Pour son troisième livre, Dimitri Kantcheloff nous embarque dans l’incroyable voyage d’un couple atypique, vivant à 100 à l’heure, avec Tout le monde reste calme (éditions Finitude), un roman espiègle, espiègle, plein d’humour. Son personnage principal, Victor Bromier, perd son emploi et ses illusions. Il marche d’un pas déterminé même s’il n’a pas de destination. Et lorsqu’il se retrouve au bord de la Saône, il espère qu’une vague viendra l’emporter. “Il ne pouvait pas se résoudre à sauter. Il n’a pas non plus envisagé la pendaison ou l’empoisonnement. Était-ce de l’orgueil, ou une forme de lâcheté, une force étrange l’a empêché de mettre fin à ses jours.
Victor Bromier est le profil type de gagnantun cadre commercial qui gagne bien sa vie, avec femme et enfant, et une maison à crédit dans la banlieue lyonnaise. Tout s’effondre un jour d’hiver 1979. Son patron juge urgent et utile de se passer de ses services.
L’ex-VRP est confronté à une question existentielle : que va-t-il devenir ? Dire : quelques whiskies, rien ne vaut la société de Jack, Jack Daniel’s. Dire la vérité à Monique, sa femme, lui mentir encore et encore ou disparaître complètement de sa vie sans un mot ni une explication ? Victor Bromier, impuissant, se noie dans l’alcool dans un bistrot. Puis, Corine entre dans le bar tabac, et bouleverse à jamais la vie de la petite bourgeoisie.
Corine est belle, punk, révolutionnaire et braqueuse de banque. Corine est authentique. A son contact, Victor constate qu’il a toujours vécu dans le mensonge. Et il se déshabille devant la passionaria. Fini la frime, place à la sincérité. « Il a compris à ce moment-là qu’il en avait fini avec l’imposture. Il ne devrait à Corine que la vérité la plus stricte, comme pour compenser les mensonges qu’il avait accumulés avec les autres. Ainsi, Victor devient aussi un révolutionnaire et un voleur. Et amoureux. Et surtout vivant. Même si pour passer une nuit avec Corine, il devait lui obéir et lire d’une seule traite La Société du Spectacle de Guy Debord.
Au style nerveux, Dimitri Kantcheloff, déjà remarqué avec son deuxième roman Vie et mort de Vernon Sullivan (Finitude, 2023), fait revivre une époque que les moins de 40 ans ne peuvent pas vivre. Ses remerciements en fin d’ouvrage sont un hommage aux artistes qui l’ont marqué, de Michel Audiard à Henri Verneuil, en passant par Jean-Pierre Marielle et Mireille Darc. Avec son écriture cinématographique, il rend plus vivante, plus tangible l’évasion de Corine et Victor. Tout le monde reste calme se lit avec le sourire tout au long des 185 pages du livre.
« Que tout le monde reste calme », Dimitri Kantcheloff, éditions Finitude, 18 euros