Le musc hyperactif
L’ingérence d’Elon Musk dans la politique d’un pays étranger n’a rien de nouveau. Il a promis une aide financière au nationaliste britannique Nigel Farage, soutient l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro et la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni. Mais l’Allemagne est pour lui un terrain de jeu encore plus symbolique, puisqu’il y a ouvert la plus grande usine Tesla d’Europe.
“En tant que personne ayant réalisé des investissements importants dans le paysage industriel et technologique allemand, je pense avoir le droit de parler ouvertement de son orientation politique”, explique-t-il dans Le monde dimanche. Le nouveau conseiller de Donald Trump et futur chef d’un département chargé de l’efficacité gouvernementale, vante notamment la volonté de l’AfD de réduire la « surréglementation des marchés » et d’affaiblir l’Union européenne. Une position qui a provoqué une réaction de la part du leader du Parti chrétien-démocrate (CDU) Friedrich Merz pour qui Elon Musk semble avoir oublié qu’avec « l’AfD, la construction de son usine Tesla dans le Brandebourg n’aurait jamais eu lieu ». Cette méga-usine a bénéficié de nombreuses exemptions accordées par ceux-là mêmes qu’il critique, à savoir les sociaux-démocrates (SPD) et les chrétiens-démocrates (CDU). Quant à la sortie de l’UE et de l’euro, prônée par l’AfD, elle nuirait massivement à l’économie nationale, selon les représentants économiques.
« Elon Musk est obsédé par le déclin démographique des hommes blancs, au point de flirter avec les idées eugénistes »
Un cadeau de Noël pour l’AFD
“Elon Musk exerce une forme inhabituelle d’ingérence politique en Allemagne pour un chef d’entreprise étranger” note le politologue Tilman Mayer de l’Université de Bonn. “À mon avis, il a le droit de donner son avis. La question est de savoir si ses arguments sont bons. Cependant, je pense qu’il a tort et qu’il est mal informé sur ce que veut et ce qu’est l’AfD. Lui-même est trop libertaire par rapport à la base de ce parti qui affiche un sentiment anti-américain assez fort. Je ne suis pas sûr que le soutien d’Elon Musk ait un impact très visible sur les électeurs de l’AfD.» estime ce politologue. Du côté de l’AfD, en revanche, la plateforme de Musk est un cadeau de Noël inattendu, sur lequel sa tête de liste, Alice Weidel, surfe sans effort, se limitant à retweeter les messages du milliardaire américain.
Berlin reproche à Musk d’avoir tenté « d’influencer » les élections
Très critiqué par les partis traditionnels pour la publication de cette tribune, le quotidien Le monde, estime qu’il participe à la culture du débat. “A mon avis, il est prouvé que la stratégie consistant à faire taire, tabouer, ignorer, ne pas prendre en compte et critiquer ce parti dans son ensemble n’a pas fonctionné”, a expliqué jeudi son rédacteur en chef Philipp Burgard. « L’AfD est le deuxième parti dans les sondages au niveau national », rappelle-t-il, justifiant son choix éditorial. L’AfD est en effet créditée de 19% des intentions de vote pour les élections législatives du 23 février.