L’une des rares librairies francophones de Toronto va fermer ses portes

L’une des rares librairies francophones de Toronto fermera ses portes dans les prochaines semaines, au grand désarroi de certains membres de la communauté qui dépendaient de cet endroit pour se procurer des livres en français.

Un texte de Sarah Tomlinson

La librairie Coin des livres français pour enfants de Toronto est ouvert depuis 2017. Sa propriétaire, Lynda Grimard-Watt, caressait le rêve de permettre aux enfants, qu’ils soient francophones ou anglophones, de maîtriser la langue française par la lecture.

J’ai appris qu’il y avait beaucoup d’enfants qui abandonnaient l’école lorsqu’ils apprenaient le français, parce qu’ils trouvaient cela ennuyeux, parce qu’ils n’aimaient pas les livres, parce qu’il n’y en avait pas pour eux. niveau. Je voulais essayer de réduire cet abandonelle se souvient.

Lynda Grimard-Watt a ouvert sa librairie pour proposer des ressources en français aux enfants et à leurs parents. (Photo d’archive) Photo : -/Ramin Pezeshki

Cependant, les conditions économiques actuelles rendent son rêve de plus en plus difficile à réaliser.

En toute honnêteté, financièrement j’aurais dû fermer bien avant, mais c’est dur de lâcher prise quand on a une passionexplique Mme Grimard-Watt.

Mes ventes en personne ont beaucoup ralenti en 2024. J’ai réalisé que je ne pouvais pas garder la librairie ouverte parce que j’avais encore un loyer assez cher et tout a augmenté. J’accepte ma réalité.

Lynda Grimard-Watt, propriétaire du Toronto Children’s French Book Corner

A lire et à écouter :

Moins d’accès aux livres français

Lynda Grimard-Watt recommande aux parents de passer du temps avec leurs enfants et d’utiliser le temps de lecture comme une opportunité de communiquer avec eux. Photo : getty images/istockphoto/gpointstudio

Daphné Dufour est cliente de la librairie depuis son ouverture. L’endroit n’est pas loin de chez elle, alors elle s’y rend pour acheter des livres pour sa fille et pour les fêtes d’enfants de la communauté.

La fermeture du magasin représente, pour elle, une perte d’accès aux livres en français.

D’autres endroits à Toronto ont quelques livres en français, mais pas la sélection proposée par Lynda.explique-t-elle. Ces lieux disposent de livres traduits en français, alors qu’elle sélectionne une grande variété de livres écrits par des auteurs francophones.

Il s’agit d’une perte d’accès qui vise vraiment la communauté francophone. Il existe d’autres librairies, mais pas une seule qui cible uniquement les livres pour enfants en français.

Daphné Dufour, cliente

Nancy Martin a également de la difficulté à trouver des livres de qualité en français à Toronto. Pour elle, qui est anglophone, la librairie était le principal endroit où acheter des livres pour sa nièce et son neveu. Elle se sent désormais à court d’options.

Il n’y a rien. Je regarde la boutique Indigo et je ne trouve rien. Cet endroit est le seul à Toronto où l’on vend autant de livres français que dans une librairie de Montréal. C’est une grande perte pour la communauté.

Nancy Martin, cliente

Plus qu’une librairie

La communauté torontoise a trouvé à la librairie une grande variété de livres d’auteurs francophones. Photo : -

En plus d’offrir une bonne sélection de livres en français, la librairie est aussi un lieu de rassemblement pour la communauté francophone.

Mme Dufour souligne la volonté de Mme Grimard-Watt de choisir des livres qui plaisent aux enfants pour s’assurer qu’ils auront envie de lire en français.

Elle nous a toujours donné d’excellentes recommandations basées sur les intérêts et le niveau du lecteur.dit Mme Dufour.

Elle souligne également la participation de Mme Grimard-Watt à des événements organisés dans les écoles francophones de la Ville Reine.

Elle fait vraiment partie de la communauté francophone de mon quartierdit-elle.

Elle nous reconnaît tout le temps. Elle pose des questions sur nos enfants. Il ne s’agit pas seulement de la transaction. Elle essaie vraiment de promouvoir et d’encourager l’amour de la lecture.

Daphné Dufour, cliente

Pas assez de demande

Malgré la déception des clients, Lynda Grimard-Watt soutient que la demande de livres en français n’est pas suffisamment élevée pour permettre à son type d’entreprise de survivre en milieu minoritaire.

On ne peut pas avoir une famille qui vient une ou deux fois par an acheter des livres en français. Il faudrait des milliers de clients pour faire vivre une librairie à plein tempselle croit.

Elle ne croit pas que les gens se désintéressent de la littérature francophone. Selon elle, la plupart n’ont pas l’habitude de soutenir les librairies locales.

J’ai été surpris, au fil des années, du nombre de francophones qui m’ont dit, qu’ils soient français ou québécois, qu’ils leur achetaient des livres.dit-elle.

Ce point a également grandement influencé le développement de ma librairie. J’avais plus de clients de la communauté des enfants apprenant le français langue seconde qui venaient à ma librairie que de francophones.

Lynda Grimard-Watt, propriétaire du Toronto Children’s French Book Corner

Un autre facteur en jeu pourrait également être la congestion routière, selon elle.

La circulation à Toronto est tellement mauvaise que les gens ne veulent plus conduire une heure pour aller chercher deux ou trois livres français pour leurs enfants.note-t-elle.

Quel avenir pour les librairies francophones à Toronto ?

Lynda Grimard-Watt ose croire que d’autres librairies francophones s’implanteront à Toronto, mais elle doute de la survie de ces établissements.

La librairie Le Soleil d’Ottawa a ouvert ses portes à Toronto, puis ça n’a pas marchéelle cite en exemple.

J’espère que je ne serai pas le dernier. Mais si ceux qui ont dû fermer partagent les mêmes points que moi, ce sera très difficile pour les prochains.

Lynda Grimard-Watt, propriétaire du Toronto Children’s French Book Corner

Pour le moment, la seule autre librairie jeunesse francophone de la région se trouve à Oakville. La propriétaire de Once Upon a Time, Nathalie Vincke, s’inquiète également de l’avenir des librairies francophones de Toronto.

Cela reste un problème. Quiconque tente d’ouvrir une librairie française en Ontario ne cesse de crier sur les toits. Alors, si rien ne change pour soutenir les librairies indépendantes, qu’elles soient françaises ou anglaises, cela ne changera jamais.elle craint.

 
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