Éditions Eugen Ulmer, 216 pages, 35 euros.
Christophe Honoré, Des fantômes et des arts de Xavier Lardoux
Opéra, théâtre, cinéma, livre… Aucun art n’échappe à l’influence de Christophe Honoré, l’un des auteurs majeurs de sa génération. Pour décrypter son œuvre, explorer tous les aspects de son œuvre, Xavier Lardoux est parti à la rencontre du réalisateur. Les fantômes et les arts contient un long entretien avec l’artiste, entrecoupé de textes de proches (Catherine Deneuve, Marina Foïs, etc.) et richement documenté. Une lecture passionnante.
Éditions Gallimard, 272 pages, 45 euros.
Adieu Yellow Brick Road : Souvenirs d’une vie en tournéed’Elton John
On dit que les émotions ressenties lors d’un concert sont impossibles à retranscrire avec la fougue et la passion des en direct. Dans ce livre pourtant, Elton John est comme sur scène : généreux, investi et dévoué à son art. Il revient sur sa tournée d’adieu, date par date et ville par ville, racontant souvenirs de carrière et anecdotes des coulisses. Visuellement, le livre est aussi chatoyant que la garde-robe de son auteur, illustré de photos intimistes, publicitaires et artistiques en hommage à l’icône de la scène – mention spéciale évidente aux œuvres de David LaChapelle. The Rocket Man ne s’est pas contenté d’un album photo ou d’une autobiographie superficielle. Il n’évite pas le folklore qui l’entoure et révèle volontiers les secrets d’essayage de son célèbre costume de Donald Duck et ses rituels d’avant-concert, mais il s’attarde aussi sur les raisons pour lesquelles il a toujours voulu se produire dans des pays hostiles aux droits LGBT et sur sa conception de la parentalité. Il consacre plusieurs pages à ses tenues de scène, notamment celles imaginées par Gucci pour sa dernière tournée – on apprend que cette collaboration flamboyante est née lors de l’Oscar Party organisée par l’édition américaine de Salon de la vanitéau cours de laquelle il rencontre Alessandro Michele, alors qu’il était encore directeur artistique de la maison double G. Les supporters sont à l’honneur. Ce livre leur est dédié mais il ravira tous les amateurs de destins hors du commun.
Éditions Michel Lafon, 279 pages, 39.95 euros.
Champions modèlesde Sacha Balti et Lisa Hanoun
« Le sport féminin est beau car il va au-delà de la performance. C’est une lutte constante contre ses propres limites, contre les doutes, contre le sentiment de ne pas être à sa place. » Afin de prolonger la magie des Jeux Olympiques, cette belle œuvre met en lumière le parcours d’athlètes, notamment handicapés, qui partagent leurs doutes, mais aussi leurs exploits. Une plongée dans la vie de femmes extraordinaires, accompagnée de photos sublimes.
En vente sur @ticket024.
L’amour entre hommes dans la poésie françaiseAnthologie de Franck Delorieux
“En dehors deHommes de Verlaine et Condamné à mort de Genet, il me manquait des vers. » Le poète et directeur des Lettres françaises, Franck Delorieux a voulu combler cette lacune avec une très belle anthologie de poésie gay. Un voyage dans le - sur ces poètes qui parlent du désir entre les hommes, de la Renaissance à nos jours. Une histoire d’homosexualité mais qui commence d’abord par une histoire d’homophobie. Ainsi Ronsard, qui s’en est pris aux mœurs du roi Henri III au XVIe siècle. « Le Roi, comme on dit, embrasse, baise et baise / De ses mignons petits au teint frais nuit et jour / Eux, pour avoir de l’argent, lui donnent à leur tour / Leurs fesses rebondies et supportent la bresche. »
A l’époque de Louis XIV, se moquer de l’homosexualité notoire de certains personnages publics, comme Racine l’a fait avec Lully, était possible. En revanche, les poètes apprennent à être plus discrets lorsqu’il s’agit d’évoquer leur propre penchant. Certains écrivains du XVIIe siècle, un peu trop libres, le payèrent de leur vie.
La poésie gay, c’est forcément le couple Verlaine/Rimbaud. “Le roman de vivre à deux hommes / Mieux qu’aucun conjoint modèle / Chacun dans la pile payant des sommes / De sentiments forts et fidèles”, écrit le premier.
Avec la lente libération gay au XXe siècle, un mouvement littéraire du roman gay émerge, notamment avec André Gide, dont l’œuvre poétique n’évoque pas l’homosexualité. Mais la poésie n’est pas en reste, avec des auteurs acceptant plus ou moins, comme François Mauriac, une homosexualité refoulée même si certains textes sont équivoques. « Cet après-midi lourd embrasse mon attente / Sa rumeur est le bruit d’un amour contenu / Mais la marche du -, désespérément lente / Se précipitera quand nous serons nus / Un siècle, j’ai attendu la seconde où nos corps / Insulteront le ciel de leurs soifs combinées / Si j’épuise une vie à attendre ton arrivée / L’espace d’un baiser me donnera la mort. » Voici une très belle anthologie de poètes obscurs ou glorieux, le tout servi par les magnifiques dessins de Tomás Castro Neves.