qu’est-ce que Trump a signé exactement ?

Le président américain Donald Trump a adopté 200 mesures exécutives, signant des décrets, des proclamations et des mémorandums, quelques heures seulement après son investiture, selon l’étude de la Maison Blanche. Par ses multiples traits de plume, il a effacé de larges pans de l’héritage de son prédécesseur démocrate et a commencé à laisser son empreinte dans le pays.

Retrait des Etats-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), report de 75 jours de la suspension de TikTok, création du “département de l’efficacité gouvernementale”, interdiction du télétravail pour les fonctionnaires, stipulation qu’il n’y en a que deux genres, décision de mettre les gens avant le poisson (un mémorandum destiné à « mettre fin à l’écologiste radical pour fournir de l’eau à la Californie du Sud) » : au premier jour de son deuxième mandat, le 47e président américain a utilisé sa plume avec énergie, signant de son nom de nombreux documents à très large portée.

Selon le Washington Postle 47e président a spécifiquement publié un nombre record de 26 décrets le premier jour de son mandat, soit trois fois plus que son prédécesseur Joe Biden à la même date l’année dernière.

Plusieurs de ses actions seront probablement contestées devant les tribunaux – certaines procédures judiciaires ont même déjà été lancées.

Voici cinq actions exécutives qui retiennent l’attention.


Déclarer une urgence nationale à la frontière sud

La déclaration appelle au déploiement de troupes et d’équipements à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

Photo : Getty Images / HERIKA MARTINEZ

Plusieurs documents signés par Donald Trump ciblent l’immigration clandestine, pierre angulaire de son programme électoral, avec notamment la proclamation d’une urgence nationale à la frontière avec le Mexique.

Il est de ma responsabilité en tant que président de veiller à ce que l’entrée illégale d’étrangers aux États-Unis par la frontière sud soit immédiatement et complètement stoppée.a-t-il décrété dans la proclamation, où il déplorait un invasion qui a causé le chaos.

La souveraineté américaine est menacée.

Une citation de Extrait d’une proclamation signée par Donald Trump

La déclaration comprend le déploiement de troupes et d’équipements, notamment de systèmes aériens sans pilote, à la frontière sud et l’ajout de barrières physiques pour renforcer la sécurité du pays.

Un décret dédié à la protection des frontières prévoit l’expulsion des étrangers qui entrent ou séjournent illégalement aux États-Unis et la construction d’un mur ; un autre statut selon lequel les forces armées américaines doivent donner la priorité à la défense de la souveraineté territoriale à la frontière.

Un troisième décret vise à protéger le peuple américain de l’invasion migratoire.


Limiter la portée du droit foncier

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Un garçon né aux États-Unis de parents migrants en situation irrégulière (Photo d’archive)

Photo : Associated Press / Éric Gay

Un autre des décrets sur la migration vise à limiter la portée du droit au sol, qui confère à toute personne née sur le territoire américain le droit d’obtenir la nationalité américaine, en vertu du 14e amendement de la Constitution, dont Donald Trump conteste l’interprétation habituelle.

Cette mesure exécutive vise à restreindre la citoyenneté américaine aux personnes nées aux États-Unis dont au moins un parent est citoyen américain ou résident permanent.

Le décret doit s’appliquer aux personnes nées à compter du 30ème jour suivant sa signature. Déjà, elle est contestée devant les tribunaux : elle fait l’objet d’au moins quatre procès, lancés notamment par des Etats dirigés par des démocrates.

Avec le District de Columbia et la Ville de San Francisco, 18 États ont engagé des poursuites judiciaires devant un tribunal fédéral du Massachusetts. Quatre autres États ont intenté une action en justice dans l’État de Washington. Deux autres poursuites ont été intentées par divers groupes de défense des migrants.

Le bureau du procureur général du Massachusetts, Andrea Joy Campbell, parmi les plaignants qui jugent l’ordonnance inconstitutionnelle, estime qu’elle priverait chaque année plus de 150 000 enfants du droit à la citoyenneté américaine.


Pardon au Capitole prenant d’assaut les émeutiers

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Un homme encourage les gens à envahir le Capitole américain alors que les partisans de Trump affrontent la police et les forces de sécurité, à Washington, le 6 janvier 2021.

Photo : Getty Images / AFP / JOSEPH PREZIOSO

Un peu plus de quatre ans après l’assaut du Capitole qui a secoué le pays, ceux que Donald Trump a souvent qualifiés deotages ont obtenu la clémence de l’homme politique dont ils contestaient la défaite, notamment ce fameux 6 janvier 2021.

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Par proclamation, il a accordé une grâce présidentielle à la quasi-totalité des quelque 1 600 personnes poursuivies pour leur participation à cet attentat, dont plusieurs émeutiers qui s’en sont pris à des policiers.

Cette proclamation met fin à une grave injustice nationale perpétrée contre le peuple américain au cours des quatre dernières années et entame un processus de réconciliation nationale.

Une citation de Extrait d’une proclamation signée par Donald Trump

Selon le New York Timesprès de 1 000 individus, par exemple poursuivis pour avoir pénétré illégalement dans le bâtiment ou violé l’enceinte du Capitole, n’avaient pas engagé d’action violente.

Toutefois, plus de 600 autres personnes ont été accusées d’actes plus graves, notamment d’entrave à l’action des forces de l’ordre ou d’agression. Près d’un tiers ont été accusés d’avoir utilisé des armes telles que des bâtons de baseball, de hockey ou des planches de bois.

Donald Trump a également commué les peines de 14 membres des milices d’extrême droite Proud Boys et Oath Keepers, dont la majorité ont été reconnus coupables de complot séditieux.

Plusieurs émeutiers condamnés à la prison ont déjà été libérés.

Donald Trump a également ordonné au ministère de la Justice d’abandonner les poursuites en cours.


Déclarer une urgence énergétique nationale

Une pompe à huile en fonctionnement dans le bassin permien près de Midland, Texas, le 3 mai 2017.

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Donald Trump a déclaré une urgence énergétique nationale. (Photo d’archives)

Photo : Reuters / Ernest Scheyder

Par décret, Donald Trump a déclaré l’urgence énergétique nationale, l’une des nombreuses mesures prises lundi pour favoriser les énergies fossiles.

Nous allons forer, forer et forer encore.

Une citation de Donald Trump, lors de son discours d’investiture, le 20 janvier 2025

D’autres décrets et mesures exécutives, par exemple, lèvent les restrictions sur le forage en Alaska et éliminent les restrictions sur l’exportation de gaz naturel liquéfié.

Dans le même temps, Donald Trump a neutralisé d’autres actions de son prédécesseur pour lutter contre le réchauffement climatique, par exemple en abandonnant les politiques de l’administration Biden favorisant l’augmentation de la production de véhicules électriques.

Comme en 2017, il a en outre annoncé le retrait américain de l’Accord de Paris sur le climat, auquel les États-Unis avaient réadhéré sous le 46e président.


Renommer le golfe du Mexique « Golfe d’Amérique »

La côte est envahie par l'eau.

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Le fleuve Mississippi et le golfe du Mexique près de la Nouvelle-Orléans

Photo: - / Michel Labrecque

La zone autrefois connue sous le nom de Golfe du Mexique sera désormais appelé le Golfe américain, a tranché Donald Trump, invoquant l’importance historique, touristique et économique – notamment en raison de la pêche et des réserves pétrolières et gazières – du Golfe pour les États-Unis.

Il ordonne ainsi au secrétaire de l’Intérieur de supprimer toutes les références au golfe du Mexique et à l’American Board on Geographic Names de veiller à ce que toutes les références à cette zone reflètent son nouveau nom, y compris sur les cartes géographiques, les contrats et autres documents.

Cette décision n’a évidemment aucun effet sur la communauté internationale, qui pourra continuer à parler du golfe du Mexique.

Le décret, intitulé Restaurer les noms qui honorent la grandeur américaineenvisage également de donner au mont Denali, en Alaska, son ancien nom de mont McKinley, en hommage à l’ancien président américain William McKinley, annulant ainsi une décision du président démocrate Barack Obama.

Avec des informations du Washington Post, The Guardian et Reuters

 
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