RAPPORTS. Racheter les colis perdus au kilo, un nouvel eldorado ? – .

RAPPORTS. Racheter les colis perdus au kilo, un nouvel eldorado ? – .
RAPPORTS. Racheter les colis perdus au kilo, un nouvel eldorado ? – .

Un magasin d’un nouveau type vient d’ouvrir ce mercredi à Saint-Maur-Des-Fossés (Val de Marne). Destock Colis est le premier magasin en Île-de- à proposer à la revente des colis perdus ou non réclamés. Particularité : les nouveaux acheteurs ignorent ce qu’ils contiennent.

L’entrepôt, fraîchement repeint, affiche complet depuis son ouverture il y a deux jours. Installée dans un immeuble désaffecté à 400 mètres du centre-ville de Saint-Maur-Des-Fossés, la franchise francilienne Destock Colis accueille les clients curieux qui se pressent autour des tables de fortune. Adar Erol, co-directeur de la marque, répète inlassablement le concept du magasin : «Vous pouvez choisir les colis que vous souhaitez, le prix varie entre 5 et 20 euros pour les colis de moins de 10 kg, ils sont vendus au poids au-delà de 10 kg, à 16 euros le kg.

Sur des planches de bois posées sur des tréteaux, ou dans de grandes caisses laissées sur leurs palettes de transport, s’entassent les emballages en plastique. Les clients ne savent plus vers qui se tourner. Ils piochent au hasard, comme des enfants qui pêchent, tâtent, pèsent, manipulent, pour deviner leur contenu.

Annick, 60 ans, s’amuse à fouiller. Cette responsable dans un centre hospitalier découvre ce nouvel espace de vente, un package déjà entre ses mains : «Je sais ce qu’est une paire de chaussures», dit-elle en tâtant les contours du colis. Annick trouve ce concept de vente «Le hasard assez drôle« . Si elle n’aime pas les objets ? Contrairement à une jeune femme prête à les revendre sur Vinted, elle dit qu’elle les donnera à Emmaüs ou au Secours Populaire, »Cela fera toujours plaisir aux gens qui n’ont pas pu se les offrir pour Noël.

Si Adar Erol évoque de belles découvertes, comme un drone, des AirPods, des chaussures de la marque Ugg, les clients restent modestes. Nassim, 39 ans, est un technicien en études industrielles lucide, qui prend cela plutôt comme un jeu de hasard : «Si je trouve une montre ou des pièces rares, je serai heureux, s’il s’agit d’une collection Cartes Pokémon, j’en serai content aussi.» Il s’est fixé un budget, entre 50 et 100 euros, pas plus. “Si je suis satisfait, je reviendrai peut-être», ironise-t-il, minimisant tout risque d’addiction.

Ils viennent de toute l’Europe. Colis surprises non réclamés provenant d’entreprises de logistique telles que DHL, Amazon et Otto sont redistribués auprès de revendeurs comme Destock Colis. Une loi anti-gaspillage, entrée en vigueur le 1ereuh Janvier 2022, interdit la destruction de nouveaux objets.

Mais quel est le véritable impact environnemental de ce nouveau modèle économique ? N’est-il pas paradoxal de pousser à un achat aveugle à l’heure où les écologistes prônent la décroissance ? Les clients mettent les choses en perspective. Pour Tim, un étudiant de 18 ans en école d’ingénieur, «c’est presque une bonne action. Nous récupérons des produits déjà consommés d’une manière ou d’une autre, et en amenant les clients en magasin, nous réduisons l’empreinte carbone par rapport aux livraisons multiples.

Que contiennent réellement ces colis abandonnés ? L’une est légère et douce, peut-être un vêtement, une autre suggère une rangée de petites boules rondes, peut-être un bijou. La seule façon de le savoir est d’acheter les paquets pour pouvoir les ouvrir comme des cadeaux. Christelle, experte en sécurité privée de 40 ans, accepte de partager ce moment. Elle a acheté quatre paquets et n’est pas contente de son butin. Un sac de sport, un sac à main vernis noir, deux petites robes rouge et verte à petits pois blancs, un long manteau marron en simili cuir. Des articles de marques obscures, mais «qui ravira mes amis et ma fille de 14 ans», rassure-t-elle.

Sur les trois tonnes de produits réceptionnés le jour de l’ouverture, la moitié ont déjà été revendues aux quelque 300 clients qui ont franchi les portes du magasin. Cela représente un chiffre d’affaires de près de 10 000 euros. Dès février 2024, le magasin proposera des journées éphémères dans toute l’Île-de-France, dans des espaces loués pour des ventes flash.

 
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