
Des membres des Hells Angels et leurs complices présumés, chez qui la police a saisi une multitude de biens au printemps lors de vagues de perquisitions menées dans le cadre d’une grande enquête antidrogue, s’opposent à ce que ces objets soient détenus pendant encore dix mois, pendant que la police poursuit son enquête.
Publié à 00h43 Mis à jour à 5h00
Ce qu’il faut savoir
- Depuis que la Cour suprême (2016) a rendu l’arrêt Jordan, qui limite les délais judiciaires, les forces de police se sont adaptées et multiplient les fouilles lors des enquêtes avant de procéder aux arrestations.
- Lors de ces perquisitions, les policiers saisissent des preuves qu’ils conservent pendant toute la durée de leur enquête. Le parquet doit s’adresser au tribunal s’il souhaite obtenir des délais de conservation supplémentaires.
- Dans le cadre d’une importante enquête en cours sur le crime organisé, l’accusation demande de conserver les biens saisis pendant encore un an, ce que contestent les avocats des suspects, dont les influents Hells Angels.
Une démarche menée devant le tribunal par les avocats des suspects pourrait avoir un impact pour la police, le parquet, voire la lutte contre le crime organisé en général, alors que depuis que la Cour suprême a limité la durée des procédures judiciaires (arrêt Jordan), les enquêteurs augmenter le nombre de perquisitions au cours de l’enquête, afin que l’accusation soit prête à divulguer l’essentiel des preuves dès la comparution des individus, afin de ne pas faire perdre de temps au tribunal.
Parmi ces individus qui contestent la rétention longue durée de leurs biens, on retrouve les Hells Angels Martin Robert, Stéphane Plouffe, Rob Barletta, Michel Lamontagne et Gilles Lambert.
Un avocat représente également les intérêts de la succession de Francesco Del Balso, un ancien lieutenant du clan Rizzuto de la mafia rallié aux motards et tué par balle le 5 juin à Montréal.
Plus de 60 recherches
Dans le cadre d’une enquête baptisée Ravageur, les enquêteurs de la Brigade nationale du crime organisé (ENRCO) ont procédé à plus de 60 perquisitions et ont notamment saisi auprès de ces individus et de leurs complices présumés des dizaines de téléphones portables, cartes SIM, ordinateurs, tablettes électroniques, clés USB, documents bancaires, d’entreprise ou de transaction, DVD, bijoux et vêtements à l’effigie des Hells Angels, Rolex, montres Cartier et autres objets de valeur.
« Des centaines de documents ont été saisis et environ 165 éléments informatiques dont certains ne seront accessibles que dans quelques mois. A l’issue des perquisitions, d’autres autorisations judiciaires sont à venir et plusieurs objets informatiques saisis nécessitent des autorisations complémentaires”, écrit un enquêteur le 3 juillet dans une déclaration sous serment jointe à une requête du parquet qui demande que les objets saisis soient toujours détenus jusqu’en juin. 19, 2024.
Une atteinte à leurs droits
Les avocats des suspects soutiennent que le parquet aurait dû demander une prolongation de la détention des objets saisis pour une période de trois mois, et non d’un an d’un seul coup, « une atteinte et une atteinte supplémentaire aux droits des suspects ». [leurs] clients », proclament-ils.
Ils dénoncent le fait que la requête et l’affidavit de l’enquêteur soient « expurgés à 90 % », disent-ils, ce qui les empêche de défendre adéquatement les droits de leurs clients et va à l’encontre de la loi. l’équité procédurale.
---« Il y a une évolution dans leurs pratiques [les policiers] au niveau des articles de la loi sur la rétention des biens saisis et c’est à cause de la Jordanie. On nous présente des demandes de plus en plus longues et de plus en plus expurgées. Je crois que M. Plouffe et toutes les personnes à qui l’on annonce que leurs biens seront saisis pour un an ont le droit de savoir pourquoi», a déclaré M.e Christian Gauthier, avocat des Hells Angel Stéphane Plouffe, lors d’une audience lundi matin au palais de justice de Montréal.
“Comment puis-je contre-interroger le déposant [enquêteur qui a rédigé la déclaration au soutien des mandats] si je ne sais rien ? Il y a un vide», a ajouté le criminaliste.
Me Philippe Knerr, qui représente un autre particulier, Rhéal Dallaire, a par exemple soulevé le fait que les policiers ont saisi plusieurs bijoux de son client, que ceux-ci ont peut-être été acquis en dehors de la période des infractions reprochées, mais qu’il ne peut le savoir en raison du caviardage. .
L’enquête doit être protégée
De son côté, le parquet n’a pas l’intention de reculer.
Elle invoque le privilège et la protection de l’enquête en cours pour justifier le fait que plusieurs passages de sa demande et de la déclaration de l’enquêteur déposant soient expurgés.
« Compte tenu de la nature de plusieurs des biens saisis, du caractère complexe de l’enquête, du caractère raisonnable du délai demandé, compte tenu des tâches à accomplir, et de l’intérêt d’accorder ce délai pour la suite de l’affaire, le requérant [poursuite] estime que le délai d’un an demandé par lui et par la partie saisissante, soit jusqu’au 19 juin 2024, devrait être accordé”, écrivent également les procureurs du Bureau des crimes graves et des affaires spéciales dans leur demande.
Le débat, qui doit durer trois jours, se déroule devant le juge Antoine Piché de la Cour du Québec.
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