L’histoire est digne d’un film d’espionnage. Et si Donald Trump avait échappé, une fois de plus, à une tentative d’assassinat, parrainée par l’ennemi juré des États-Unis, l’Iran ? C’est ce qu’ont révélé les autorités judiciaires américaines, trois jours après la victoire du candidat républicain à l’élection présidentielle. On fait le point.
Ce qui s’est passé?
Un « agent de l’Iran » a été inculpé, ont annoncé vendredi les autorités judiciaires américaines. L’homme en question est, selon les procureurs fédéraux de Manhattan, Farhad Shakeri, un Afghan de 51 ans expulsé des États-Unis en 2008 après avoir purgé quatorze ans de prison pour vol. Les procureurs ont déclaré que Farhad Shakeri était en liberté et résidait probablement en Iran. Deux Américains ont également été arrêtés jeudi dans cette affaire : Carlisle Rivera, 49 ans, et Jonathon Loadholt, 36 ans, tous deux résidents de New York.
De quoi sont-ils accusés ?
Farhas Shakeri est accusé d’avoir recruté des criminels de droit commun pour les Gardiens de la révolution, selon des documents judiciaires. “Cet agent du régime iranien a été chargé par le régime de diriger un réseau de complices criminels pour mettre en œuvre les plans d’assassinat de l’Iran contre ses cibles, dont le président élu Donald Trump”, a déclaré le ministre de la Défense. Le juge Merrick Garland, dans un communiqué de ses services.
Carlisle Rivera et Jonathon Loardholt sont inculpés pour avoir planifié l’assassinat d’un journaliste américain d’origine iranienne très critique à l’égard de la République islamique.
Quelles sont les preuves ?
Les conclusions de la justice américaine s’appuient sur des conversations téléphoniques entre des agents de la police fédérale américaine (FBI) et Farhad Shakeri. Il a déclaré qu’il se trouvait à Téhéran et qu’il avait accepté d’être interrogé en échange d’une réduction de peine pour une autre personne incarcérée aux États-Unis.
Au cours de ces cinq entretiens, qui se sont déroulés entre le 30 septembre et le 7 novembre, il a affirmé avoir reçu en septembre l’ordre de mettre de côté les autres activités qu’il exerçait pour le compte des Gardiens de la révolution afin de « se concentrer sur la surveillance et, en fin de compte, l’assassinat » de Donald Trump, selon une plainte pénale déposée devant le tribunal fédéral de Manhattan.
Farhad Shakeri a déclaré au FBI qu’il avait reçu l’ordre, lors d’une réunion avec un responsable des Gardiens de la révolution le 7 octobre, de fournir un plan dans les sept jours pour tuer Donald Trump. Ce responsable lui aurait expliqué qu’au-delà de ce délai, le projet serait reporté à l’après-élection du 5 novembre, estimant que le candidat républicain le perdrait et qu’il serait donc plus facile de le cibler par la suite, selon la plainte.
L’agent aurait également fait remarquer au chef des Gardiens de la révolution qu’un tel projet coûterait une somme « énorme », précise la plainte. Le directeur aurait répondu : « Nous avons déjà dépensé beaucoup d’argent », ajoutant que « l’argent n’est pas un problème ». L’organisation était prête à payer 1,5 million de dollars pour que le journaliste soit tué.
Des documents judiciaires décrivent également des projets de surveillance de la « victime numéro 1 » lors d’une conférence prévue le 15 février 2024 à l’Université de Fairfield, dans le Connecticut. Cette « victime numéro 1 » a été identifiée comme étant Masih Alinejad, journaliste et dissident irano-américain.
Elle n’est pas nommée nommément dans les plans, mais décrite comme ayant déjà été la cible de tentatives d’assassinat ou d’enlèvement sponsorisées par Téhéran, ce qui correspond à son profil. Dans une vidéo publiée vendredi sur les réseaux sociaux, Masih Alinejad confirme qu’il s’agit bien d’elle et qu’elle était l’une des intervenants de cette conférence, qui a finalement été annulée.
La plainte indique que Farhad Shakeri a ordonné à Carlisle Rivera et Jonathon Loardholt de surveiller le journaliste pendant des mois. Leur gain ? 100 000 $ pour la retrouver et la tuer. Dans une note vocale d’avril, l’agent afghan a informé Carlisle Rivera que Masih Alinejad passait la plupart de son temps dans un bureau au troisième étage et dans un studio d’enregistrement au deuxième étage.
« Il faut attendre et faire preuve de patience pour la surprendre entrer ou sortir de la maison, ou la suivre quelque part et s’occuper d’elle », dit-il. « Ne pensez pas à entrer », leur a-t-il dit, qualifiant cela de « geste suicidaire ». « Terminez le travail et agissez », leur écrivit-il plus tard.
Quel est le contexte ?
La République islamique nourrit depuis des années une volonté de riposte à la mort du chef militaire Qassem Soleimani, tué en Irak lors d’une frappe de drone ordonnée par Donald Trump, rappelle le ministère de la Justice. Lors de son premier mandat, le milliardaire avait par ailleurs « abandonné l’accord sur le nucléaire iranien », et « imposé 1 500 sanctions qui ont affaibli l’économie iranienne », rappelle le New York Times.
Par ailleurs, en octobre, la justice américaine a engagé des poursuites contre quatre Iraniens, dont un général des Gardiens de la révolution, pour avoir parrainé un projet d’assassinat de Masih Alinejad à New York en 2022.
Quelles réactions ?
Ces accusations ont été rejetées par la diplomatie iranienne ce samedi. Elle qualifie de « totalement infondées (…) les allégations selon lesquelles l’Iran serait impliqué dans une tentative d’assassinat visant d’anciens ou actuels responsables américains ».
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