La fille de l’Allemand iranien décédé en Iran ne croit pas à Téhéran

La famille de Jamshid Sharmahd, un dissident iranien naturalisé allemand et condamné à mort par la République islamique, « ne croit rien » de ce que dit l’Iran sur les circonstances de sa mort, objet de versions contradictoires, selon sa fille.

Téhéran a d’abord affirmé que le condamné avait été exécuté, puis a déclaré mardi qu’il était décédé la semaine dernière, avant même son exécution. “Jamshid Sharmahd a été condamné à mort, son exécution était imminente, mais il est mort avant qu’elle puisse avoir lieu”, a assuré le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, aux journalistes à Téhéran.

Les consulats iraniens fermés

“Nous ne croyons en rien”, ce que disent les autorités iraniennes, a déclaré dans la soirée à l’AFP Gazelle Sharmahd. « Nous n’avons jamais cru aux paroles d’un régime terroriste djihadiste », a-t-elle ajouté. « Nous avons besoin de gouvernements qui font leur travail (…). « Nous voulons des preuves issues d’une enquête indépendante menée en dehors de l’Iran. »

L’annonce le 28 octobre de l’exécution de l’Iranien-Allemand a provoqué une crise diplomatique avec Berlin, qui a rappelé son ambassadeur à Téhéran et fermé trois consulats iraniens sur le sol allemand. L’Iran ne reconnaît pas la double nationalité à ses ressortissants.

Jamshid Sharmahd, 69 ans, a été condamné à mort en 2023 pour « corruption sur terre », pour son implication présumée dans un attentat contre une mosquée à Chiraz (sud), qui a fait 14 morts et quelque 300 blessés en avril 2008. « Corruption sur terre » » est l’accusation la plus grave du code pénal iranien et est généralement passible de la peine de mort.

« Où est le corps ?

« Même si un étranger avait commis des crimes en Iran, nous aurions eu le droit de traiter cette affaire conformément à la loi », a souligné Asghar Jahangir. Jamshid Sharmahd a émigré en Allemagne dans les années 1980 et a vécu aux Etats-Unis à partir de 2003. Il s’est notamment distingué par des propos hostiles à la République islamique sur les chaînes satellitaires en persan.

L’Iran a annoncé son arrestation en 2020 lors d’une « opération complexe », sans préciser où, comment ni quand il a été arrêté. Selon sa famille, Jamshid Sharmahd a été kidnappé par les services de sécurité iraniens lors d’un transit à Dubaï, avant d’être renvoyé de force en Iran.

“Toute cause du décès – si elle est prouvée – de mon père, qui a été placé à l’isolement pendant 1.400 jours, équivaut à un meurtre”, a insisté sa fille. “S’il y a meurtre, il y a un corps alors où est le corps ?”, a-t-elle insisté, estimant que l’Allemagne et les Etats-Unis sont “complices” de ce “meurtre” et ne doivent pas se sentir “libres de leurs obligations”.

FBI et CIA

La justice iranienne a également accusé Jamshid Sharmahd d’avoir des contacts avec des « agents du FBI et de la CIA » et d’avoir « tenté de contacter des agents israéliens du Mossad ». Ces dernières années, l’Iran a exécuté plusieurs binationaux.

Le directeur d’Iran Human Rights (IHR), une ONG de défense des droits de l’homme basée en Norvège, a également demandé des éclaircissements sur cette question. « Face au manque de transparence et aux versions contradictoires de la justice, nous demandons des enquêtes indépendantes d’une délégation internationale, avec des médecins légistes », a déclaré Mahmood Amiry-Moghaddam.

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