La poésie post-apocalyptique de Virginie DeChamplain

La poésie post-apocalyptique de Virginie DeChamplain
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Avant de brûleril s’agit du deuxième livre publié par l’écrivain rimouskien, après un premier – Les falaises – lauréat du prix Jovette-Bernier et nommé finaliste du prix Rendez-vous du première roman, en 2020.

Une fois de plus, elle a choisi La Peuplade pour raconter l’histoire qui a brûlé son clavier, ayant développé une belle relation de confiance avec les éditions du Saguenay, et sachant qu’elle pourrait ainsi raconter en toute liberté, à sa manière.

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Il s’agit du deuxième roman publié par La Peuplade pour Virginie DeChamplain. (Les gens)

Parce que sa voie est l’une des plus originales, presque un hybride entre une littérature plus classique et une poésie très explosive. Presque un baume au fond, en l’occurrence, pour donner un peu de douceur aux choses dures qu’elle avait à dire.

« C’est assez épuisant d’écrire sur des sujets qui me plaisent tant. Je me suis retrouvé à écrire sur tout ce qui dans la vie me rend triste, en colère, anxieux, m’enlève mon désir d’avancer. Je me suis mis beaucoup d’obstacles, parfois je n’avais tout simplement pas envie d’écrire parce que c’était trop difficile », se souvient Virginie DeChamplain.

Ces sujets déprimants, ce sont les crises, plurielles et multiformes. Lesquels se conjuguent avec le présent presque partout dans le monde, et avec le futur – proche – au Québec. “Tout ce qui est écoanxiété, mais aussi les crises sociales, politiques, les crises des réfugiés, qui battent leur plein partout ailleurs et qui arrivent ici.”

En fait, ces réalités sont si proches de nous que l’auteure n’a eu qu’à suivre l’actualité pour tisser, tout au long du récit, la trame médiatique de son histoire, l’actualité que ses personnages entendent à la radio. , étant celles qu’elle a elle-même entendues à Radio-Canada l’été dernier. En pleine saison des feux de forêt.

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Aujourd’hui basé au Québec, l’auteur est né et a grandi au bord du fleuve, à Rimouski. (Émilie Dumais/La Peuplade)

Mais comme le constat sévère d’une crise climatique déjà actuelle ne peut constituer une fin en soi, elle en a fait un point de départ, avec Avant de brûler. Dans les pages desquelles Virginie DeChamplain révèle aussi ce qui résiste, dans un Québec du bout du monde, aux nombreuses inondations et incendies à répétition.

Ramasser les morceaux cassés

Des choses comme l’entraide, le vivre ensemble. Et l’humanité, qui perdure même lorsque le genre humain se retrouve au bord du gouffre, à travers les personnages imaginés par l’auteur. Il y a Marco, Farah, ses enfants et un protagoniste anonyme, que le destin rassemble et qui viennent rassembler les morceaux brisés pour créer quelque chose qui ressemble à une maison. De quoi empêcher votre cœur de brûler vif, avec la forêt, et rendre le souvenir de cette vie d’avant moins amer.

Si la protagoniste raconte l’intégralité des 200 pages sans se présenter, c’est parce que Virginie DeChamplain aimait l’idée d’un personnage sans nom, « interchangeable », dans la peau duquel chacun peut se glisser. Et si c’est avec une autre femme que ledit personnage développe un lien fort, au fil de l’histoire, c’est parce que l’auteur aimait tout autant l’idée d’une sororité.

Entre femmes qui tiennent à bout de bras un tissu social fragilisé par de nombreux désastres. Et qui deviennent soudain plus forts dans le nous que dans le je.

« Il y a quelque chose de très puissant là-dedans. Et en grandissant, j’ai trouvé qu’il n’y avait pas assez de personnages féminins complexes et forts. Je n’ai pas lu beaucoup de choses qui m’ont marqué, qui m’ont permis de me sentir représentée dans l’art que je consommais. C’est donc un peu ma petite mission personnelle.

— Virginie DeChamplain

La Farah décrite dans le livre, venue de loin et au français encore fragile, s’inspire aussi d’une rencontre réelle faite par Virginie DeChamplain, il y a près d’une décennie, alors qu’elle agissait comme bénévole. dans un programme de francisation pour les nouveaux arrivants.

« Nous avons réussi à trouver un langage commun pour communiquer. Elle avait ses enfants avec elle, puis je lui ai demandé si elle était arrivée seule. Et elle m’a dit : mon mari, je ne sais pas où il est. Cela faisait deux ans qu’elle n’avait plus de nouvelles, elle ne savait pas s’il était vivant, et si oui, dans quel pays. Cela m’a complètement époustouflé. L’inspiration initiale de Farah était cette phrase.

En résulte un personnage lumineux, avec d’autres relents d’espoir, dans un livre pourtant post-apocalyptique. Cela montre qu’« il y a encore trop de belles choses, trop de belles opportunités de devenir meilleur, de penser différemment », pour sombrer dans un pessimisme total.

 
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