Cette année, c’était la deuxième fois que l’agent littéraire Raphaël Thierry et Agnès Debiage, consultante spécialisée dans les écosystèmes et dynamiques du livre en Afrique, emmenaient une délégation d’éditeurs francophones d’Afrique subsaharienne et de l’océan Indien à Sharjah (Émirats Arabes Unis) pour des « ponts ouverts » avec d’autres éditeurs, notamment d’Afrique anglophone. Cette année, 55 éditeurs africains étaient présents, dont une trentaine d’éditeurs anglophones.
Le journaliste et auteur togolais Simon de Saint-Dzokotoé œuvre pour la promotion de la lecture à travers son association Lire au Togo. Cette année, il a organisé la première Salon du livre jeunesse de Lomé (SALIJEL) avec le concours de l’Institut français, de l’UNESCO et de l’Agence française de développement. Simon de Saint-Dzokotoe s’est dit heureux que le Ghana, pays anglophone voisin du Togo, soit présent au salon. ” En tant que professionnels du livre, nous devons nous attaquer de front à cette barrière linguistique et la faire tomber.. »
Le Ghana, par exemple, entouré de pays francophones, vient d’adhérer à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et, à l’inverse, le Togo a rejoint le Commonwealth (la fédération des territoires anciennement colonisés par la Grande-Bretagne). en 2022.
Différentes zones linguistiques
À Charjah, Simon de Saint-Dzokotoé a rencontré des éditeurs du Kenya, du Rwanda et du Cameroun mais regrette que les ressortissants de ces pays ne lisent pas davantage entre eux. En mars 2025, il organisera à Lomé un forum sur l’édition jeunesse en Afrique où il proposera des rencontres B2B entre éditeurs. Il espère que les différentes zones linguistiques pourront travailler ensemble pour se transférer des droits ou développer des coéditions.
Pour créer de la diversité dans la production, les éditeurs de Livres audio seront également invités Mais papafondateur d’AkooBooks Audio au Ghana, une plateforme de streaming numérique dédiée aux livres audio africains. Ama Dadson produit des livres audio, principalement en anglais, mais ayant vécu plusieurs années en Côte d’Ivoire, elle les produit également en français. Ama Dadson souhaite créer un réseau de studios audio en Afrique, qui, idéalement, pourrait franchir ces barrières linguistiques.
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Couette Gunduzaéditeur au Zimbabwe chez Second Book Press, a déclaré qu’il souhaitait se lancer dans l’achat de droits pour des livres francophones, en commençant d’abord par des livres provenant de la République démocratique du Congo, le pays francophone le plus proche du Zimbabwe.
« Il est certain que nous pouvons faire davantage en matière de coopération entre anglophones et francophones. », confirme Sulaiman Adebowalerédacteur multilingue chez Amalion, au Sénégal. Il souligne l’importance des liens tissés entre les éditeurs multilingues membres de l’International Independent Publishing Alliance. Sulaiman Adebowale a déjà collaboré avec des éditeurs francophones au Maroc et au Togo pour qu’un livre ait une plus grande portée mais n’a pas encore acheté de transferts de droits vers des éditeurs africains.
Des défis similaires
Kadiatou Konaré – Le meilleur de Kadiatou Konaré de Cauris Livres au Mali, à Sharjah pour la première fois, se réjouit de la fluidité du contact. ” Cela m’a ouvert les choses. Au Mali nous sommes dans notre monde et à Sharjah j’ai appris de nouveaux termes. C’est bien de renouveler son énergie. »
Elle faisait référence à des présentations sur les réseaux sociaux, ou sur l’IA, mais aussi à des rencontres avec d’autres éditeurs du continent qui découvrent souvent des défis similaires. Une table ronde organisée par Miséricorde Kiruid’eKitabu et Mvua Press au Kenya ont révélé plusieurs problèmes importants, notamment le manque de librairies et de réseaux de distribution, la domination des éditeurs pédagogiques et l’absence de politique nationale du livre de la part de nombreux gouvernements.
Les éditeurs présents à la table ronde – francophones, anglophones, lusophones ou arabophones – ont exprimé unanimement leur souhait de développer les transferts de droits transfrontaliers. Il faut également citer le Réseau Africain des Manifestations Littéraires (RAMALI), qui s’est construit cette année au Mali et entend fédérer les initiatives dédiées au développement du livre et de la littérature en Afrique, quelle que soit la langue.