Le livre de Daniel, Sauvagerie sans nom à la frontière belgo-française • Le Suricate

Le livre de Daniel, Sauvagerie sans nom à la frontière belgo-française • Le Suricate
Le livre de Daniel, Sauvagerie sans nom à la frontière belgo-française • Le Suricate

Titre : Le livre de Daniel
Auteur : Chris de Stoop
Modifier: Christian Bourgeois Rédacteur
Collection : Satellites

Date de parution : 12 septembre 2024
Genre du livre : Narratif

Notre compatriote, Chris de Stoop, n’en est pas à son premier essai d’enquête. Il est en effet l’auteur de nombreux articles et ouvrages retentissants, notamment sur la traite des êtres humains et les sans-papiers.

Dans Le livre de Danielil couvre un procès dans lequel il s’est constitué partie civile, compte tenu du caractère très personnel de l’affaire : le meurtre de son oncle par cinq jeunes. L’affaire s’est déroulée en 2014 dans une commune wallonne proche de la frontière française et de Roubaix. Daniel de Stoop, 84 ans, vit seul dans sa ferme qu’il continue d’exploiter. En l’espace d’une semaine, une bande de jeunes viendra à plusieurs reprises chez le vieil homme pour l’attaquer, l’assommer à mort, lui voler son argent tout en prenant soin de filmer l’agonie du vieil homme. Ils finiront le travail en incendiant la ferme pour effacer toute trace du meurtre.

Face à une telle sauvagerie, il est bien difficile de ne pas prendre parti. D’une part pour Daniel, un homme courageux et bienveillant. Vivant en marge de la société, il n’avait ni voiture, ni compte bancaire, ni smartphone, ni vie sociale. Et alors ? C’est ce que tente de nous faire comprendre son neveu : sommes-nous coupables de vivre en ermite ? Les villageois et les psychologues du procès semblent de toute façon le penser…

Et d’un autre côté, comment ne pas prendre parti contre ces jeunes qui ressentent le besoin de filmer le passage à tabac d’un vieil homme ? pour montrer à des amis ? Jeunes qui se sentent justifiés de voler et de tuer pour de l’argent, seule bouée de sauvetage qui leur permettra de s’élever dans cette société de consommation qui corrompt leur cerveau. Il ne s’agit pas d’une montagne d’argent, non, mais plutôt de quelques milliers d’euros, qu’ils ont rapidement dépensés pour acheter des iPhones, des vêtements de marque et des motos. Des jeunes qui ne savent pas où placer raisonnablement le curseur entre le bien et le mal.

Encore Chris de Stoop se fait l’avocat du diable en prenant la peine de retracer leur court parcours de vie dont les débuts se conjuguent avec l’absence des parents et le décrochage scolaire. Sans repères, la mauvaise compagnie finit par les enfermer dans la petite délinquance et le tout se termine par une tragédie indescriptible. Il analyse également brièvement (et de manière très digeste) la pauvreté des villes d’où sont issus ces jeunes hommes, pour qui les termes de chômage et de seuil de pauvreté font depuis toujours partie du quotidien.

Quoi qu’il en soit, Chris de Stoop a voulu à travers cette histoire rendre justice à son oncle, mais aussi le réhumaniser auprès de toute une communauté qui l’appelait « gentiment » le vieux sale, évoquant notamment ses parents, son frère, sa gentillesse et son amour des animaux et du travail à la ferme.

Mais le plus choquant dans cet ouvrage reste l’absence de réaction de la part du maire et de la police envers cette bande de jeunes qui sèment la terreur dans le hameau, mais aussi de la part des parents qui laissent tomber leur autorité à mesure que leurs enfants grandissent. …et leur faire peur.

Le plus sage serait de dépasser cette violence gratuite sans pointer exclusivement du doigt les coupables et de repenser la société, l’éducation et la justice. Mais au risque de conclure de manière pessimiste : n’est-ce pas une chimère ?

 
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