Selon une étude française, les adolescents passent 1h25 par semaine à lire, mais passent 5h10 PAR JOUR devant un écran.
Une bonne partie de ces 5h10 se passe devant un écran de téléphone avec TikTok, Instagram ou des jeux, et le reste du temps devant la télévision. Mais très peu sur la télévision linéaire – celle de papa et maman. Les jeunes sont sur YouTube, Disney ou Netflix. Ils le seront de plus en plus à mesure que les ménages se désabonneront des services de télévision par câble. Moins des deux tiers des foyers canadiens sont encore abonnés.
Dans de nombreux pays, le téléphone portable est l’ennemi public numéro un. Les Pays-Bas, la Finlande, l’Espagne, la Nouvelle-Zélande et quelques États américains comme la Floride l’ont retiré des écoles. La France, l’Angleterre et des dizaines d’autres pays débattent encore de son interdiction. Le Québec aussi. L’été dernier, l’UNESCO a recommandé à tous les pays du monde d’interdire les téléphones portables dans les salles de classe.
C’est une interdiction qui me semble logique. Tous les enseignants devraient être d’accord. Avant l’arrivée des téléphones portables, aucun enseignant n’aurait toléré que ses élèves aient les yeux rivés sur un livre pendant qu’il donnait son cours. Je le sais très bien pour avoir fait plusieurs heures de « retenue » pour avoir été surprise en train de lire pendant mes cours de grec et d’histoire sacrée !
UNE TÊTE BIEN FAITE
Même si les téléphones portables sont interdits dans les salles de classe, pourrons-nous encore faire en sorte que nos jeunes aient des « têtes bien formées », selon l’expression séculaire du vieux Montaigne, reprise depuis par le psychologue britannique Tony Buzan ? Les parents doivent également arracher leurs enfants à l’écran, ce qui n’est pas une tâche facile, beaucoup d’entre eux étant scotchés à leur téléphone portable du matin au soir.
Dans l’étude que vient de publier le Centre national du livre de France, l’écran est devenu une véritable drogue pour les jeunes de 7 à 19 ans, l’équivalent de l’opium à une autre époque. L’étude montre qu’ils passent devant un écran, en un an, l’équivalent de trois années de cours à l’école ! Soumis à un tel esclavage, de quel temps les jeunes disposent-ils encore pour lire ? Environ une heure par semaine, semble-t-il. Et 77 % d’entre eux consacrent leur temps de lecture à la bande dessinée. Pour ne rien arranger, près de la moitié d’entre eux lisent d’un seul œil sur l’écran de télévision ou sur l’écran de leur téléphone !
LES PARENTS LISENT-ILS ?
Deux tiers des jeunes Français déclarent qu’au moins un de leurs parents leur demande de lire des livres, mais plusieurs ajoutent que leurs parents ne les lisent jamais. J’ai eu une expérience dans ma propre famille. J’ai huit petits-enfants, dont sept ont un conjoint. Soit 15 adultes âgés de 25 à 43 ans. Un tiers ont terminé des études universitaires avancées et les autres ont passé plus de 13 ans à l’école. Seuls quatre (peut-être cinq) lisent des livres assez régulièrement. Les autres n’ont pas le temps, disent-ils, mais surtout, ils n’ont pas le goût. Mais tout le monde possède un téléphone portable et leurs enfants aussi.
Comme on ne peut plus compter sur les parents pour encourager la lecture, le livre n’a plus beaucoup d’avenir. Sauf ceux qui peuvent être adaptés au cinéma ou à la télévision !
