Marie, on a connu la championne, dans ce livre, tu te dévoiles en femme…
« En effet, écrire ce livre m’a permis de prendre du recul par rapport à ce qui avait été fait durant mon parcours mais aussi durant ces 30 années de vie. Il n’y a pas que le ski. Il y a des choses que le public ne connaît pas, ne voit pas. On comprend mieux qui je suis vraiment. Même s’il y a les médailles, une carrière de haut niveau, c’est autre chose : des hauts, des bas, des doutes, des gens qui t’accompagnent, qui viennent, qui partent… Même dans mon entourage proche, les gens ne se rendaient pas compte de ce que je faisais. Il y a eu le ski mais aussi tous les effets secondaires : L’Oréal qui a joué un rôle important, le travail avec mes partenaires, les voyages… Je me livre autant que je me découvre. C’était une thérapie. »
Qu’avez-vous appris sur vous-même ?
«Je me suis découvert en tant qu’entrepreneur. Un sportif, c’est aussi un chef de projet, un chef d’entreprise, nous avons des relations avec de grandes entreprises. Aujourd’hui, je parle aux patrons du CAC40 comme s’ils étaient des gens ordinaires. J’ai développé d’autres capacités. L’Oréal Paris m’a appris à connaître mon corps, à affirmer ma féminité, ma personnalité. Il y a aussi des réflexions plus personnelles : sur l’évolution du sport paralympique, autour de l’organisation de haut niveau, du management, de la place de l’athlète, sur l’environnement, l’évolution de nos sports d’hiver à travers le changement climatique… »
À quoi ressemble votre quotidien depuis la fin de votre carrière ?
« Cela a été une année très chargée en termes d’actualité sportive. Il y a eu les Jeux de Paris, la candidature des Alpes françaises aux JO d’hiver de 2030, donc j’ai très peu coupé. Pour l’avenir, j’ai eu la chance d’avoir des offres très intéressantes mais je ne veux pas me précipiter. Alors la première chose que j’ai commencée, c’est la reprise de mes études à Sciences Po, effective depuis un mois. J’avais besoin de me définir autrement que par mon palmarès. C’est quelque chose que j’ai ressenti à Pékin où je me suis dit que la fin de l’histoire approchait. Ce sera un fil conducteur qui ouvrira la porte à d’autres choses qui restent à définir. »
Justement, Martin Fourcade vous a cité nommément pour l’accompagner s’il était président du comité d’organisation des Jeux olympiques de 2030… Et si ?
« Son discours de la semaine dernière a été assez émouvant pour moi. C’est un véritable témoignage de confiance même si Martin et moi discutons de ce sujet depuis plusieurs mois et que nous avons la même vision, les mêmes ambitions et la même envie de faire de ce dossier un succès. Nous avons des sports et des personnalités complémentaires et nous travaillerions ensemble avec plaisir. Mais il n’y a pas eu beaucoup de progrès sur ce sujet. Si Martin prend la présidence, le sujet se rouvrira aussi pour moi. »
L’autre candidat est Vincent Jay, pourriez-vous travailler avec lui ?
« Ce n’est pas une question de personnes mais d’ambitions. J’ai beaucoup parlé avec Martin mais j’ai aussi parlé avec Vincent. Si c’est Martin, on en reparlera, si c’est Vincent, on en reparlera. Ce sont deux personnes qui doivent faire partie du projet, à quel poste, c’est une autre question. Vincent connaît très bien le sujet pour l’avoir évoqué également avec la Région. Doit-il être président ? Je ne sais pas. Si vous regardez la chronologie, nous sommes tous les trois impliqués dans cette affaire depuis le début. Vincent à travers les institutionnels, Martin et moi plutôt pour la voix des sportifs. Si j’y vais, c’est avec les bonnes personnes. »
Vous cochez beaucoup de cases pour ce poste de président du Cojop, avez-vous pensé à postuler ?
« Non, je peux le dire. Sans doute je coche beaucoup de cases mais cela demande beaucoup d’énergie. Je vais perdre beaucoup de plumes. Je crois que s’engager dans la présidence de ce sujet ne serait pas respectueux de ce projet. Mais je sais que je pourrai y participer avec des gens qui ont les mêmes ambitions que moi… »
Mon petit doigt m’a dit Éditions Les Passions de Bouquins, €19.90, in bookstores on November 7.
Paris-2024 : “J’ai dû me pincer plusieurs fois”
Membre de la commission des athlètes et consultante radio, Marie Bochet a vécu un été intense et riche en émotions à travers les Jeux de Paris. Un souvenir encore très présent dans son esprit.
La finale de l’équipe de France de volley – « seul le sport donne des émotions aussi fortes » – la victoire de l’équipe des judokas français aux JO – « Quel scénario, c’était fou » -, la performance XXL d’Alexis Henquinquant – « Il m’a impressionné . Il était incroyablement mature » -, les olas silencieuses au cécifoot – un moment très fort – ou les larmes de son ami Nantenin Keita aux Jeux Paralympiques, autant d’images sportives qui resteront à jamais gravées dans la mémoire de Marie Bochet.
« Une émotion particulière lors des Jeux paralympiques »
Mais le skieur est aussi satisfait du succès populaire et organisationnel de ces Jeux de Paris. «C’était incroyable. A la commission des athlètes, nous étions au courant de beaucoup de choses, nous avions vu les plans idéaux, ce qui était souhaité. Mais le voir se concrétiser a été vraiment puissant. Par exemple, on a beaucoup travaillé sur le Champions Park et c’était fou. Tout correspondait à ce qui avait été modélisé. Il y a eu des ambitions qui ont été fixées et il y a eu la réalisation de ces ambitions. C’était assez émouvant. Le village aussi était fou. Cela m’a montré que nous sommes capables de nous donner les moyens de nos ambitions », se réjouit-elle. Avant d’ajouter : « Il y avait une émotion particulière lors des parachutistes. J’ai dû me pincer plusieurs fois. En basket fauteuil, c’était plein d’ambiance de folie. Au Stade de France, j’ai été ému de voir les spectateurs garder le silence lors du décollage des athlètes malvoyants. » Et de conclure alors que ses anciens partenaires de l’équipe de France s’entraînent : « Les Jeux de Paris m’ont montré que j’avais vraiment avancé et qu’il y avait autre chose à faire que de skier. »
France
Livres