Rentrée littéraire en janvier, un rendez-vous pour le plaisir de lire

A l’heure des soldes d’hiver, voici la rentrée littéraire du mois de janvier. Plus discret que la sacro-sainte rentrée littéraire d’automne, ce rendez-vous s’agrandit d’année en année. Pour preuve, alors que tout le monde s’inquiétait du nombre élevé de romans publiés à « LA rentrée » – soit 459 romans en septembre 2024 – les compteurs affichent sans vergogne 507 livres en janvier 2025. Ainsi, alors que les éditeurs cherchent à contrôler le nombre des romans en septembre, on observe une inflation durable en hiver (517 nouveaux romans en janvier 2023, 482 en 2024).

Pourtant, ce retour à l’hiver est récent, et personne ne semble vraiment savoir ce qui a conduit à la mise en place de ce rendez-vous dans les premiers jours de l’année. “Autant on sait que le prix Goncourt est à l’origine de la rentrée automnale puisqu’il n’est ouvert qu’aux livres parus avant octobre, autant la rentrée a été instaurée sans raison apparente depuis trente ans”explique Catherine Valenti, historienne de l’édition. UN “deuxième retour», longtemps moqué comme “petite rentrée”, qu’elle considère comme « plus paisible ».

Une rentrée avec moins de pression

Si la rentrée de septembre s’inscrit résolument dans la course aux prix, celle d’hiver évite la fièvre médiatique, réunissant des auteurs déjà distingués et qui n’affronteront plus la pression, ou encore d’autres moins aguerris qui testent cette étrange métamorphose : devenir un écrivain. On compte ainsi 70 premiers romans (contre 68 en septembre 2024), pour lesquels la rentrée en janvier s’apparente à un « essai ».

“Au printemps, il y a de nombreux salons, festivals, prix décernés par les lecteurs ou les médias comme le prix RTL-Lire ou le livre Inter”, explique Maud Simonnot, rédactrice au Seuil. C’est l’occasion de présenter des auteurs moins connus, dans un climat “moins brutal”, poursuit la rédaction en mentionnant son poulain, Corentin Durand, 28 ans, qui signe Sarabandesun roman sur la guerre d’Indochine.

Le poids des Goncourt

Moins bruyant donc que la saison des prix, l’hiver est aussi propice aux retrouvailles, et 2025 ne déroge pas à la règle : pas moins de sept titulaires du Goncourt sont présents ce mois de janvier, du doyen Patrick Grainville (1976, The Flamboyants) au Goncourt 2013, Pierre Lemaître, très attendu par ses lecteurs captivés par le feuilleton familial Pelletier : Un avenir radieux (Calmann-Lévy) est le troisième tome sur quatre prévus.

Mais il n’est pas forcément nécessaire d’avoir remporté le Graal pour être attendu. Que ce soit Vanessa Springora à la recherche de ses ancêtres avec Nom de famille (Grasset), Jean Echenoz back with Bristol (Minuit), ou Camille Laurens avec Votre promesse (Gallimard), ce sont des écrivains suivis par des lecteurs fidèles.

« La rentrée de janvier est agréable pour s’installer, on n’est plus figés sur les sélections tarifaires. C’est plutôt une lecture agréable”souligne Caroline Tison, à La Procure de Paris. Les lecteurs eux-mêmes sont plus curieux, prêts à découvrir de nouveaux auteurs. Avec un argument très apprécié des libraires et des services commerciaux : les livres de janvier sont exposés pratiquement jusqu’à l’été.

« Organiser ce deuxième rendez-vous dans l’année est source de dynamisme dans les maisons d’édition »confie Caroline Babulle, directrice du service de presse des éditions Robert Laffont. «C’est une rentrée plus élégante, qui prend du temps»précise Maud Simonnot.

Dans l’air du temps

Cette deuxième rentrée est aussi une chambre d’écho pour la société. Cette année elle présente les romans Le lit fermé de Sophie Brocas (Mialet-Barrault) sur la grève des sardines de Douarnenez, et La colline de travail de Philippe Manevy (Le Bruit du monde), qui se déroule à Lyon. Elle reste aussi très marquée par la quête du père et des origines.

On peut lire Frédéric Beigbeder dans un registre plus sobre que d’habitude avec Un homme seul (Grasset). C’est aussi le sujet de L’avenue du verre (Seuil), le premier roman de Clara Breteau, de Notre insomnie de Clothilde Salelles (Gallimard) ou encore Florence Seyvos, qui dresse le portrait du beau-père dans Un magnifique perdant (L’Olivier).

Marie Nimier, quant à elle, parle de sa mère dans Le côté obscur de la reine (Mercure de ), avec l’ombre portée par le père, l’écrivain Roger Nimier, tandis que Blandine Rinkel explore La Faille (Stock), celle d’une vie de famille pas toujours heureuse.

« C’est une rentrée particulièrement riche cette année »analyse plus en détail Caroline Babulle, qui se réjouit de l’accueil réservé à Philippe Vilain et à son livre Mauvais élève (Robert Laffont), qui évoque sa liaison avec la prix Nobel de littérature Annie Ernaux. D’autres sujets sont également incontournables dans l’édition, comme le conflit israélo-palestinien, que Nathalie Azoulai aborde avec Toutes les vies de Théo (POL) et Pierre Assouline dans L’annonce (Gallimard).

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Alors que 2025 marquera le 80e anniversaire de la libération des camps, on peut lire Le procès Mein Kampfd’Harold Cobert (Les Escaliers), récit d’amour sur l’histoire de la publication de Mon combat En France ; La vie devant moi (Flammarion) de Guy Birenbaum, sur l’histoire de sa mère qui a échappé à la rafle du Vél’d’Hiv ; La maison hantée (Minuit), de Michèle Audin, sur la vie à Strasbourg occupée pendant la Seconde Guerre mondiale.

Des sujets qui sortent de l’ordinaire

Il y a enfin les « OVNIS », des romans déjà marquants et des sujets populaires, comme Vivre bas de Jeanne Benameur (Actes Sud) évoquant Marie, mère de Jésus, qui reprend sa vie de femme après la crucifixion ; Jean de Saint-Chéron qui, en Malestroit (Grasset), enquête sur une religieuse aux pouvoirs surnaturels ; ou Cécile Cayrel, qui raconte l’histoire de Samuel adoptant un poisson pour rompre sa solitude Confession de tendresse, publié par la nouvelle maison d’édition La Tribu.

A cela s’ajoutent les best-sellers de toutes catégories, qui font fi du calendrier et emportent tout sur leur passage, que ce soit l’écrivain suisse Joël Dicker, qui a signé La visite très catastrophique du zoo (publié le 4 mars); de Aurélie Valognes avec La Fugue (JC Lattès le 12 mars) ; et Éric-Emmanuel Schmitt avec le tome 5 de La Traversée des Temps, Les deux royaumes(Albin Michel, 26 mars). De quoi lire jusqu’à l’été…

Sept titulaires du Goncourt sont de retour

Patrick Grainville (The Flamboyants, 1976) revient avec un livre historiqueLa Nef de Géricault (Julliard).

Andreï Machine (Le Testament français, 1995), publié Prisonnier du rêve écarlate (Grasset), retour sur l’époque stalinienne…

Pascale Rozé (Chasseur zéro1996) signe Le roman de Mécène (Stock), l’ami des poètes à Rome.

Jean Echenoz (je pars1999) publie Bristol (Minuit), personnage énigmatique.

Pascal Quignard (Ombres errantes, 2002) signe Trésor caché (Albin Michel), retour d’enfance.

Pierre Lemaître (Au revoir là-haut, 2013) publie Un avenir radieuxtroisième tome de la saga Les années glorieuses.

Leïla Slimani (douce chanson, 2016) publie J’enlèverai le feu, troisième partie de sa fresque familiale.

 
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