Des souvenirs insolites, dans la tête et dans la valise. C’est en leur compagnie que William revient au Royaume-Uni, depuis l’Afrique du Sud où il a participé à la 4ème édition du Earthshot Prize. Cet événement prestigieux, fondé par le Prince de Galles lui-même, a récompensé cinq nouveaux finalistes pour leurs solutions innovantes aux défis climatiques et environnementaux mondiaux.
Si la cérémonie revêtait pour lui une importance particulière – l’écologie étant l’une de ses priorités –, c’est tout naturellement que le fils aîné de Charles III ait une pensée pour ses proches. William a traversé l’océan pour rejoindre Cape Town et c’est dans ce cadre qu’il a soigneusement sélectionné des cadeaux écologiques… et insolites.
Pour Kate, restée au Royaume-Uni pendant sa convalescence, une paire de boucles d’oreilles en algues, de la marque The SeaTree Emporium. Pour Charlotte, Louis et George, un livre haut en couleur, dans la langue de Molière : Comment les algues peuvent sauver le monde. Une œuvre documentaire empreinte d’un message d’espoir, que son auteur, Vincent Doumeizel, souhaite transmettre aux enfants du prince.
C’est ce que confie l’écrivain Point de vue. Il a également repris la route le 8 novembre, en direction de la Namibie, mais garde un bon souvenir de son échange avec le prince William. La veille, ce fervent défenseur des océans s’est entretenu de longues minutes avec lui, autour de son livre, les algues et leur envie commune de changer le monde.
L’intérêt du prince de Galles pour ces plantes marines encore peu connues et peu appréciées n’est pas nouveau. A plusieurs reprises, William est allé à la rencontre d’entreprises proposant des solutions iodées et chaque année les algues font partie des projets sélectionnés par les prix Earthshot. Après avoir lu l’ouvrage de Vincent Doumeizel, Charlotte, Louis et George seront-ils fascinés par les pouvoirs des algues ? C’est en tout cas ce qu’espère l’auteur.
Dans quel contexte avez-vous participé à l’édition 2024 des Earthshot Awards au Cap ?
Vincent Doumeizel : Je suis conseiller à l’ONU pour les océans et j’ai mis en place la première coalition mondiale des acteurs des algues qui rassemble 2 000 acteurs à travers le monde. Au Cap, nous tenions notre réunion préparatoire à la Conférence des Nations Unies sur les océans qui se tiendra à Nice en juin 2025, avec nos membres africains. Nous réalisons des ateliers en partenariat avec Earthshot, car le Prince William s’intéresse beaucoup aux algues.
Saviez-vous qu’un membre de la famille royale britannique partageait avec vous cet intérêt pour les algues ?
Oui, je le savais bien. Il avait déjà lu mon premier livre, La révolution des algues. On lui avait envoyé. Hier, il m’a dit qu’il l’aimait vraiment. Il l’a également transmis à sa sœur, la princesse Anne. Je l’ai rencontrée au début de l’année et elle a également fait l’éloge d’elle. Evidemment, le livre circule entre Kensington, Buckingham Palace et autres !
Que vous a-t-il dit lorsqu’il a décidé d’offrir votre livre à ses enfants à son retour d’Afrique du Sud ?
Il m’a expliqué que ses enfants apprenaient le français, que cela lui tenait à cœur, et que ce livre pouvait lui être utile, d’une part, pour les sensibiliser au sujet des algues et d’autre part, pour leur apprendre la langue. Comment les algues peuvent sauver le monde est une version pour enfants adaptée de La révolution des algues, qui a notamment remporté le Prix du livre sur l’environnement.
Au-delà des nouveaux mots de vocabulaire en français, qu’aimeriez-vous que Charlotte, Louis et George en retiennent ? Quel est le message principal du livre ?
Espoir. Les algues constituent une solution majeure à la crise environnementale et climatique. Ils peuvent nourrir la planète, remplacer le plastique, réparer les océans, séquestrer le carbone… Ils constituent sans doute la plus grande ressource inexplorée au monde à ce jour ! C’est ce que j’espère transmettre comme message aux enfants du prince : il y a encore beaucoup de choses à faire et, comme leur père et leur grand-père avant eux, ils peuvent soutenir ce type d’initiative extrêmement innovante. Le prince de Galles connaît très bien le sujet et j’espère que ce livre pourra aider Charlotte, Louis et George à comprendre à quel point les algues sont une grande Source d’espoir pour les générations à venir.
Pensez-vous que l’intérêt de personnalités publiques comme le prince William pour les algues peut contribuer à sensibiliser le grand public à son potentiel ?
C’est absolument nécessaire. Les algues souffrent d’un manque absolu de visibilité alors qu’elles constituent aujourd’hui déjà une solution éprouvée. Il y a 40 millions de tonnes d’algues cultivées en Asie, qui contribuent à nourrir plus d’un milliard de personnes. Pour nous, le sujet est complètement nouveau. On pense encore que ce n’est pas bon, mais comme c’est le cas pour les autres aliments : il faut les cuire ! Porter ce genre de message permettra à ce sujet d’émerger et de résoudre les problèmes majeurs de ce monde.
Pensez-vous que les algues seront bientôt au menu de la famille princière ?
J’en suis sûr et je pense même qu’il y en a déjà. Dans le livre pour enfants, je raconte une histoire sur les moutons de l’île de North Ronaldsay, au nord des Orcades, en Écosse. Ce sont les moutons qui sont servis au roi Charles. Ils se nourrissent uniquement d’algues et leur chair est considérée comme la meilleure au monde. Plus directement, de plus en plus de grands chefs travaillent sur le sujet. C’est un nouvel horizon gastronomique, avec des goûts et des saveurs extrêmement divers, encore plus riches que ceux que nous avons sur Terre. Il faut s’y habituer, apprendre à les cuisiner, à les apprécier. Mais je suis sûr qu’à Buckingham, Kensington Palace et ailleurs, les algues sont déjà servies. Vu l’intérêt du prince, le contraire me surprendrait beaucoup !
Comment les algues peuvent sauver le mondeécrit par Vincent Doumeizel et illustré par Lilately, La Cabane bleue, 32 p., 18 euros.
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