoir réussi à convaincre les dirigeants de la chaîne de la nécessité de promouvoir davantage les courses hippiques auprès des non-initiés.
J’aurais aimé qu’on s’ouvre au grand public, avec la production d’une série à la manière de Netflix, comme ce qui s’est fait sur la Formule 1. Malheureusement, ça n’a pas vraiment eu d’impact. trouvé un écho auprès des personnes à qui j’ai proposé le projet. Cela m’a fait me dire qu’au final, je ne pouvais pas aller plus loin.
Pierre-Emmanuel Goetz, journaliste hippique
S’il avance l’exemple de la Formule 1, c’est parce qu’il existe des similitudes entre les courses automobiles et les courses hippiques. “La F1 était en perte de vitesse avant la diffusion du documentaire sur Netflix. Aujourd’hui, le constat est que les courses hippiques ont perdu beaucoup de terrain dans les foyers français. Nous avons un taux de pénétration extrêmement faible, car la couverture médiatique n’est pas à la hauteur.», analyse-t-il.
Il regrette l’époque bénie où Canal+ consacrait une émission quotidienne au monde des courses automobiles, et déplore l’expatriation des retransmissions vers une chaîne de la TNT. “RMC découverte, ce n’est pas France Télé, TF1 ou Canal+ ! Une diffusion de temps en temps sur M6 ne suffit pas ».
Pierre-Emmanuel Goetz est convaincu que pour que les courses reviennent à ce qu’elles étaient, il faut trouver le moyen de les proposer sur les différentes chaînes à la mode. “Les jeunes ont le cliché “la course, c’est un peu démodé”, c’est injuste”. Pour inverser cela, il faudrait selon le commentateur «raconter les histoires, montrer le quotidien d’un monde qui n’est pas inaccessible, starifier à nouveau les acteurs ». En résumé, fomenter »un programme facile à consommer qui ferait plaisir« .
Il y a trente ans, Yves Saint-Martin et Jean-René Gougeon étaient très connus. Ourasie et Roquépine étaient des stars. Aujourd’hui, presque personne ne reconnaîtrait Eric Raffin ou Jean-Michel Bazire dans la rue. Si nous restons ainsi, j’ai peur que nous glissions davantage.
Pierre-Emmanuel Goetz, journaliste hippique
Dans les prochains mois, il proposera peut-être sans doute son projet de série documentaire aux sociétés de production. Mais avant de se mettre à table, Pierre-Emmanuel Goetz passe derrière le comptoir. Son épouse vient de reprendre un restaurant à Lisieux, et il compte bien l’accompagner dans le lancement de cette nouvelle activité.
Et puis, dans le Pays d’Auge, on n’est jamais loin d’un hippodrome. En attendant d’y retourner travailler, Pierre-Emmanuel pourra s’asseoir dans les tribunes pour apprécier les prouesses de son frère Benjamin. Entraîneur et jockey basé à Pont-l’Evêque, il a présenté pour la première fois un cheval au Prix d’Amérique, Emeraudes de Bais. Que les fans se rassurent, il y aura bel et bien un Goetz présent à Vincennes pour le plus grand rendez-vous de l’année.