L’édition théâtrale change la donne – .

L’édition théâtrale change la donne – .
L’édition théâtrale change la donne – .

Alors que la poésie connaît un regain d’intérêt, le théâtre ressent-il lui aussi ces vents favorables ? Depuis plusieurs années, certaines maisons spécialisées jouent la carte de la porosité entre ces deux genres, voisins dans les statistiques du SNE (voir encadré) comme dans les rayons de nombreuses librairies.

Pionnière dans le domaine, la collection « Ecrits pour la parole » a été lancée par L’Arche en 2017 avec Les nouveaux anciens, de Tempête de Kaeun poème épique, entre rap et spoken word. « Nous travaillons à briser les barrières entre les genres par la friction avec d’autres formes, d’autres voix et d’autres espaces, plaide Claire Stavauxdirecteur de L’Arche. Cette collection est un cheval de Troie pour amener les gens à lire du théâtre à leur propre surprise.

D’autres collections hybrides ont vu le jour, en 2020 aux Éditions Théâtrales avec « Lisières », puis en 2021 aux Espaces 34 avec « Hors cadre ». « Nous cherchons à libérer les textes du carcan du mot « théâtre » pour les ouvrir au champ plus large du poème, de la prose poétique, du récit. » souligne Sabine Chevallierdirecteur des Espaces 34.

Le couple de textos en question

Pour ces maisons, il s’agit non seulement de montrer que les textes de théâtre ne se jouent pas seulement sur les scènes classiques, mais aussi de les dissocier du spectacle en tant que tel. « Aux Éditions Théâtrales, 90 % de nos publications sont des textes sans perspective créative. Je demande également aux auteurs de supprimer de leurs textes toute référence trop scénique », détails du réalisateur Pierre Banos.

Chez Actes Sud-Papiers, leader du secteur, nous ne croyons pas, d’un point de vue économique, à la séparation entre texte et performance. « Ça ne marche pas, surtout si l’auteur n’est pas connu. On peut en vendre 150 ou 200 exemplaires… » considéré Claire Daviddirectrice d’Actes Sud-Papiers, qui a rejoint début 2024 le nouveau Pôle des arts de la scène, qui regroupe également des publications sur la musique et la danse. Présente au Festival d’Avignon, qui se déroule du 29 juin au 21 juillet, elle assistera Larme, de Caroline Guiela Nguyena Entrée des artistes, d’Ahmed Madanou même à Lieux communs, de Baptiste Amanntous publiés quelques jours ou semaines avant leur représentation.

Le constat d’une nécessité de décloisonner les services est cependant partagé. « Nous encourageons les libraires à positionner les pièces ailleurs que dans leur rayon dédié où seuls les amateurs de théâtre se rendent ! » rapporte Claire David. En librairie, en effet, plusieurs initiatives tendent à renforcer la visibilité du genre. En 2024, le théâtre était au cœur de la programmation des Librairies de l’Est, avec une comédienne sillonnant les librairies du réseau pour interpréter des textes. Organisées depuis 2002, les Rencontres d’été Théâtre & Lecture en Normandie prennent de l’ampleur et reviennent du 20 juillet au 25 août.

Vigilance et reconnaissance

Le pari de décloisonner s’est avéré payant pour L’Arche. Si la collection « Des écrits pour la parole » ne compte que 27 titres, elle représente 100 000 euros de chiffre d’affaires, contre 300 000 euros pour le théâtre à proprement parler, avec 450 titres. « Nous restons un éditeur de théâtre » assure le directeur de cette maison qui édite notamment Bertolt Brecht et Jon Fosselauréat du prix Nobel de littérature en 2023. Par ailleurs, L’Arche se redéploie cette année vers les essais, tout en poursuivant son activité d’agence théâtrale, qui bat son plein.

Se renforcer par la diversification est le choix fait par de nombreuses maisons spécialisées, notamment dans la période post-Covid. « C’est une économie de grande vigilance. Nous avons réorienté la production pour relancer le chiffre d’affaires avec des essais, de beaux livres », indicates Claire David. At the Théâtrales editions, the distribution structure created in 2017, Théâdiff, is also a success, with around fifteen houses distributed including Espaces 34, Deuxième époque, Esse que, L’Œil du prince, Les Solitaires intempestifs, and La Librairie théâtrale.

Un équilibre précaire

Il reste encore un long chemin à parcourir pour reconnaître le travail de ces éditeurs. « Nous menons un travail de longue haleine d’identification des textes, de découverte et d’accompagnement des auteurs », supports Sabine Chevallier. « Claudine Galea, l’auteure la plus publiée, n’a émergé sur scène qu’il y a quatre ou cinq ans, c’est très long ! » elle cite en exemple.

Dans cet équilibre précaire, le théâtre jeunesse offre un souffle d’espoir. Outre des collections phares, comme celle de L’École des loisirs, créée en 1995 par Brigitte Smadjadécédé en 2023, de nombreuses maisons d’édition lui consacrent une partie de leur catalogue. En 2019, pour la première fois dans l’histoire du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, une pièce de théâtre, Babil de Place Sarah (éditions Théâtrales), était en lice pour le prix Pépite fiction junior. Jusqu’à présent, aucune pièce n’avait été jusqu’à décrocher ce titre. Un prochain acte à écrire ?

Ensemble, c’est tout

Alors qu’un projet devait permettre de distinguer les chiffres de ventes des départements « poésie » et « théâtre » dans le prochain rapport annuel du SNE, la scission du sous-segment n’est plus à l’ordre du jour. « à condition d’obtenir un nombre suffisamment important et représentatif de répondants du secteur de la poésie. Malheureusement, les éditeurs de poésie n’ont pas ou peu répondu à l’appel », commente le SNE. Ensemble, théâtre et poésie représentent 0,3% du chiffre d’affaires de l’édition française, selon le dernier rapport sur « Les chiffres de l’édition » pour 2022-2023.

 
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