La danse pieuse Klaus Mann

La danse pieuse Klaus Mann
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Peinture du Berlin décadent des années 1920

Klaus Mann, fils de Thomas Mann et neveu de Heinrich Mann, souffrait de la réputation de ses aînés qui lui faisaient un peu d’ombre. De plus, en tant qu’homosexuel déclaré, il était inquiétant. Dans « La Danse pieuse », l’auteur aux qualités littéraires évidentes met en scène un jeune artiste issu d’une famille bourgeoise, qui décide de quitter son foyer pour découvrir la vie dans les grandes villes allemandes et à Paris. C’est à Hambourg et à Berlin qu’il découvre les milieux souterrains, avec leurs cabarets et toute la faune nocturne qui anime ces lieux festifs et gratuits. On croise des hommes qui se travestissent, d’autres qui se prostituent, des personnages volages, des hommes riches recherchant la compagnie de jeunes individus… Andreas s’intégrera facilement dans cet univers où il est difficile d’aimer. Le jeune Niels va tourner la tête, mais dans cet univers un peu décadent on est souvent mal aimé. L’auteur photographie le monde allemand pré-hitlérien. Il est vrai qu’à certains égards, le roman a une dimension prophétique.

Je ne connaissais pas cet auteur issu d’une famille d’écrivains de qualité. Son roman est prenant et les personnages exercent une certaine fascination sur le lecteur. Nous découvrons un monde qui nous est probablement inconnu. C’est donc le monde des cabarets qui est dépeint dans toute sa démesure. Le roman n’a pas vocation à être didactique, mais il permet d’imaginer une époque précise. Le personnage d’Andreas n’est pas seulement une manière de décrire cet univers. Il est suffisamment décrit pour qu’on puisse l’imaginer, à l’image de tous les personnages qu’il rencontre. Il y a vraiment un côté romantique dans ce texte avec des protagonistes hauts en couleur.

L’écriture est agréable et chaque chapitre possède des qualités qui invitent à poursuivre la lecture. Le lecteur sourit tantôt, tantôt il découvre ce que pensaient les hommes de cette époque dans une période qui allait devenir l’une des plus troublées : « Vivre, c’est être mûr pour la mort. Puisque nous sommes des danseurs sans but, nous célébrons la vie comme une pieuse cérémonie et nous ne pensons pas pouvoir avancer vers ce qui est bon, vrai, solide. » Le lecteur sera également surpris par la morale de tous ces personnages qui vivent en totale liberté, et qui vivent paradoxalement aux dépens des personnes âgées, souvent pour des raisons purement financières.

Ce roman a des qualités d’écriture. Il photographie une époque et dépeint la période du cabaret allemand, que l’oncle de Klaus Mann a également abordée dans « Professeur Unrat », adapté au cinéma sous le titre « L’Ange bleu », dans un contexte différent. Je continuerai à explorer le travail de cet écrivain car il mérite vraiment un sort meilleur. J’ai souvent pensé à Paul Morand en lisant ce roman.

 
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