Matthieu Poirrier a écrit un très beau livre sur le peintre chinois Chu Teh-Chun (1929 – 2014).
Cette monographie vient d’être publiée chez Gallimard à l’occasion de l’exposition consacrée à l’artiste, qui ouvrira le 20 avril à la Fondation Giorgio Cini de Venise.
Chu Teh-Chun : Dans la nébuleuse est un magnifique ouvrage de 240 pages en français et en anglais, abondamment illustré des œuvres du maître peintre de la couleur et de l’abstraction.
Installé en France en 1955, Chu Teh-Chun acquiert une renommée internationale grâce à son style novateur. Il intègre les techniques de peinture traditionnelles chinoises à l’art abstrait occidental. Son style, reconnaissable entre tous, s’exprime notamment dans les aménagements paysagers abstraits.
Son travail a été influencé par des artistes tels que Francisco Goya, El Greco et Nicolas de Staël. Il est considéré comme un maître de l’abstraction lyrique, un mouvement pictural qui privilégie l’inspiration spontanée et la liberté d’expression.
Pour ces raisons et bien d’autres, l’art de Chu Teh-Chun mérite d’être célébré et admiré. Beaucoup de ses œuvres procurent un sentiment de plénitude, comme suspendues dans le temps.
Par exemple, « Evening Light », composé de couleurs vibrantes et de formes dynamiques évoquant une atmosphère enchanteresse. «Journey to Space» dépeint des paysages abstraits qui semblent s’étendre à l’infini, invitant le spectateur à un voyage cosmique.
Dans Chu Teh-Chun : Dans la nébuleusel’auteur, gratifie les amateurs d’art contemporain de commentaires passionnants et d’analyses approfondies.
Pour ma part, il m’a suffi de me plonger dans ses toiles pour me faire une idée sur cet artiste qui ne ressemble à aucun autre et qui suscite des sentiments mitigés, parfois empreints d’une certaine sérénité.
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Présentation de l’éditeur de Chu Teh-Chun : In Nebula
Chu Teh-Chun (1920-2014) est un acteur majeur de la peinture gestuelle abstraite. Né en Chine dans une famille d’amateurs d’art, il se forme à l’Académie des Beaux-Arts mais subit la guerre sino-japonaise, les drames familiaux, la disparition quasi totale de ses œuvres de jeunesse puis l’exil – en 1949 à Taiwan et en 1955 à Paris, où il s’installe définitivement. C’est dans ce décor paisible que son abstraction orageuse voit le jour. Excluant toute géométrie patentée, il est constitué de nébuleuses et autres maelströms polychromes, modélisés par de puissants effets de clair-obscur.
Atmosphérique et hors échelle, chaque tableau est une matrice où notre vision se projette et s’abîme, nous faisant perdre toute référence spatiale ou sémantique. Nourri par la peinture à la fois classique et moderne, asiatique et occidentale, Chu formule la sensation mnémotechnique du paysage, l’essence dynamique du geste et l’émergence de la lumière.
La perspective historique, à travers parallèles, analogies et autres résonances, nous invite à identifier la singularité d’un régime abstrait soutenu par la logique organique de la vie, les formes et forces de la nature, leurs phénomènes naturels, leur fluidité éruptive et leurs révolutions cosmogoniques. Car Chu s’est longtemps retrouvé quelque peu en marge de son époque, peut-être en raison d’une personnalité réservée et d’un rejet de principe de toute stratégie commerciale.
L’objectif de cette monographie est donc, à la lumière du recul historique et du succès actuel de l’ouvrage, de nuancer certains de ses enjeux esthétiques et de contribuer à dissiper certains malentendus qui ont pu entourer sa réception.
