EÉleveuse de vaches laitières à Mareuil-en-Périgord, Delphine Varaillon a déploré la perte de deux veaux début janvier. Deux restes qu’elle a dû garder près d’une semaine chez elle pendant plusieurs jours, dans sa ferme, en raison d’un « problème de communication » lié à l’équarrissage.
« J’ai appelé l’entreprise qui s’occupe habituellement de ça chez moi et j’ai été surpris lorsque la secrétaire m’a dit que ce n’était plus son entreprise qui était dans le secteur », rapporte l’agriculteur. . Toute une enquête s’ensuit pour enfin retrouver l’identité et le numéro des nouveaux équarrisseurs, puis se faire connaître pour enfin se débarrasser des cadavres de ces pauvres animaux.
Un nouveau fournisseur
Delphine Varaillon n’est pas la seule agricultrice à avoir rencontré ces difficultés en Dordogne. Depuis le 2 janvier, le standard de la Chambre départementale d’agriculture a reçu de nombreux appels d’éleveurs du Périgord Vert, du Terrassonnais et du Sarladais. Il s’avère que dans ces zones, le prestataire privé chargé de la collecte et de l’élimination des animaux morts en élevage a changé.
« Tous les deux ans, le marché de l’équarrissage fait l’objet d’un nouvel appel d’offres », explique la Chambre d’agriculture. Les négociations pour la période 2025-2027, qui se sont déroulées en décembre, ont abouti à l’arrivée de la Sopa, une entreprise qui prend désormais en charge l’équarrissage sur 31% du territoire départemental, principalement à l’Est. « Jusque-là, c’était Secanim qui intervenait sur la quasi-totalité de la Dordogne », explique Bruno Geneste, responsable de l’animation des filières animales à la Chambre d’agriculture, également directeur d’Asseldor, l’Association des éleveurs de Dordogne.
“C’est compliqué de garder comme ça des animaux morts dans sa ferme […]. Cela a un impact psychologique »
Le problème n’est pas le changement, mais le fait de ne pas l’avoir su. Depuis plusieurs jours, les éleveurs concernés se sont sentis perdus. Au-delà des conséquences sanitaires qui auraient pu en découler, « c’est compliqué de garder comme ça des animaux morts dans son exploitation, de les voir tous les jours », confie Delphine Varaillon. Cela a un impact psychologique. »
Certains éleveurs ont pointé du doigt la Chambre d’Agriculture. Qui affirme avoir communiqué l’information dès qu’elle l’a reçue (1), « tout comme le groupe de défense sanitaire [GDS] », specifies Bruno Geneste.
Les collectes ralenties
Alors, à qui la faute ? Ou plutôt à quoi ? « Un piratage informatique », répond Interveb, l’association nationale interprofessionnelle de l’élevage et de la viande qui suit de près l’organisation et le financement de l’équarrissage du bétail en France. “Depuis plusieurs semaines, les éleveurs de la zone Sud-Ouest et du Massif Central subissent les contrecoups de la suspension du logiciel Synel”, précise son service de presse. […] Ce système en ligne, indispensable à l’identification des bovins et des ovins, permet d’enregistrer les naissances, les décès et les départs des animaux vers les abattoirs. Cette interruption ralentit les collectes, puisque de nombreux éleveurs doivent désormais faire leurs demandes par téléphone. »
Interveb précise que « pour faire face à cette situation exceptionnelle, les rendus ont renforcé leurs équipes avec des moyens humains supplémentaires, afin d’assurer l’enregistrement rapide des demandes de retrait, généralement gérées automatiquement par le système informatique ».
(1) Toutes les informations concernant l’équarrissage en Dordogne peuvent être consultées sur le site dordogne.chambre-agriculture.fr.