Cette publication faite le 21 octobre par ces climatologues de renom a de quoi vous glacer le sang. Elle était adressée aux dirigeants du Conseil nordique, réunis une semaine plus tard à Reykjavik.
Dans ce document, les scientifiques préviennent que l’effondrement de la circulation méridionale de renversement de l’Atlantique (AMOC) pourrait entraîner des « impacts dévastateurs et irréversibles » qui affecteraient « le monde entier pour les siècles à venir ». viens “. Parmi ces courants, il y a notre cher Gulfstream.
Les conséquences climatiques qui en résulteraient pourraient plonger l’Europe du Nord, y compris le Royaume-Uni et nos régions, dans une « nouvelle ère glaciaire », avec des températures hivernales tombant jusqu’à 15 degrés en dessous de la moyenne actuelle. La dernière période glaciaire qu’a connue la Terre, rappellent les scientifiques, remonte à environ… 12 000 ans avec des températures qui avaient chuté jusqu’à 10° en Europe occidentale.
Sur quoi s’appuient ces climatologues pour tirer la sonnette d’alarme ? Il faut voir l’AMOC comme une sorte de tapis roulant océanique géant. Lorsque l’eau chaude se déplace vers le nord depuis les tropiques, elle atteint la glace marine autour du Groenland et des pays nordiques. Il refroidit et devient beaucoup plus salé. À mesure que l’eau se refroidit, elle devient plus dense et coule rapidement vers le fond de l’océan. Ensuite, il retourne vers le sud avant de se réchauffer à nouveau et de remonter à la surface. Cependant, des études suggèrent que ce « moteur en eau profonde AMOC » a commencé à ralentir et montre des signes inquiétants de panne totale.
« Un sujet délicat »
C’est ici que le réchauffement climatique entre à nouveau en jeu. En effet, à mesure que les températures mondiales augmentent, la fonte des glaces déverse de l’eau douce dans les océans, diluant l’eau salée plus dense et l’empêchant de couler. Le GIEC avait évalué ce risque mais pensait qu’il ne se réaliserait pas avant 2100. Dans la lettre des experts, il est affirmé qu’il était largement sous-estimé. Il pourrait donc arriver bien plus tôt que prévu. “Même avec une probabilité moyenne d’occurrence, étant donné que le résultat serait catastrophique et aurait un impact sur le monde entier pendant des siècles à venir, nous pensons qu’il faut faire davantage pour minimiser ce risque”, écrivent l’ensemble de ces climatologues mondiaux.
Un effondrement du Gulfstream pourrait « potentiellement menacer la viabilité de l’agriculture dans le nord-ouest de l’Europe ». Qu’en pense-t-on en Belgique où aucun climatologue n’a signé cette lettre ? « J’ai lu des publications où l’on évoque la possibilité d’un ralentissement du Gulfstream. C’est un sujet délicat car, au niveau de l’analyse, cette possibilité ne me semble pas prédominante », répond Pascal Mormal, de l’IRM. En fait, dit-il, la situation climatique est déjà suffisamment grave pour empirer. « A priori, la ligne de ralentissement n’est pas assez grande pour arrêter le mécanisme actuel. Vous savez, des études avaient évoqué une fonte totale des glaces pour 2020, voire 2024. Ce qui n’est pas le cas. Je ne dis pas ici que l’étude sur l’effondrement du système est de mauvaise qualité, mais nous avons des réserves sur la rapidité avec laquelle cela pourrait se produire.
Un climat continental
De son côté, Luc Trullemans souligne qu’il n’est « que » un prévisionniste à 15 jours au maximum. « Et donc je ne sais pas ce qui se passe dans les bas-fonds de l’Atlantique, mais comme tous les météorologues, je lis les études. Si l’AMOC s’affaiblissait, l’été ici serait plus chaud et l’hiver plus froid. La raison à cela ? « Nous aurions davantage de courants venant des régions orientales de l’Europe, des courants secs. Nous aurions, en quelque sorte, une « continentalisation » de notre climat.» Avec des températures qui chutent de 15 degrés en hiver par rapport à la normale ? «Il ne faut pas exagérer, mais tout dépendra du froid en Europe de l’Est. Au moment où je vous parle, nous avons des vents d’est et il fait sec mais pas froid. En termes de précipitations, je ne vois rien au moins jusqu’au 10 novembre.»
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