Livres. « Cold case », Alexandre Labruffe rouvre un dossier glacial

Livres. « Cold case », Alexandre Labruffe rouvre un dossier glacial
Descriptive text here

La folie du monde semble poursuivre Alexandre Labruffe partout où il passe. Il était en poste à Wuhan, en Chine, lors de l’épidémie de Covid – une coïncidence dont il a tiré le récit palpitant « Un hiver à Wuhan » (éd. Verticales, 2020). Puis l’auteur a été contraint de retourner dans les Landes de son enfance pour faire sortir son frère de prison suite à une liaison rocambolesque (voir son merveilleux « Merveilles Landes », 2021).

Quoi qu’il fasse, la folie du réel le rattrape, nargue son ironie, aiguillonne son esprit glacial qui ne demande pas mieux que de divaguer sur les étranges pirouettes du destin. Cette fois, il s’agit d’un cadavre : celui de l’oncle de son compagnon Minkyung, un immigrant coréen retrouvé gelé dans une poubelle après s’être évadé d’un hôpital psychiatrique de Toronto en 1970.

Polaire

Ce vieux fait divers devenu un tabou familial aurait pu rester là, coincé au registre des affaires classées, mais l’écrivain n’est pas du genre à lâcher prise. Il se lance ici sur les traces du disparu pour inspecter les flux, les flous, combler les silences, « démonter la légende », « dégeler l’oncle », entre archéologie extravagante et thriller polaire. L’auteur puise dans les souvenirs de son compagnon, la lecture du « Toronto Star », ses réflexions personnelles et les visions d’un chaman, combinant le tout dans un festival de découvertes (lexicales), de slogans, de haïkus, de coupures de presse, de poétiques-drôles. des digressions qu’on aurait tort de ne pas prendre au sérieux.

“Psychologue de dépanneur”, le narrateur “chasse le fantôme avec un écumoire”, incarne l’enquêteur de série B – “Les zones grises sont des zombies” – pour mieux exhumer, sous le masque poli de la farce, une tante suicidée, un père schizophrène. , raconte de manière émouvante et composite le (faux) miracle coréen de l’après-guerre, le mirage américain, la douleur de l’exil et les espoirs déçus de la mondialisation, motif central de son œuvre depuis « Chroniques d’une station-service ». (2019).

« Cold case », d’Alexandre Labruffe, Collection Verticales, Gallimard, 240 p., 20 €. E-book, 14,99 €.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV La Foire du livre du Grand Sudbury a le vent dans les voiles et la tête dans les nuages
NEXT Ce natif du Loir-et-Cher a écrit un livre pour aider les gens à sortir du célibat