A Strasbourg, capitale mondiale 2024, la grande fête du livre

A Strasbourg, capitale mondiale 2024, la grande fête du livre
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A quelques encablures de la gare, l’un des cinq tramways illustrés – celui deAnouk Ricard – attend ses premiers passagers. Une foule se rassemble devant, dominée par une délégation d’élus et d’ambassadeurs, sourires francs et poitrines fières. Une toute première journée d’inauguration, mardi 23 avril, qui restera dans les mémoires comme le coup d’envoi des manifestations dédiées à l’année « Strasbourg, capitale mondiale du livre », label décerné pour la première fois par l’UNESCO à une ville française.

« Dès aujourd’hui et pour un an, Strasbourg célèbre le livre et favorise l’accès à la culture sous toutes ses formes »jeta Jeanne Barseghianmaire de Strasbourg, lors de la cérémonie d’ouverture au Palais de la musique et des congrès, ajoutant que “plus de 1000 actions” sera donné dans le cadre du programme « Lire le monde ». « Alors que la guerre fait rage sur notre continent, que l’intolérance et la peur colonisent les consciences, le livre est un allié précieux. Aux écrivains, je dis “nous avons besoin de vous” » a complété le conseiller, avant de prononcer un extrait de Moi, Tituba, sorcière, comme un dernier hommage à Maryse Condé, « magnifique conteur » décédée au début du mois, et qui devait être l’une des marraines de l’événement.

De gauche à droite, Camille Diao, animatrice, Andreï Kourkov, Lidia Jorge et Kamel Daoud.- Photo JÉRÔME DORKEL

« Le livre est un allié précieux »

Pendant près de trois heures, élus, écrivains et artistes se sont relayés sur la tribune – une tribune en forme de livre ouvert – pour raconter ce que chacun doit au livre et à la lecture. Membres de PiaLe président de l’Eurométropole a donc rappelé avoir été « un enfant du bibliobus « . Kamel Daoudun auteur franco-algérien, a qualifié l’écriture d’acte de trahison nécessaire, tandis que Frédéric Bierry, président de la communauté européenne d’Alsace, se réjouit du dynamisme des bibliothèques et confie qu’il est un “amateur de livres d’amour « .

Transfert de la flamme de lecture du maire d’Accra, capitale 2023, au maire de Strasbourg.- Photo JÉRÔME DORKEL

Beaucoup ont également été inspirés par les paroles retentissantes de Victor Hugofervent défenseur de l’Union européenne, dont le Parlement siège dans la capitale alsacienne. “Il ne faut pas ignorer l’importance de ce qu’apporte le livre dans les situations de crise, dans les moments de confusion (…)”effectivement rappelé Ernesto Ottone, directrice générale adjointe de la culture à l’UNESCO, juste avant le transfert de la flamme de la lecture, d’une femme à une autre. Donc, Elisabeth KT Sackeymaire d’Accra (Ghana), a confié la nouvelle mission à Jeanne Barseghianla défiant de «faire mieux et plus fort» comme capitale 2023.

Rencontres et confidences

La journée inaugurale s’est poursuivie par des rencontres avec des écrivains venus spécialement pour l’occasion : l’écrivain portugais Lydia Jorgele grand reporter de Monde, Florence Aubenasles académiciens Danny Laferrière Et Pascal Oryl’Ukrainien Andreï Kourkov, pour qui “La guerre a rendu impossible l’écriture de fiction”, le bosniaque Velibor Colić, hanté par la disparition de la Yougoslavie, voire Rachida Brakniancien pensionnaire de la Comédie Française, pour qui le livre a été “un outil d’émancipation”. Plus tard, la Grande Lecture a réuni quelques centaines de personnes place du Château, où lectures et intermèdes musicaux ont accompagné le déclin du soleil, avant le concert musical de Nina Bouraoui Et Souad Massià la Cathédrale Notre-Dame.

Florence Aubenas et Danny Laferrière lors de rencontres à la Cité de la musique et de la danse.- Photo JÉRÔME DORKEL

Mercredi 24 avril, les festivités littéraires se sont poursuivies sous le signe des 9es Rencontres de l’illustration, qui se dérouleront jusqu’en mai. « Depuis neuf ans, ces rencontres permettent de représenter la richesse et le foisonnement créatif de l’art illustré »a déclaré Jeanne Barseghian, en introduction de la rétrospective consacrée aux Québécois Julie Doucet, « l’un des artistes contemporains les plus influents de la bande dessinée alternative »au Musée Tomi Ungerer. « Ce projet, soutenu par treize médiathèques, musées, l’association Central Vapeur, la Haute école des arts du Rhin (HEAR) permet de réunir des figures historiques de l’illustration à Strasbourg, comme Gustave Doré, mais aussi de mettre en lumière une jeune création dynamique »elle a continué.

Richesse artistique et abondance créative

À la médiathèque André Malraux, l’œuvre de Fanette Mellier Et Betty Osanciens diplômés de la HEAR, a été réuni dans l’exposition « Entre les pages », tandis que la médiathèque du Neudorf a accueilli celle de Jérémie Fischer, vétéran des Arts Décoratifs dont le travail a conquis au-delà du territoire national. A la 5ème place, Violaine Leroy, Illustrateur strasbourgeois et membre du collectif Rhubarbus, s’est amusé à représenter des « Terrains de jeux » aussi colorés qu’infranchissables. Dans le cadre du festival Central Vapeur, qui plaçait sa 14ème édition sous le thème « Méditerranée(s) », l’artiste s’est également entretenu avec les Libanais. Raphaëlle Macaron. Un échange dans lequel la question de la guerre et du conflit surgissait inévitablement, “surtout pour Raphaël, dont les parents sont à Beyrouth”, a expliqué Fabien Texierdirecteur des festivals.

Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, à la rétrospective de Julie Doucet, au musée Tomi Ungerer – Photo EC

Au total, pas moins de seize expositions composent la programmation de la manifestation. Parmi eux, « La nature de la mémoire » de l’Espagnol Jésus Cisneros« La revanche des bibliothécaires » de Tom Gauld au Studium ou encore « La mer qui boit » par Blutch au cinéma Cosmos. Pour les adeptes de la flânerie, la vingtaine d’affiches presque publicitaires de femmes libanaises Nouf Hifaoui Et Karen Keyroux, pullulaient le long du quai des Bateliers. « La Grande Coïncidence » des éditions 2024 s’installe devant le Palais Rohan, où objets anciens, planches rétro et livres de science-fiction forment un joyeux bazar. Et surtout, constituent la seule trace résiduelle de l’existence de la maison et de son époque, exhumée par une civilisation venue tout droit de l’année 20124.

Défilé des Micronations, sur la Place du Château à Strasbourg – Photo EC

En fin d’après-midi, la Place du Château a été le théâtre de plusieurs dynamiques. L’arrivée du cortège haut en couleurs de Micronations a d’abord été perturbée par la tenue d’une manifestation ukrainienne, tandis que les discours d’inauguration ont été partiellement recouverts par les voix des étudiants de la HEAR, luttant contre la suppression des postes d’enseignants et la réduction du budget dédié aux écoles d’art. . Mais ni les manifestants ni le froid n’ont pu vaincreAnne Mistler, adjoint chargé des arts et de la culture, qui a, à son tour, donné le coup d’envoi officiel des Rencontres, « célébration dont on mesure l’excellence des créations à chaque édition »appelant le public à investir tous les lieux de culture et à s’approprier le livre, sous toutes ses formes.

Scène de « La Grande Coïncidence », installation des Editions 2024, à la Terrasse du Palais Rohan.- Photo EC
Julie Doucet fait une visite guidée de sa rétrospective au Musée Tomi Ungerer – Photo EC
Anne Mistler, adjointe au maire et responsable des arts et de la culture, à l’exposition « Julie Doucet ». – Photo CE
ENTENDRE des étudiants en lutte, Place du Château à Strasbourg.- Photo EC
Défilé des Micronations, sur la Place du Château à Strasbourg – Photo EC
 
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