Elle a fêté cette année ses 30 ans et depuis sa création en 1994, l’association Les Doigts Qui Rêvent a réalisé la production de plus de 58 000 albums tactiles illustrés. Autant d’enfants malvoyants ou aveugles ont pu en bénéficier. Basée à Talant en Bourgogne-Franche-Comté, la maison d’édition propose, dans ses livres, des pages remplies de formes, de textures, d’éléments à toucher et à ressentir pour offrir une immersion totale au lecteur faisant appel à ses autres sens dont il n’est ni privé ni déficient. , notamment le toucher.
En France, on compte environ 207 000 personnes aveugles ou malvoyantes sévères et 932 000 personnes malvoyantes en moyenne, selon le ministère de la Santé et de la Prévention.
Pour être au plus près des besoins des enfants déficients visuels, les titres publiés « naissent d’ateliers avec des enfants, de retours d’expériences de familles, de professionnels notamment d’instituts spécialisés, de bibliothèques, de musées, etc., mais aussi des derniers travaux de recherche ». » selon l’association. Les Doigts Qui Rêvent ont également reçu le prix « IBBY – Asahi Reading Promotion Awards » en 2018 décerné par la plus grande association de bibliothécaires pour enfants au monde. La même année, ils reçoivent également le « Virgil Zickel Award » de l’American Printing House for the Blind, la plus grande association pour aveugles aux États-Unis.
Il y a plus de 20 ans, la maison d’édition associative créait un concours international de livres tactiles illustrés accessibles, baptisé Typlo&Tactus. L’événement a lieu tous les deux ans et lors de la dernière édition, 19 pays de tous les continents y ont participé.
Production artisanale et ateliers
La mission de l’association Les Doigts Qui Rêvent est également de sensibiliser autour du sujet de la déficience visuelle. Ainsi, l’association rappelle que chaque année, « l’équipe salariée et bénévole anime des ateliers auprès de centaines d’enfants et d’adultes pour développer leurs capacités sensorielles, les sensibiliser à la différence, au handicap et plus particulièrement à la déficience visuelle. (cécité et basse vision) et aborder avec eux l’objet livre sous une forme nouvelle (illustrations en relief, lecture et écriture en braille, etc.). Les activités réalisées lors de ces ateliers spécifiques n’utilisent pas, ou très peu, la vue. Les participants sont encouragés à jouer « à des jeux impliquant la cécité ou la basse vision ainsi qu’à des activités d’expression artistique ».
Ce qui fait aussi la force de l’association, c’est la production locale et artisanale. En effet, Les Doigts Qui Rêvent soulignent leur volonté de collaborer avec des acteurs locaux à chaque étape de la production. « L’essentiel de la fabrication est réalisé à Talant (21), près de Dijon, dans notre atelier de production où salariés et bénévoles façonnent, coupent, cousent et collent », explique l’association. Une entreprise qui met également l’accent sur l’inclusion, en cohérence avec ses valeurs. Les Doigts Qui Rêvent détaille ainsi son travail auprès des acteurs de l’économie solidaire ESAT (établissement et service d’aide par le travail et entreprises d’insertion) : l’Association des Paralysés de France à Monéteau (89) « colle et découpe les matériaux », Renaissance de Lille (59) « embosse le braille de certains de nos livres », Pluri’elles à Belfort (89), Ligne Essentielle à Dijon (21) et Promut à Dijon (21) « assemblent les pages de nos titres en tissu. « .
Autant d’associations choisies « avec soin » par les Doigts Qui Rêvent. Autant d’associations qui contribuent, à leur échelle, à une plus grande inclusion des enfants (et pas seulement) déficients visuels.