« Le volume du temps », phénomène littéraire du danois Solvej Balle, enfin traduit en français

« Le volume du temps », phénomène littéraire du danois Solvej Balle, enfin traduit en français
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Que ce soit Une journée sans fin (avec Bill Murray), Code Source (avec Jake Gyllenhaal), Bord de demain Ou Joyeux jour de mort, le cinéma nous a diversement confrontés à des distorsions temporelles. En littérature, sans la force de l’image, l’exercice est plus périlleux. Aujourd’hui, un projet audacieux de littérature fantastique venu du Danemark, où il est devenu un phénomène, est sur le point de conquérir le monde. Grand Prix de littérature du Conseil nordique en 2022, actuellement traduit dans plus de vingt langues, Le volume du temps de Solvej Balle retrace, en sept volumes, l’extraordinaire aventure vécue par Tara Selter.

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Prise de conscience du phénomène

Jeune femme mariée, antiquaire, épanouie, Tara est en voyage à Paris lorsqu’une anomalie survient : au lieu de se réveiller le 19 novembre (ce qui aurait dû être le cas), elle revit la journée du 18 novembre. Cependant, avec une différence notable par rapport à son entourage : elle est consciente du phénomène, contrairement aux autres. Lorsqu’elle revient auprès de Thomas, son mari, elle constate qu’elle a des souvenirs de jours qui se répètent, mais pas lui : il vit chaque 18 novembre comme un nouveau jour. Comme Thomas oublie tout, elle est obligée de lui expliquer à nouveau la situation chaque matin. Comment remédier à cette distorsion ? A l’ouverture du deuxième tome, Tara décide de rendre visite à ses parents pour fêter Noël prématurément. Avant de se lancer dans un voyage à travers l’Europe qui lui permettra de vivre le passage artificiel des saisons : hiver en Norvège, printemps à Londres, été à Montpellier et automne à Düsseldorf. « Sans saison, il n’y a pas de temps. […] Si je veux un avenir, je dois le construire moi-même.

L’idée initiale qui, selon Solvej Balle (né en 1962), « s’est développé en différentes entités, avec des thèmes distincts »correspond à un ensemble d’influences : « Une fascination pour Ulysse de James Joyce, qui se déroule en une journée, pour la littérature de Borgès, Doris Lessing et le Danois Svend Age Madsen

“J’ai toujours été sensible aux fluctuations du temps”se souvient de celle dont le premier livre racontait l’histoire d’une femme vivant sur une île déserte, où “le temps se comportait bizarrement”. S’il lui a fallu vingt ans pour écrire cette saga, elle a vécu avec Tara « plus longtemps – même si elle n’était pas encore devenue celle que nous connaissons ». Donc, « Le processus d’écriture était en grande partie un processus d’écoute. Qui est Tara ? Que fait-elle? Comment réagit-elle ? À certains égards, elle nous ressemble, à d’autres, elle ne nous ressemble pas.. Bref, le romancier a vécu « un beau voyage avec Tara »qui a “appris beaucoup”. C’est sans doute pour cette raison qu’il est impossible de ne pas s’attacher à Tara, qui nous happe à travers une savante progression narrative évoluant alors que le temps stagne.

Accumulant hypothèses et interprétations, Tara cherche une explication à ce qui lui arrive. « Ce que nous faisons tous au cours de notre vie. Souvent, nous ne trouvons pas non plus d’explication. Pourquoi le temps passe-t-il ainsi ? Un nouveau jour chaque matin, encore et encore, à mesure que nous vieillissons. Si vous commencez à réfléchir, il est très étrange que nous considérions cela comme normal. Pourquoi ne pas paniquer chaque matin en réalisant qu’un nouveau jour nous attend ? Nous ne savons même pas si nous survivrons jusqu’au soir. D “D’une certaine manière, c’est plus effrayant que ce que Tara traverse.”

Partager avec le lecteur

Aventure humaine et métaphysique, Le volume de tempsdont les deux premiers tomes paraissent simultanément en français, n’entend pas bousculer le lecteur, assure Solvej Balle. « Je n’écris jamais dans le but de lui faire faire quoi que ce soit, plutôt dans une idée de partage. Je suis entré dans l’histoire, je me suis battu avec les événements et la narration, puis j’ai tout quitté pour laisser quelqu’un d’autre découvrir ce que j’avais trouvé au cours du processus. C’est à eux d’établir leur propre relation avec Tara.

Pourtant, Solvej Balle remet en question nos routines et nos certitudes. “D’une manière ou d’une autreassure-t-elle, La situation de Tara n’est pas forcément extrême : elle a la possibilité de mener une vie tranquille, sûre, agréable, sans trop de soucis. Le problème, c’est qu’elle a eu une autre vie avant : c’est difficile de perdre ce qu’on a, même si c’est pour quelque chose de mieux..

Publiée dans la petite maison d’édition de l’auteur, cette saga a un destin exceptionnel qui l’intrigue. « Je suis surpris par le fait que les gens ne soient pas rebutés par le premier tome. Pour les suivants, je me dis toujours qu’ils vont trouver ça bizarre, mais ils les acceptent, je ne sais pas trop pourquoi. Je pense donc au nombre de fois où j’ai essayé de me débarrasser de cette histoire, même si au fond il me fallait l’écrire. J’estime avoir trouvé l’histoire de Tara pour la développer et la faire connaître au monde, pas comme une création. C’est comme ça que je me sens bien.

Le volume du temps (tomes 1 et 2) | Romans | Solvej Balle, traduit du danois par Terje Sinding | Grasset, 251 pp. et 286 pp., 18,90 € et 19,90 €, numérique 14 €

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