Retour littéraire d’hiver/1. C’est la rentrée ! Au programme et dans les rayons des librairies, fin février, pas moins de 507 romans et nouvelles. Dans une première sélection, en toute subjectivité, Nous culte en a sélectionné sept aussi sensationnels qu’essentiels… Bonne lecture à tous !
Rentrée littéraire hivernale : 507 romans et nouvelles sont attendus d’ici fin février 2025
LE FAVORI
“Quand la terre était plate” de Jean-Claude Grumberg
Dans une récente interview, il a confié : «Ma mère n’a jamais rien demandé. Alors, je voulais lui rendre hommage. ». Ainsi, conteur, dramaturge et scénariste, réunissant les rares souvenirs de sa mère, de son enfance et des histoires de son frère, Jean-Claude Grumberg a écrit “Quand la terre était plate”un magnifique texte dédié à Suzanne, femme forte et libre.
Certes, tant de livres ont été écrits sur les mères, mais là, nous sommes avec Grumberg et cela change tout. Autre confidence de l’auteur : “Je me rends compte à quel point il est difficile de raconter une histoire vraie, surtout quand on ne la connaît pas”.
Ce que Grumberg sait de sa mère : elle est née à Paris en 1907 de parents galiciens (aujourd’hui Ukraine). Mariée à Zacharie qui ne reviendra jamais de“on ne sait pas où”elle élève seule ses deux fils, Maxime l’aîné et Jean-Claude, travaille, apprend à lire.
Dans cet hommage également à son frère Maxime, Grumberg raconte deux guerres mondiales, le temps du soupçon et de l’horreur, l’exil forcé de sa famille juive d’Europe de l’Est, les pogroms, la Shoah… Une confession signée Jean-Claude Grumberg : « Dans le storytelling, on invente pour dire la vérité » qui écrit aussi : “Quand tu ne sais pas par où commencer, commence par le début”. Et voici comment “Quand la terre était plate”un titre faisant référence aux paroles de Yahvé à Moïse, est le favori de cette rentrée littéraire hiver 2025 !
- “Quand la terre était plate” de Jean-Claude Grumberg. La Librairie du XXIe siècle / Seuil, 180 pages, 19 €.
ET AUSSI
« Vivre bas » de Jeanne Bénameur
Au bord de la mer, une femme, Marie, apparaît. Son fils, disparu à jamais après la traversée « la grande souffrance »le confia à son fidèle ami Jean. Il l’accompagne, toujours à distance respectueuse, jusqu’au village. Elle y rencontre un enfant – ce qui s’avère être une rencontre cruciale et qui fait tout le charme et la magie de « Vivre bas »le nouveau roman de Jeanne Benameur.
Dans ces pages sensibles, il y a du drame, de l’amour, de la transmission avec cette petite fille muette. Le roman de toutes ces vies silencieuses, de Marie, cette femme « mère et sainte » qui va à la rencontre d’une autre version d’elle-même, pour une liturgie qui ne restera que dans la mémoire des autres. Un texte émouvant avec émotion(s) et élégance.
- « Vivre » by Jeanne Benameur. Actes Sud, 210 pages, €19.50.
“Pas d’ici” d’Espérance Garçonnat
Allumé : “J’ai eu longtemps un nom dont je ne me souviens plus”. Ou encore : « Je suis tombé de ma vie comme d’autres tombent en se tordant la cheville. Je ne peux pas dire ce qui m’a amené si loin de tout”.
L’homme qui a prononcé ces mots a choisi de s’exiler à Fermagina, un village isolé d’une île italienne. Il ne veut plus être seulement une présence. Héros et narrateur de “Pas d’ici”le premier roman deEsperance BoynatAgée de 26 ans et née à Nancy, elle raconte le quotidien de cet homme en marge, ne souhaitant qu’être oublié et s’évader.
Dans cette ode à la joie, la question est posée : comment survivre à soi sans pouvoir devenir un autre ? La rédaction de Pas d’ici est catégorique : “Pas d’ici”c’est le nouveau “Bonjour tristesse”…
- “Pas d’ici” de l’Espérance Garçonnat. Rivages, 258 pages, 20,50 €.
“L’amour des hommes singuliers” de Victor Heringer
La belle et grande découverte de cette rentrée littéraire hiver 2025. Un roman, le deuxième, de l’écrivain, poète et photographe brésilien Victor Heringer joliment intitulé “L’amour des hommes singuliers”.
Né en 1988 et célébré au Brésil pour son travail, il a mis fin à ses jours en 2018. Dans son roman, il met en scène Camilo, un gamin de 13 ans qui vit à Rio.
White et fils d’un médecin, il est du bon côté de la barrière – sauf qu’il souffre d’un handicap à la jambe et a des difficultés à communiquer avec ses parents. Un jour, sans donner la moindre explication, le père ramène à la maison un “enfant des rues”– Cosme, beau, pauvre et fort… Une relation d’amour-haine s’installe entre les deux enfants. Un texte flottant entre Cortazar et Nabokov.
- “L’amour des hommes singuliers” by Victor Heringer. Translated by Hélène Mélo. Denoël, 210 pages, €20.
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“Ta promesse” par Camille Laurens
Elle lui demanda : “Je voudrais que tu me promettes de ne pas me trahir”. Il lui fait promettre de ne jamais écrire sur lui. Elle dit : « À mes yeux, c’était facile de tenir cette promesse, très facile. (…) Pour quoi ? Parce que les gens heureux n’ont pas d’histoire. ».
Claire Lancel est romancière, Gilles Fabian est spécialiste des marionnettes – elle est plus connue que lui, peu importe, ensemble, ils vivent dans l’amour et le bonheur. Il est jaloux, elle sort sans lui… Elle est assise dans son jardin à Hyères quand les gendarmes viennent la chercher, elle est couverte de sang – le sang de Gilles.
“Ta promesse”le nouveau roman de Camille Laurensa des allures de thriller – et bien plus encore : le romancier nous offre un texte implacable sur l’influence, cette nouvelle forme de domination…
- “Ta promesse” par Camille Laurens. Gallimard, 370 pages, 22,50 €.
“Trésor caché” par Pascal Quignard
Une des grandes joies de cette rentrée littéraire hiver 2025. Un nouveau roman toujours bluffant Pascal Quignard. Le titre simple : “Trésor caché”. Cela pourrait être banal, c’est délicatement excitant.
Une femme enterre son chat dans son jardin, elle y trouve un trésor. Elle va voyager. En Italie, elle rencontre un homme. En un an, sa vie a été transformée de fond en comble. Cela pourrait être banal, un roman d’un spécialiste de l’écrit. Mais ici, nous sommes en compagnie de Pascal Quignard.
L’éblouissement est garanti à chaque page, à chaque étage ! Et ça “Trésor caché”qui est-ce ? Qui sait, peut-être un jardin des merveilles, une rivière de beautés… ou encore la vieillesse et sa douceur. Peut-être même l’amour.
- “Trésor caché” by Pascal Quignard. Albin Michel, 306 pages, €21.90.
« Un magnifique perdant » par Florence Seyvos
Les années 1980 au Havre, Abidjan, Rome. Il fut un temps où les filles buvaient du gin en regardant le film » Rocheux ». C’est aussi l’époque où nous avons rencontré Jacques. Il a été absent longtemps, il est de retour, très malade – ce qui ne l’empêche pas de monter des projets de vie et d’autres projets. Il en parle à sa belle-fille. Jacques est, comme on dit, un « personnage », un « original ».
Dans « Un magnifique perdant »– le nouveau texte du romancier et scénariste Florence Seyvosil fait des affaires et surtout avec sa vie, il invente un spectacle permanent. Un soir de Noël, il arrive au Havre, impose ses règles de vie à la famille d’Anna, sa belle-fille. Est-ce un gentleman ? un clochard ? Et s’il n’était qu’un illusionniste se dirigeant inexorablement vers la faillite ?
Serge Bressan
