En 1984, vous fondez le Salon du livre jeunesse, devenu Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. Dans quel but ?
Avant le spectacle, il y avait une fête du livre, organisée par les centres de loisirs de Montreuil. J’avais déjà établi un constat, puis mis en place une politique du livre et de la lecture en Seine-Saint-Denis. En 1984-1985, il y a rencontre et soutien des élus du conseil général de Seine-Saint-Denis, notamment de son président, Georges Valbon, ancien typographe, et du vice-président, Daniel Mongeot, enseignant. Leur soutien indéfectible était partagé par les bibliothécaires et les enseignants, à une époque où l’édition jeunesse était en pleine explosion créative.
Nous avons partagé l’idée que les enfants du département devaient être les premiers concernés par le livre et la lecture comme moyen d’émancipation. J’étais alors responsable de la littérature au département. Nous avons donc eu de précieuses camaraderies avec des romanciers comme Michel Chaillou, Pierre Bergounioux, Florence Delay, François Bon.
Il fallait montrer ce qui existait, mais aussi promouvoir ce que nous jugeions être le meilleur. Certains livres sont là pour remplir les rayons, d’autres sont de véritables créations. Il ne faut pas les mettre sur le même pied. Sur les murs de nos villes, dans le métro, fleurissaient des slogans comme « Il n’y a pas que la soupe qui fait grandir ».
Qu’est-ce qui a changé dans une société où la lecture perd du terrain ?
D’autres formes de lecture sont désormais disponibles, sur les réseaux sociaux, via les téléphones portables. Les enfants manipulent tout cela. Ce n’est pas qu’il n’y a plus de lecture, c’est que ce n’est plus pareil. L’important est de garder la spécificité du livre. Quant au livre documentaire, la lecture garde sa légitimité, pour s’approprier par exemple un concept. En revanche, si Internet permet de trouver facilement une information immédiate, pourquoi s’en priver ?
Quant à la fiction, on voit qu’il existe des livres pour passer le temps. Ce en quoi je crois, c’est l’importance de la littérature pour former sa subjectivité, pour se construire. Ce n’est pas toujours une question de quantité, mais plutôt de qualité. Je suis toujours en contact avec l’enfant et la jeune fille que j’étais. La lecture, même de quelques versets, nous semble parfois plus importante que de regarder les informations du jour.
La notion de littérature, au sens le plus large du terme, est importante. Je n’ai rien contre les livres type Harry Potter, mais ils occupent une telle place dans les ventes qu’ils étouffent le reste. Il faut préserver la singularité de la littérature. Ce n’est pas du tout une question de classe sociale. Il s’agit de rencontres et de la manière dont les enfants issus de milieux populaires peuvent s’autoriser cette expérience. Le salon apporte sa pierre à la bâtisse, avec les bibliothèques, sans oublier l’école.
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Tel était « Notre objectif »as Jean Jaurès wrote in the first editorial of l’Humanité.
120 ans plus tard, cela n’a pas changé.
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