Écrit par Nassouf Djaïlani et Frédéric Cano
Il a 92 ans, un sacré poisson et il a pris le train des écrivains pour rejoindre Brive-la-Gaillarde (Corrèze) et sa 42e édition du salon du livre. Il s’appelle Joseph Fournel, c’est sa troisième participation à cet événement littéraire majeur en Corrèze. Nous avons rencontré l’écrivain, également peintre et ancien créateur de mode, chez lui à Paris.
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« Ça y est, c’est mon bureau. C’est moi quand j’avais trente ans. je ne suis toujours pas mal ! », lance Joseph Farnel comme avec une touche d’humour dans le couloir qui mène à son bureau dans son appartement parisien.
A 92 ans, Joseph Farnel est un auteur passionné. Au crépuscule de sa vie, son envie d’écrire reste intacte et débordante. Derrière son grand bureau, devant un texte dactylographié qu’il recouvre soigneusement dans un dossier vert, il explique avoir «un livre qui sera publié en mars. Un thriller. Là, je prépare le prochain, j’ai déjà pas mal bossé ! »
Quand on lui demande quel sera son prochain projet, d’un revers de la main, il coupe court. : « Pas question, je ne veux pas qu’on me le vole ! »
Auteur d’une quarantaine d’ouvrages, Joseph Farnel a découvert l’écriture en Corrèze, alors qu’il était étudiant au collège Cabanis de Brive.
« J’ai écrit mon premier livre à 11 ans… Il devait faire deux ou trois pages, c’était un roman policier, mais je l’ai perdu ! Je regrette, parce que J’ai toujours aimé écrire », dit l’écrivain nostalgique.
Ce Corrézien d’adoption a eu plusieurs vies. Créateur de mode et styliste, il a travaillé avec Channel et Dior dans sa jeunesse. Auteur de romans, il a une autre passion : peinture. « C’est comme quand un écrivain écrit, il met des couleurs sur son manuscrit. Chaque mot est une couleur. C’est peut-être un peu stupide ce que je dis, mais je suppose ».
Ces tableaux évoquent son enfance et cette période sombre de son existence où sa famille se cachait à Yssandon, près de Brive pour échapper aux nazis.
Devant ses tableaux dans son salon, Joseph déclare « voici l’enfant caché ! » en montrant un de ses tableaux. Avant de poursuivre : « Il attend ses parents, mais ses parents ne viendront pas ! Ils ont été rassemblés ! Quand je vois ça, ça me torture ! », confie l’homme avec émotion.
Plus tard, à la gare d’Austerlitz, Joseph Farnel, aidé de sa canne, s’avance d’un pas résolu. Il sort une valise légère à l’approche de son train. Il revient en Corréze chaque année. Curieusement, il n’a participé qu’à trois éditions du Salon du livre de Brive. Il sera le doyen des écrivains du salon. Avant de monter à bord, il brandit une main, doublée d’un « santé ! A bientôt… À Brive », prend-il la peine de préciser avec un rire creux.
L’écrivain a hâte de parler à ses lecteurs, ce samedi 9 et dimanche 10 novembre dans la salle Georges Brassens.