nos coups de coeur pour mai 2024

nos coups de coeur pour mai 2024
nos coups de coeur pour mai 2024

R.trouver l’auteur de L’Allée du Roi dans son paradis creusois, se méfier des familles avec Denis Michelis, frissonner d’horreur avec Michael McDowell, suivre les disparus d’Argentine dans l’enquête poétique d’Émilienne Malfatto, ou encore prendre un grand bain dans la littérature classique, ce qui ne veut pas dire le cas. dire tranquille… Il n’y a qu’à lire Genet, toujours en librairie, et à plonger dans les secrets de la traduction avec Josée Kamoun comme magnifique guide. En mai, nous avons suivi l’adage : lisez ce que vous aimez, surtout si vous aimez les émotions fortes.

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Mourir amoureux de la traduction

Tous les amateurs de littérature devraient avoir ce livre dans leur bibliothèque, même s’ils ne lisent pas que des auteurs anglophones ! Josée Kamoun traduit de l’anglais depuis près de quarante ans et signe ce merveilleux Dictionnaire d’amour de son art, ludique et généreux, érudit et drôle ; Philip Roth, Jack Kerouac, George Orwell (et les débats sur la novlangue), Virginia Woolf, Jonathan Coe, Richard Ford, Bernard Malamud, Aldous Huxley ou encore John Irving figurent sur son « palmarès ». Cette fan des Stones depuis l’âge de 14 ans ne néglige aucune beauté, des sous-titres de films aux tubes anglo-saxons, le tout avec une gaieté contagieuse.

Et encore : comment traduire les onomatopées propres à chaque langue et même inventées ? Et le bruit de la mer ? Avec la lettre C comme « Caviar pour tous », Josée Kamoun revient sur les polémiques politiques en avouant qu’en matière de traduction, il n’y a que des scénarios à examiner attentivement ! A feu Philip Roth, elle remercie d’avoir écrit Tâche (Gallimard, 2002) : « Rien ne dure et pourtant rien ne passe, et rien ne passe parce que rien ne dure » (« Rien ne dure et pourtant rien ne passe. Et rien ne passe justement parce que rien ne dure. ») « Si je n’avais traduit qu’une phrase dans ma vie, j’aurais voulu que ce soit celle-là. “, avoue celui qui rêve de retraduire Moby Dick, par Melville, avant sa mort. Si ce n’est pas de l’amour…

Amateurs de dictionnaires de traduction, de Josée Kamoun (éd. Plon, 560 p., 29 €).

La Creuse de Chandernagor

L’auteur de L’Allée du Roi est une fille de… Creuse, le paradis de son enfance, et personnage principal de Rivière d’Or, une merveille de livre qui nous raconte une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, où l’on naissait à la maison, où l’on était riche en « biens immatériels » et où, pour survivre, les fils du pays montaient trois mois dans la maçonnerie parisienne sur les chantiers. Avec une nostalgie qui parcourt ces pages, elle célèbre son « île protectrice » en nous récompensant par un chant d’amour à sa famille et aux agriculteurs, aux sources, aux étangs, aux espèces indigènes menacées.

Chandernagor est peut-être de toutes les époques, du moins de celles qu’elle a vécues en tant qu’écrivain, mais il est évident qu’elle n’est définitivement pas de son temps. Sa connaissance de la nature est impressionnante. Dans sa petite patrie où les villages ou hameaux portent les noms mystérieux de Six-Fesses, Busserolles, Fontloup, elle reprend, en bonne écologiste, les deux derniers mots prononcés par son voisin et ami de là-bas, George Sand, sur son lit de mort. , en 1876 : « Que ce soit vert. » Françoise Chandernagor est restée une « bousière » jusqu’à la moelle des os.

Rivière d’Or, de Françoise Chandernagor (Gallimard, 304 p., 21 €).

Émilienne Malfatto traque les fantômes de l’Argentine

Derrière le titre énigmatique L’absence est une femme aux cheveux noirs se cache un chiffre parmi des milliers, en Argentine, d’avoir connu la disparition d’un proche, victime de la dictature entre 1976 et 1983. La femme du titre recherche son frère. Ses cheveux noirs sont devenus blancs, alors elle les teint pour qu’il la reconnaisse au cas où il reviendrait et elle retourne, inlassablement, sur la Place de Mai de Buenos Aires, où se rassemblent les mères et grands-mères des disparus en exigeant des réponses de un pays qui a choisi une amnésie encore si douloureuse aujourd’hui.

Fruit d’une enquête initialement menée dans le cadre d’un projet de reportage, le livre s’est transformé en un poème en prose poignant, parsemé de photographies, certaines tirées d’archives, d’autres signées Rafael Roa. Le livre s’intéresse notamment à la trajectoire d’une petite fille kidnappée et retrouvée des années plus tard, Victoria. Une ombre parmi des milliers, mise en lumière grâce à la pugnacité des mères et des grands-mères de la Place de Mai, des « loups blessés qui cherchent leurs petits dans la sombre forêt ».

L’absence est une femme aux cheveux noirs,
d’Émilienne Malfatto et Rafael Roa (Éditions du Sous-sol, 192 p., 22 €).

Le nouveau Michelis ? Agatha Christie dopée à l’acide !

« Il semblait jeune, un peu perdu, marchait vite, la tête enfouie dans une capuche, la nuit même de son retour, puis la nuit suivante, de quoi inquiéter objectivement et légitimement le quartier. » Qui est le type qui rôde dans les maisons paisibles de la petite ville côtière où se déroule ce roman aux allures de thriller, l’héritier insolent d’une Agatha Christie dopée à l’acide ? Une jeune femme est tombée d’une falaise. La police conclurait à un suicide ou à un accident si une autre jeune femme n’avait pas subi le même sort quelques années plus tôt.

Tous les personnages, enfermés dans leur schéma dysfonctionnel, sont des suspects potentiels. Denis Michelis explore leurs défauts et leurs vicissitudes avec une élégance farouche, des mots d’esprit caustiques et un langage galvanisant. Et une obsession qui reste intacte de livre en livre : démontrer par A+B que la famille est un souffle de soufre et la vie en société, un bain de soude.

Amour fou, de Denis Michelis (Les Éditions Noir sur blanc, coll. Notabilia, 416 p., 23 €).

Vendela Vida, roman d’été ?

San Francisco, 1984. Eulabee et Maria Fabiola ont 13 ans, bientôt 14, et sont inséparables. Avec leurs amies Faith et Julia, elles arpentent les rues escarpées du quartier de Sea Cliff, dont les maisons surplombent le Golden Gate Bridge, et s’amusent à dompter les vagues glacées du Pacifique sans se douter que les vagues vont bientôt entraîner leur enfance au large.

Pour avoir refusé de répandre une rumeur inventée par Maria Fabiola, Eulabee se retrouve ostracisée, en proie aux moqueries de ses camarades. Personne ne remet en question la parole de Maria Fabiola lorsque, après avoir disparu pendant quelques jours, elle affirme avoir été kidnappée et séquestrée. Aux bouleversements intimes liés à l’entrée dans l’adolescence, Vendela Vidam conjugue l’image d’une société en perte de repères après les désillusions qui ont suivi le Flower Power, dans un San Francisco en pleine gentrification.

Apprivoisez les vagues, de Vendela Vida. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marguerite Capelle (Albin Michel, 304 p., 21,90 €).

Genet (inédit) brûle encore…

Genet dramaturge et Genet scénariste, beau double d’inédit en librairie. La première est une pièce écrite à Fresnes, où il est détenu pour vol de livres depuis le 15 avril 1942. Héliogabale, que l’on croyait perdu et qui réapparut dans les collections patrimoniales de la bibliothèque Houghton de l’université Harvard, concentre tout l’univers du premier Genet dans un drame en quatre actes, imaginant les dernières heures de la vie de l’empereur romain Varius Heliogabalus, ” installé clandestinement dans la pourpre » – sur le trône de Rome – en 218, à l’âge de 14 ans. Jouant librement avec l’Histoire, Genet offre à son héros un cocher amoureux, qui finira par se suicider dans des conditions lamentables. Il pleut tout au long de la pièce, qui se déroule principalement dans le palais de ce « gamin empereur » qui sait si facilement se « transformer en voyou, en marlou, en fille », raconte sa grand-mère.

Le deuxième inédit est un scénario, Manquer, mais bien plus qu’un scénario ! Tout est littérature, tension pure – ou impure – dans ce drame villageois où se succèdent incendies et inondations, crimes immédiatement imputés à l’étranger de service, le « Polack » de la scierie, dont toutes les femmes sont folles, y compris « Mademoiselle ». », l’institutrice, si impénétrable, et qui était incarnée sur grand écran par Jeanne Moreau.

Héliogabale. Drame en quatre actes, de Jean Genet (Gallimard, 112 p., 15 €).
Mademoiselle. Les rêves interdits ou l’envers du rêve, de Jean Genet (Gallimard, coll. L’Imaginaire, 168 p., 7,50 €).

Le délice d’horreur de Michael McDowell

Avant le phénomène mondial de la saga Eau noire (1 million d’exemplaires vendus rien qu’en France), Michael McDowell, également scénariste du film Jus de Beetleavait publié Katie en 1982. Décédé en 1999, l’écrivain américain exprimait tout le plaisir paradoxal que l’on ressent à écrire et à lire des horreurs. Cette fois, nous sommes dans le New Jersey, en 1871. Philomena Drax et sa mère sont criblées de dettes. Un grand-père oublié se présente pour leur laisser un héritage, mais celui-ci est volé par l’odieuse famille Slape, composée du père, de la belle-mère et de la fille – la célèbre Katie. Créature échappée d’un roman d’horreur, cette demoiselle au sourire inquiétant a le don de connaître des secrets enfouis et de prédire l’avenir.

De New York à Philadelphie et de Wall Street à Broadway, ce roman au style malicieux suranné et au souffle nerveux raconte le destin bondissant de deux jeunes filles bien décidées à gagner leur place dans le monde, l’une jouant avec les vices, l’autre avec vertus, chacune avec les griffes dehors. Se penchant également du côté deEmporté par le vent – pour les coups du sort, la romance et les crinolines – celle de Stephen King – pour la supercherie, la violence et le fantastique – Katie est un délice pas comme les autres.

Katie, de Michael McDowell, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean Szlamowicz (Éditions Monsieur Toussaint Louverture, 460 p., 12,90 €).

 
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