“Justice a été rendue, le souvenir d’Amandine reste très présent, je suis extrêmement fatiguée, vidée. Ce sont des moments vraiment très difficiles», a déclaré à l’issue du procès Frédéric Flores, le père d’Amandine.
Après cinq jours de procès et deux heures et demie de délibéré, les trois magistrats professionnels et les six jurés populaires tirés au sort (cinq femmes et un homme) ont également condamné à 20 ans de prison pénale son ex-compagnon, Jean-Michel Cros. pour avoir privé sa belle-fille de soins jusqu’à sa mort.
Pour Sandrine Pissarra, 54 ans, reconnue coupable de violences et d’actes de torture et de barbarie, le verdict est conforme au réquisitoire de l’avocat général, Jean-Marie Beney, qui avait estimé que pour cette mère de huit enfants, «Tyran domestique, dictateur des intérieurs, bourreau d’Amandine», Il n’y avait pas d’autres sanctions possibles. Le représentant du ministère public avait en revanche réclamé une peine légèrement inférieure -18 ans de réclusion- contre Jean-Michel Cros, 49 ans, « collaborateur lâche » du « système Pissarra ».
Le 6 août 2020, jour de son décès d’un arrêt cardiaque et d’un sepsis, au domicile familial de Montblanc, près de Béziers (sud-ouest), le collège collégial, enfermé depuis des semaines dans une fenêtre et un stockage privé, ne pesait que 28 kg pour 1,55 m. “”Je veux m’excuser auprès de mes enfants, c’est tout“, A déclaré Mme Pissarra en début d’après-midi, invitée à prendre la parole une dernière fois. “je n’ai rien à ajouter», s’est contenté de répondre M. Cros.
« Torture blanche »
“Depuis cinq jours, vous êtes entré dans l’horreur, l’impensable, l’inexprimable… (…) vous êtes entré dans le système Pissarra, dans la dictature familiale, un monde inimaginable, mis en place depuis plus de 15 ans. Vous avez découvert que, depuis son plus jeune âge, Amandine donne des coups de poing, des coups de pied, des relances, des arrachages de cheveux, des cris répétés, des insultes, des bousculades.“, avait déclaré l’avocat général dans son réquisitoire.”Ensuite, comme dans tout système dictatorial, il convient de détruire la personnalité de la victime, pour la réduire à ce que l’on souhaite. Il y a la violence, les lignes à copier, les sermons sans fin« .
Il y a aussi une responsabilité collective
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“Passons ensuite à la torture blanche : l’isolement, qui vise à réduire la perception spatiale et temporelle d’un individu. Torture blanche, combinée à un peu de torture physique, à genoux sur le rouleau, et pire encore, la nudité obligée d’un adolescent de 13 ans», a détaillé le magistrat.Le bug, c’est la mort d’Amandine, ce n’était pas prévu. Mais comme il est hors de question qu’il se trouve en bas, dans son cugibi, il est en hausse au deuxième étage, là où se trouve la douche. Comme elle n’est pas encore morte, mais que c’est imminent, on va la nourrir un peu, la laver, l’habiller, on va -commencer qu’elle se gratte depuis des jours et des jours, au point que la septicémie s’est installée-mettre une sorte de pommade pour essayer de penser qu’on l’avait quand même traité« .
« Une peine juste et raisonnable »
“Et puis, la professionnelle des ongles (Mme Pissarra, ndlr) va penser à quelque chose qui a marqué tout le monde, on va lui faire les ongles», a même expliqué M. Beney. Le système, »On aurait pu l’affaiblir, le faire tomber, avant qu’il prenne le plein pouvoir», a plaidé l’un des avocats de Sandrine Pissarra, Me Louis Dolez, en allusion aux adultes (ex-conjoints, amis, voisins, médecins, assistants sociaux, enseignants ou magistrats) qui ont croisé la route d’Amandine sans prendre la mesure de sa souffrance. ou agir efficacement pour y mettre fin.
S’il y en a un “responsabilité individuelle« incontestable »,Il y a aussi une responsabilité collective», avait également pointé Me Jean-Marc Darrigade, son autre avocat, demandant un «Singaire juste, raisonnable“, ce qui lui aurait permis de”revenir“Sans être”une vieille dame« .
“Une fois hors de la sujétion de Mme Pissarra, Jean-Michel Cros est-il un homme dangereux ? La réponse est non. Alors tends la main», avait plaidé de son côté Me Grégoire Mercier, pour l’ex-compagnon de Mme Pissarra. Des arguments que le tribunal n’a donc pas suivis.
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