L’opposant sénégalais Ousmane Sonko, déclaré candidat à la présidentielle de 2024 et menacé d’inéligibilité, a entamé vendredi son voyage de retour à Dakar, un voyage risqué dans un contexte de bras de fer avec le pouvoir.
Un long convoi de voitures a quitté son domicile à Ziguinchor (sud), a constaté un correspondant de l’AFP. Des images diffusées en direct sur les réseaux sociaux montraient alors le cortège progressant à quelques dizaines de kilomètres, du côté de Goudomp, M. Sonko juché en chemise sur un véhicule rehaussé du drapeau sénégalais, et des grappes de jeunes enthousiastes courant derrière.
Les quelque 500 kilomètres entre Ziguinchor et Dakar peuvent être parcourus en plus ou moins neuf heures via la Gambie. Mais M. Sonko devrait contourner la Gambie et prolonger son voyage d’environ 350 km. Le porte-parole de son parti, Ousseynou Ly, a déclaré qu’il ne pouvait pas dire quand M. Sonko arriverait à Dakar.
Il s’agit d’un nouvel acte de défi au pouvoir de la part de M. Sonko, quelques jours après son refus de comparaître devant le tribunal pour être jugé pour viol. Il est resté reclus plusieurs jours à son domicile de Ziguinchor, dont il est le maire, sa villa jalousement gardée par des jeunes bien décidés à parer à une éventuelle tentative d’arrestation.
---M. Sonko, président du parti Pastef-les Patriotes, troisième à la présidentielle en 2019, personnalité clivante mais populaire auprès des moins de 20 ans, dénonce son procès comme un complot du pouvoir pour l’écarter de la présidentielle. Il dit vouloir faire de son retour à Dakar une « caravane de la liberté ». La chambre criminelle qui siégeait en son absence mardi doit rendre son verdict le 1er juin, et la tension monte à l’approche de cette échéance.
La mobilisation de ses partisans, lors de ses rendez-vous avec la justice notamment, a régulièrement donné lieu à des incidents et des troubles, y compris mortels. M. Sonko risque de perdre son éligibilité, déjà compromise par une peine de six mois avec sursis pour diffamation contre un ministre.
Le gouvernement dément toute instrumentalisation de la justice et évoque une affaire privée. Il a prévenu avant le départ de M. Sonko de Ziguinchor qu’il appliquerait l’ordre « quel qu’en soit le prix ».