Le réveillon du Nouvel An n’a pas été aussi mouvementé que le disent les médias ?
La situation est plus nuancée. Premièrement, concernant les chiffres communiqués, j’ai lu et entendu qu’une soixantaine de véhicules ont été incendiés à Bruxelles. Nous avons été très surpris car en réalité, 27 véhicules ont été incendiés. C’est évidemment encore 27 de trop, mais on est loin des 60 annoncés dans la presse. C’est surtout dans le nord du pays que ces chiffres ont fait réagir. Il est nécessaire de rétablir la vérité, d’autant que, globalement, tout s’est relativement bien passé en Région bruxelloise, avec peu de plaintes enregistrées. Or, cela ne doit pas masquer un autre problème qui nous préoccupe : la multiplication et surtout la violence de l’usage des feux d’artifice visant les policiers, mais aussi les pompiers et le personnel soignant.
« Il s’agit d’un incident isolé mais nous comptons sur la justice pour qu’elle soit sévère envers les personnes qui ont frappé des policiers »
Est-ce un nouveau problème ?
Les premiers signaux datent de fin 2023 et des rassemblements problématiques qui ont eu lieu après certains matchs de football lors de la Coupe du monde au Qatar. Je ne parle pas des gens qui utilisaient ces feux d’artifice pour faire la fête, mais de ceux qui trouvaient amusant d’attaquer tout ce qui pouvait être considéré comme une autorité, la police en particulier. Je pense que depuis ce moment-là, il y a eu, pour certains jeunes, une sorte de déclic. Ils se sont rendu compte que ces feux d’artifice et pétards – on parle souvent des Cobra 8, mais il existe d’autres modèles – sont faciles à trouver sur Internet et peuvent faire beaucoup de dégâts en quelques instants. Ils ont réalisé qu’ils avaient accès à des armes « faciles à utiliser ». C’est terrible.
Acquittement des policiers condamnés en première instance pour des faits de violences sur trois jeunes Anglais à Saint-Gilles
La situation est-elle devenue plus grave ?
Je vais être honnête avec vous : cibler les policiers n’est pas du tout nouveau. C’est sans doute une manière de contester symboliquement l’uniforme. Je ne vais pas dire que je comprends, pas du tout, mais il y a une certaine « logique » dans la tête de certains de ces jeunes. Mais notre constat – et celui-ci s’accentue d’année en année – est que les pompiers et les membres des secours médicaux d’urgence sont également de plus en plus visés. Les transports en commun aussi. Mais pourquoi ces jeunes font-ils cela ? Que peut-il se passer dans leur tête ? Je pense que c’est une question à poser aux spécialistes car il faut comprendre. Si nous ne faisons rien, que se passera-t-il ensuite ? Des écoles ? Des hôpitaux ? Par ailleurs, d’après ce que l’on constate également sur la base des arrestations, il s’agit de jeunes domiciliés à Bruxelles et qui y sont nés pour la plupart. Ce sont donc les Bruxellois qui s’en prennent à ceux qui veillent sur leur propre ville. Je ne comprends absolument pas pourquoi.
-Bruxelles est-elle la seule ville touchée par ces chahuts de fin d’année ?
On entend souvent dire que cela arrive souvent à Bruxelles et en fin d’année. Mais ce n’est pas juste. Nous avons constaté que cela se produit de plus en plus souvent tout au long de l’année. Mais cela se produit également dans certaines villes de Wallonie et de Flandre, dont Anvers.
Bruxelles : une jeune fille grièvement blessée à la main par un « pétard »
Ces pétards sont interdits à la vente, leur utilisation est illégale. Que penses-tu faire ?
Le problème vient notamment du fait que, même si ces pétards sont effectivement interdits à la vente, on les trouve facilement sur des sites Internet, principalement originaires de Pologne et d’Italie. Peut-être faudrait-il envisager des collaborations avec les polices d’autres pays, un peu comme pour le trafic de drogue. Certaines associations travaillent professionnellement auprès de ces jeunes. C’est très bien, mais ce n’est pas suffisant. Je suis policier, je ne vais pas me mettre à organiser des matchs de foot pour occuper ces jeunes. Les autorités doivent prendre conscience que nous sommes confrontés à un phénomène grave et en pleine expansion.
-> Lire la suite de notre dossier : “Certains jeunes n’ont plus conscience de la gravité de leurs actes”
