L’élection de Donald Trump aux États-Unis ne devrait pas conduire à une crise migratoire comme celle vécue à Roxham Road puisque les règles ont changé, rapportent des avocats spécialisés en droit de l’immigration et un groupe d’aide aux migrants.
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Me Maxime Lapointe, avocat spécialisé en immigration, rappelle que Trump avait aussi promis, en 2017, d’expulser massivement les immigrants illégaux.
« Nous avons annoncé que nous allions les expulser et c’est ce qui a créé la panique à Roxham Road », souligne-t-il.
Cette voie étant fermée depuis mars 2023, une version 2.0 de ce scénario semble peu probable, puisque les immigrés en situation irrégulière ne peuvent plus demander l’asile par des voies non surveillées.
« Avec la fermeture de Roxham Road, ce que nous avons dit, c’est que si nous effectuons une entrée irrégulière, [la demande d’asile] ne fonctionne plus, à moins de rester caché pendant 14 jours”, argumente M.e Lapointe.
Me Maxime Lapointe, avocat spécialisé en immigration
Courtoisie
Cet intervalle de 14 jours est une option que pourraient envisager les immigrants qui souhaiteraient se tourner vers le Canada pour éviter l’expulsion. Mais cela ne garantit toujours pas l’entrée dans le pays.
De multiples pièges
« Il y a beaucoup d’embûches pour obtenir un statut ici, rappelle M.e Chantal Ianniciello, vice-présidente du conseil d’administration de l’Association québécoise des avocats en immigration (AQAADI).
Même si certains immigrants parviennent à entrer au Canada en se cachant pendant 14 jours, la suite ne s’annonce pas de tout repos.
“Il y a beaucoup d’obstacles, il faut trouver un logement, payer les frais des passeurs (environ 10 500 dollars) et il y a aussi le coût de la vie”, note M.e Ianniciello
Les deux avocats notent qu’il faudra attendre avant de voir les conséquences réelles des projets de Trump sur l’immigration.
« Il y a une différence entre faire des annonces extravagantes au Madison Square Garden et la réalité juridique aux États-Unis lorsqu’il s’agit d’expulser des immigrants sans papiers. C’est bien de dire qu’on s’appuie sur le droit des ennemis étrangers qui date de deux siècles, mais juridiquement, cela ne tient absolument pas la route”, estime Mme.e Lapointe.
Aucun mouvement à la frontière
Le collectif citoyen Créons des ponts, formé pour venir en aide aux demandeurs d’asile arrivant par Roxham Road, reste à l’affût des changements à la frontière terrestre.
«Pour le moment, on attend, mais c’est certain qu’on se mobiliserait s’il y avait une pointe», témoigne Denis Bouchard, membre du groupe et citoyen d’Hemmingford.
Dans le passé, Créons des ponts a pu anticiper une augmentation des passages de migrants en voyant brusquement augmenter le trafic sur son site internet. Toutefois, le nombre de visites reste stable pour le moment.
– Avec Nora Lamontagne, Bureau d’enquête
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