La parité dans le monde scientifique peine encore aujourd’hui à s’affirmer. Seuls 29 % des chercheurs scientifiques sont des femmes, selon un rapport du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche publié en 2021. Cet écart n’est pas nouveau. Et de fait, jusqu’à la fin du XIXe siècle, les études scientifiques supérieures étaient interdites aux femmes en France. Aussi, l’accès aux grandes écoles comme l’École Polytechnique leur fut interdit jusqu’en 1972. Bref, historiquement, les femmes n’avaient pas leur place dans cet univers et se virent longtemps volées leur travail, puisqu’elles cherchaient à apporter leur contribution. .
Alors, pour inciter les femmes à se positionner dans ce milieu avec confiance et sans honte, Emmanuelle Laroque a écrit « Tu seras une scientifique, ma fille ». Cet ouvrage, publié chez Vuibert, a un objectif simple : encourager les jeunes femmes à poursuivre des études scientifiques. « Il faut comprendre que les filles, [dès leur plus jeune âge] ne voient pas les femmes dans les sciences et sont comparées aux garçons sur leurs compétences en mathématiques. Ils vont donc cultiver l’idée qu’ils seront moins bons que les garçons”, explique l’auteur.
Ainsi, encourager les filles à s’orienter vers les sciences passe, selon elle, par l’éducation. « Nous pouvons reprendre [ces stéréotypes] et les déconstruire, et montrer à chaque fois qu’une fille, quel que soit son âge, fait quelque chose qui relève d’une compétence scientifique, […] qu’ils ont les facultés, les capacités et qu’ils peuvent les développer. C’est très important.
L’effet Matilda : minimiser le travail des femmes scientifiques
Conçu comme un guide pratique, l’ouvrage d’Emmanuelle Laroque débute par un voyage dans le temps. L’idée est alors de prouver qu’il y a eu des femmes scientifiques, mais qu’elles ont, pour la plupart, été invisibles, voire délibérément oubliées. C’est l’effet Matilda. C’est l’historienne Margaret W. Rossiter qui a voulu nommer ce phénomène, décrit pour la première fois en 1870 par la suffragette et abolitionniste Matilda Joslyn Gage. « Cela se manifeste de diverses manières. En attribuant le mérite des découvertes scientifiques faites par les femmes à leurs collègues masculins, d’une part. Mais aussi par la sous-représentation des femmes aux postes de direction ou dans les prix et distinctions prestigieux», résume les travaux d’Emmanuelle Laroque.
Ainsi, pour attester de leur contribution au monde scientifique, l’auteur énumère quelques-uns des scientifiques réprimés. Parmi eux, Lise Meitner qui, en 1938, joua un rôle crucial dans la découverte de la fission nucléaire. Avec Otto Hahn, elle a posé les bases théoriques de la réaction nucléaire en chaîne. Malgré son travail important, lorsqu’Otto Hahn a reçu le prix Nobel pour cette découverte, il n’en a pas parlé ni de son travail. Aujourd’hui encore, sur le site du prix Nobel, il n’en est pas fait mention. Lise Meitner fut également l’une des seules scientifiques à contester l’utilisation de sa découverte dans la contribution à la bombe nucléaire.
Cette aversion envers les femmes scientifiques ne concerne malheureusement pas uniquement Lise Meitner. Même si l’héritage de ces découvertes a été réhabilité pour certains, elles apparaissent encore rarement dans les manuels scolaires ou dans la culture populaire.
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