Marine Rouch, historienne toulousaine des féminismes et du genre, spécialiste de Simone de Beauvoir et de ses correspondances, vient de publier son premier livre aux éditions Flammarion : Chère Simone de Beauvoir, Vies et voix de femmes « ordinaires », correspondances croisées 1958-1986. Rencontre avec cette jeune auteure de 33 ans qui dédicacera son livre, le 28 novembre à Saint-Gaudens (librairie L’indépendante) et à Muret à la médiathèque en janvier 2025 et à la librairie À demi-mot, en mars. 7, 2025.
Où emmenez-vous votre lectorat ?
Il ne s’agit pas ici d’une plongée particulière dans les glorieuses années 30. C’est un dialogue qui permet de questionner les questions politiques actuelles, le néocolonialisme, le féminisme : que signifie lutter ensemble ? Et s’interroger sur l’existence de privilèges et comment les surmonter, dans une société qui ne fait que créer des divisions, notamment pour les minorités. Il y a une vraie nouveauté à la lecture de ces lettres. Avec la possibilité de les intégrer dans sa vie personnelle, en termes de questionnement sur l’existence : donner du sens à nos relations interpersonnelles, sur l’impact que l’on peut aussi avoir dans notre société… Notamment son engagement, en tant qu’intellectuel, dans la guerre d’Algérie. l’indépendance, aux côtés des indépendantistes algériens.
Pourquoi Beauvoir ?
On a beaucoup parlé de Beauvoir, c’est une manière d’entrer autrement dans son parcours, à travers le prisme de ses lecteurs, pour redécouvrir son engagement et son œuvre. Elle qui semble autoritaire est également très engagée auprès des individus ordinaires. Nous écrivons souvent l’histoire de grandes personnalités, cet ouvrage fait l’histoire par le bas, en mettant au centre les classes populaires que l’on oublie dans notre histoire, alors qu’elles en font pleinement partie. En abordant des choses très intimes sur la sexualité, le mariage, la maternité, on comprend comment les femmes vivaient dans cette société très limitée en termes de droits des femmes. La détresse de ces femmes est émouvante, à l’heure où nos droits sont actuellement en déclin partout dans le monde.