Guillaume Morano : La chute du régime Assad en Syrie, « une véritable occasion de se réjouir »
Pour Guillaume Morano, professeur de philosophie en classe préparatoire au lycée Montaigne de Mulhouse, la chute du dictateur Bachar al-Assad en Syrie, survenue le 8 décembre, est « une véritable occasion de se réjouir ». “C’est un peu personnel, mais pas exclusivement, car j’ai enseigné pendant trois ans au lycée français de Damas et j’y ai rencontré ma femme, mon enfant est né là-bas, j’ai beaucoup d’amis syriens, là-bas et en exil, il précise. C’était inattendu ! Aujourd’hui, la situation reste peut-être préoccupante, mais elle n’est plus aussi désespérée que sous l’ancien régime. Il existe des degrés de mal. »
Auteur de plusieurs ouvrages sur la place des nouvelles technologies dans la société, Guillaume Morano n’est ni technophobe ni technophile. Et à ses yeux, l’année 2024 n’incite guère à l’optimisme, « entre guerres, catastrophes climatiques, COP qui ne mènent nulle part… ». Mais, développe encore le philosophe, « le principe de la nouvelle année est de se réjouir presque sans raison. Il faut encore entretenir l’espoir. » Et d’ajouter : « S’il fallait le réduire à des raisons, ce seraient des prédictions. Mais il y a toujours dans l’espérance un acte de foi que l’on peut tenter de maintenir, au-delà du christianisme, dans une perspective humaniste. Comme l’amour, l’espoir a des raisons que la raison ignore… »
Myriam Wischlen Millasseau : que le grand handicap « soit pris en considération »
Myriam Wischlen Millasseau, présidente sélestadienne de l’association Jehm le sport, club multisports handisport pour enfants et adultes. À ce titre, elle a participé comme arbitre aux Jeux Paralympiques. «Je restais au village. Vivre ces deux semaines ensemble a été une belle expérience de cohésion. Nous avons vu que vivre ensemble était possible. Elle attend aussi beaucoup de la victoire d’Aurélie Aubert en boccia, en termes de visibilité pour ce sport, mais aussi pour les spécificités du handicap majeur. « J’espère qu’ils seront pris en considération. Un déplacement pour eux, c’est beaucoup de ressources humaines, un assistant, un soignant… Donc ça a un coût.
L’enjeu est de taille car cela permettrait à ce public de participer aux championnats ; l’argent est encore un obstacle aujourd’hui. « Certains de mes joueurs n’ont pas la possibilité de faire une carrière professionnelle, de participer sur le plan social, de participer à la politique. Le seul moyen pour eux d’atteindre leurs objectifs est le sport. J’espère donc que les autorités s’attaqueront au problème et que cela permettra aux sportifs de frapper aux portes de nos associations.
Myriam Wischlen Millasseau affirme qu’il y a encore des raisons d’espérer, « car chaque semaine je vis des choses exceptionnelles avec les gens qui viennent pratiquer, s’amuser. Nous voyons se créer un tissu social avec de grandes valeurs. Les gens sont solidaires les uns des autres. Au niveau sociétal, cela n’est peut-être pas visible, mais dans notre cas, oui. En revanche, le président « n’espère pas grand-chose » des autorités, que ce soit au niveau national ou local : « Elles sont trop éloignées de la réalité du terrain. Rien que d’avoir une salle pour un championnat de boccia à Strasbourg, c’est difficile… Nous n’avons aucun lien.»
Anne-Flore et Pierre-Luc Laemmel : l’agriculture, “un métier qui fait encore rêver”
Anne-Flore et Pierre-Luc Laemmel sont maraîchers et éleveurs de volailles à Wilwisheim, membres de la Confédération Paysanne d’Alsace. Leur année 2024 a été marquée par un climat très humide et une colère agricole. « Mais nous, à la ferme, sentons que les consommateurs sont de plus en plus conscients. Et si la profession est en crise (en six ans, nous sommes passés de 8 000 à 6 800 agriculteurs en Alsace), elle nous fait quand même rêver. De nombreuses personnes s’intéressent à l’agriculture et souhaitent devenir agriculteurs. C’est une raison d’espérer ! »
Autre motif d’espoir pour le couple : le débat en cours sur l’idée de sécurité alimentaire sociale. En 2025, une expérimentation dans ce domaine aura lieu dans le quartier Koenigshoffen à Strasbourg. “Il s’agit de permettre à chaque citoyen de disposer d’un budget alloué chaque mois pour avoir accès à une alimentation de qualité avec un système de cotisations.” Pour Anne-Flore et Pierre-Luc, cela résoudrait les problèmes aux deux extrémités de la chaîne : les agriculteurs qui « ne gagnent pas leur vie » et « les gens qui ne choisissent pas ce qu’ils mangent ».
Ils soulignent qu’une vingtaine d’organisations, « dont notre syndicat », travaillent sur le projet alsacien. « Comme pour la sécurité sociale à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce seront les consommateurs qui décideront quels aliments seront autorisés. Nous faisons le pari que les consommateurs, une fois bien informés, feront les bons choix.
Florian Kessler : « L’année de la mer est importante »
Florian Kessler, élève de terminale au lycée Deck à Guebwiller, a au moins une raison personnelle d’attendre 2025 avec impatience : « C’est l’année de mes 18 ans, une étape que tous les jeunes attendent ! La majorité signifie une nouvelle liberté et aussi plus de responsabilités. Un autre grand changement est la fin du lycée ! » Après « beaucoup d’hésitations » sur le choix de ses études supérieures, le jeune Meyenheimois, intéressé par les domaines de la diplomatie, de la politique et du droit, veut croire en « une année d’ambition et de réussite ».
Il est également féru de théâtre – il a même été à l’origine d’un club pour monter des pièces de théâtre au Pont, et a participé au conseil des délégués à la vie lycéenne (CVL) de son établissement. À ce titre, il a notamment participé à la convention citoyenne pour le climat, organisée en avril dernier au niveau académique. Florian Kessler se réjouit donc à l’idée que 2025 soit labellisée « année de la mer », avec une série d’événements prévus en France, notamment la troisième conférence des Nations Unies pour l’océan.
« C’est très important d’en parler, mais j’attends des actes, ça vaut mille mots ! Par exemple, expliquons davantage dans les écoles, collèges et lycées, l’importance de la mer. On retient surtout qu’il nous nourrit ou nous divertit, et nous le polluons, alors qu’il devrait être au centre de nos préoccupations. Alors, on peut croire à une année de changement, et même si ce n’est pas le cas, il ne faut pas perdre espoir ! »
Doris Ternoy : les progrès de la médecine, un motif de fierté
Des opportunités d’espoir pour 2025 ? « Ce n’est pas une mauvaise question, ce n’est pas si simple… », sourit Doris Ternoy, élue en 2020 à la tête de Breuschwickersheim, une commune de 1 300 habitants appartenant à l’Eurométropole de Strasbourg. En tant que maire, elle est impatiente d’inaugurer officiellement, le 12 septembre 2025, deux projets importants de son mandat, soit un parascolaire « digne de ce nom » pour 80 enfants, ainsi qu’une salle polyvalente entièrement rénovée, le tout en conformité aux normes du développement durable. « Mon discours est déjà prêt », glisse-t-elle.
Sur une note plus personnelle, Doris Ternoy se réjouit de la naissance à l’automne prochain du premier enfant d’un de ses trois fils, conçu par fécondation in vitro. “Nos jeunes produisent beaucoup moins de spermatozoïdes et ils souffrent de plus en plus d’infertilité”, ce que cet ancien ingénieur chimiste attribue à la multiplication des polluants dans l’environnement, au bisphénol A contenu dans le plastique des biberons “surchauffés au micro-ondes”. et autres perturbateurs endocriniens, sans oublier « la malbouffe dans les crèches… ». D’un côté, “la bêtise des humains qui détruisent la planète” et de l’autre, “les grandes avancées et l’excellence des soins qui peuvent faire la fierté de la médecine en France”, note-t-elle. . Non sans regretter, plus généralement, que « tout va tellement plus vite se détériorer que se diriger vers le positif ».
Véronique Laouer: on domestic violence, “let mentalities change”
« S’il y a encore de l’espoir, ce serait que les mentalités changent », déclare d’emblée Véronique Laouer, directrice de Solidarité femmes 68, une association impliquée dans la défense des femmes et enfants victimes de violences conjugales. .
« Dans mon domaine, il existe de nombreux systèmes. Ce n’est pas comme s’il n’y avait rien là-bas. Mais les gens n’utilisent pas ces outils parce qu’ils ne sont pas suffisamment formés pour le faire. C’est ce qui bloque. Elle raconte avoir été confrontée à une situation grave avant les vacances : « La protection de l’enfance, c’est juste incroyable ! On est loin du compte et pourtant c’est un service qui est censé être au goût du jour.
Véronique Laouer explique que la société, mais aussi de nombreux professionnels, ne comprennent pas encore ce qu’est la violence conjugale : « Ils pensent que c’est un conflit de couple, qu’il faut absolument raccommoder les gens avec le rêve d’un monde de Bisounours où chacun s’aime.
L’annonce par Emmanuel Macron le 28 décembre de la création d’un haut-commissariat à l’enfance constitue-t-elle, pour le directeur, une source d’espoir pour 2025 ? « Tout dépend de qui ils mettent à la tête de la structure ; les associations militent pour que ce soit Édouard Durand. Parce que si c’est juste pour donner du travail à quelqu’un et améliorer son image, cela ne servira à rien.»