Les élus corses veulent déposer une motion de soutien à l’Alsace. Lors d’une session extraordinaire de la communauté de Corse, un député corse a présenté ses arguments en faveur de l’entraide entre la Corse et l’Alsace pour les questions de langue et d’autonomie.
C’est une annonce inattendue, une main tendue d’un bout à l’autre de la France, un pont entre le Sud et l’Est de la France. Certains élus corses veulent déposer une motion pour soutenir l’Alsace dans sa volonté de quitter la région Grand Est.
“Considérant que l’Alsace présente une situation particulière du fait de son histoire et de sa position transfrontalière, qui ont forgé une identité propre que les élus souhaitent voir se refléter dans un cadre administratif et institutionnel adapté […]” expliquer le texte “l’Assemblée de Corse reconnaît comme légitime la demande des élus alsaciens pour que l’Alsace constitue une région à part entière et soutient donc les initiatives visant à atteindre cet objectif.”
Le texte a été rédigé à l’initiative de Pierre Ghionga, du groupe “un soffiu novu” (un nouveau souffle), un parti “autonomiste non nationaliste” selon l’élu.
Motion du 26 mai 2023, Collectivité de Corse
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© Communauté de Corse
Si Pierre Ghionga est à l’origine de ce texte, ce n’est pas un hasard. Lorsqu’il était conseiller général de la Haute Corse entre 2010 et 2015, il était en charge de la langue corse. Et il avait rencontré Charles Buttner, alors président du conseil général du Haut-Rhin.
Corses et Alsaciens ont signé ensemble, en décembre 2013, une charte de coopération pour la promotion du bilinguisme. Les Corses ont alors voulu aller plus loin, et ratifier le statut co-officiel de la langue corse, c’est-à-dire la reconnaissance de leur langue au même titre que le français.
“A l’époque, je pense que les élus alsaciens demandaient la même chose”se souvient Pierre Ghionga. « J’ai vu récemment que la majorité des Alsaciens et des élus veulent quitter le Grand Est. Pour moi, cette intégration de l’Alsace au Grand Est n’a aucune légitimité historique ou culturelle. J’ai décidé de les soutenir. avec un mouvement.
Pourtant, pour l’élu corse, les deux collectivités locales n’ont pas pour l’instant les mêmes aspirations. “Les élus alsaciens ne sont pas assez mûrs pour demander ce que nous demandons » il croit. « Nous souhaitons que la langue corse soit inscrite dans un nouveau chapitre de la Constitution, et souhaitons acquérir une réelle autonomie, à l’image de la Nouvelle-Calédonie, avec un transfert de toutes les compétences non régulières.s.”
“Nous ne voulons pas de l’armée, de la justice, du recouvrement des impôts ou de la police judiciaire, ce sont des compétences régaliennes qui doivent être fournies par l’État», explique Pierre Ghionga.
---Comme l’Alsace, nous n’avons plus qu’une seule entité qui se substitue aux cantons, départements et région. Comme la Corse, l’Alsace peut obtenir plus d’autonomie.
Pierre Ghionga, élu corse
“Mais lors d’un de mes voyages en Alsace, Charles Buttner m’a parlé des compétences des Länder allemands, dans les domaines de l’éducation, de l’économie, de la culture, etc. Alors là, c’est ce que nous demandons. Et l’enjeu sera de voir comment un État jacobin et centralisé peut accorder une autonomie dans certains domaines à une région qui a une identité forte.“
L’élu corse voit même plus loin, pour sa région comme pour l’Alsace :
“Depuis 2015, 70% des Corses ont voté pour l’autonomie de l’île, nous partons de ce constat pour demander plus de compétences pour notre communauté de Corse. Comme l’Alsace, nous n’avons plus qu’une seule entité qui se substitue aux cantons, départements et région. Comme la Corse, l’Alsace peut obtenir plus d’autonomie.”
J’ai fait de mon mieux pour aider mes amis alsaciens.
Pierre Ghionga, élu corse solidaire des Alsaciens
Lors de la séance du 26 mai, l’assemblée de Corse a voté à la majorité le renvoi du vote de cette motion à une commission des pouvoirs législatifs et réglementaires. “Dans notre parti, tout le monde a voté contre cette destitution, mais les autonomistes et les séparatistes ont voté pour la destitution. Ils ont juste peur qu’une telle motion interfère avec le processus pour la Corse.« La commission pourrait se réunir dans 6 mois.
“J’ai fait de mon mieux pour aider mes amis alsaciens», renchérit Pierre Ghionga, convaincu que c’est en se serrant les coudes qu’Alsaciens et Corses parviendront à obtenir ce qu’ils souhaitent : une juste reconnaissance de leurs particularités.