« Vraiment surpris » : c’est le sentiment de Mark Trahant, rédacteur en chef et fondateur du média amérindien ICT News, à propos de la victoire de Donald Trump aux élections de mardi. Le journaliste, qui compte une cinquantaine d’années d’expérience dans les médias, a livré aux Espaces nationaux ses premières impressions sur ce qui attend les Amérindiens dans les quatre prochaines années.
Comme la majorité des experts, j’ai vu qu’une réélection de Trump était plus que possible, mais je ne m’attendais clairement pas à ce qu’il gagne avec une telle marge.
commente M. Trahant au bout du fil.
À ses yeux, un nouveau mandat de Trump risque de briser l’élan positif que l’administration Biden a pris ces dernières années à l’égard des nations autochtones du pays.
Joe Biden, qui a accordé de l’importance aux questions autochtones, est le président qui a le plus investi dans l’histoire du pays pour améliorer les conditions de vie des communautés.
il se souvient.
Il restera également celui qui a nommé près de 80 autochtones à des postes clés du gouvernement, dont la première secrétaire autochtone de l’Intérieur, Deb Haaland.
Et ce n’est pas tout : le 25 octobre, Biden a présenté des excuses officielles pour le rôle joué par le gouvernement dans les atrocités commises pendant plus d’un siècle dans les pensionnats pour amérindiens aux États-Unis.
Ce fut un moment important pour la grande majorité des peuples autochtones du pays. Aucun président n’avait fait ça avant lui
explique Mark Trahant.
Mark Trahant travaille dans le domaine des médias depuis 50 ans. Il est membre de la nation Shoshone-Bannock dans l’Idaho.
Photo : Mark Trahant – LinkedIn
Historiquement, la majorité des électeurs autochtones aux États-Unis votent pour le Parti démocrate. En Arizona, leur poids démographique aurait même contribué à la victoire des bleus à l’élection de 2020.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’individus ni même de nations qui saluent le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Ces quatre dernières années, l’administration Biden s’est montrée réticente à l’exploitation des ressources naturelles dans certaines zones protégées, allant jusqu’à annuler sept permis d’extraction accordés sous Trump, notamment en Alaska.
Il y a des nations, comme les Navajo et les Crow, qui souhaitent plus de liberté pour exploiter les ressources de leur territoire et qui sortent vainqueurs de ces élections. Ils agiront rapidement pour se mettre d’accord avec le nouveau gouvernement sur ce point.
indique M. Trahant
Des élus autochtones des deux bords
Plusieurs sièges au Congrès ont été brigués par les peuples autochtones du pays, tant du côté républicain que démocrate.
Il y a eu des courses intéressantes, des défaites difficiles, mais aussi de belles victoires. Le plus marquant, à mes yeux, était celui de Sharice Davids. [Nation Ho-Chunk]qui a été réélu dans le 3e district du Kansas. Elle sera la seule représentante démocrate de l’État et a résisté à d’importantes pressions de la part des républicains de sa circonscription pendant la campagne.
explique Mark Trahant.
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Sharice Davids lors de son élection en 2018
Photo : Associated Press / Colin E. Braley
Du côté de l’Oklahoma, Tom Cole, membre de la Chickasaw Nation, a facilement remporté sa circonscription pour les Républicains, avec plus de 65 % des voix.
L’Oklahoma a toujours été l’État comptant le plus de républicains autochtones. L’un de leurs deux sénateurs, Markwayne Mullin [Nation Cherokee]est également très proche de Donald Trump et ouvrira une fenêtre de discussion entre les différentes nations de l’Etat et le prochain président
il croit.
Pour le rédacteur en chef, il est trop tôt pour donner une idée précise de la façon dont se déroulera probablement le prochain mandat présidentiel, mais il est clair que les questions économiques passeront avant les multiples problèmes sociaux que connaissent les nations autochtones.
Il y a aussi la question de l’immigration, au cœur de la campagne de Trump, qui devra être surveillée, selon M. Trahant.
Plusieurs territoires autochtones chevauchent les frontières du Canada et du Mexique. Il existe déjà des conflits avec Washington sur le fait que les mesures anti-migrants et la présence militaire empiètent sur la juridiction des nations. Le nouveau mandat de Trump risque de les alimenter.
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