Trois jours après l’attaque à la voiture sur un marché de Noël attribuée à un médecin saoudien, l’extrême droite allemande et des manifestants “en colère” contre “l’instrumentalisation” politique du drame doivent manifester lundi à Magdebourg.
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23 décembre 2024 – 13h46
(Keystone-ATS) Même si les motivations du suspect restent floues, le carnage qui a fait cinq morts, dont un garçon de 9 ans, et plus de 200 blessés a placé les questions de sécurité et d’immigration au cœur de la campagne pour les législatives. attendue à partir du 23 février en Allemagne.
Le psychiatre saoudien Taleb Jawad al-Abdulmohsen, cinquante ans, arrêté vendredi soir, a exprimé des opinions hostiles à l’islam, sa colère contre les agents allemands de l’immigration et son soutien aux discours d’extrême droite sur l’islamisation de l’Europe.
L’Arabie saoudite avait déjà demandé à Berlin l’extradition du Saoudien, après avoir averti à plusieurs reprises qu’il “pourrait être dangereux”, a indiqué lundi à l’AFP une source proche du gouvernement de Riyad.
“Même si le contexte du terrible attentat de Magdebourg n’a pas encore été clarifié, une chose est claire : il y aura un ‘avant’ et un ‘après’ dans cette campagne électorale”, a jugé le journal populaire Bild, estimant que l’attentat sera recentrer « la campagne, jusqu’ici centrée sur la situation économique désastreuse de l’Allemagne », sur les questions de sécurité et de migration.
« Peur et colère »
L’Alternative pour l’Allemagne (AfD), parti nationaliste, prévoit de manifester à 16 heures dans cette ville du nord-est du pays, toujours sous le choc.
Parallèlement, une chaîne humaine organisée par l’initiative « Gib Hass keine Chance » (« Ne donnez aucune chance à la haine ») doit se former sur les lieux du drame, à proximité de l’église Johannis dont la place est recouverte d’une mer de bougies, fleurs multicolores et animaux empaillés en hommage aux victimes.
“Nous constatons avec horreur et colère que les gens veulent utiliser cet acte cruel à des fins politiques”, indique l’initiative.
Peu après l’attaque, l’AfD a dénoncé l’accueil de centaines de milliers de réfugiés dans le pays ces dernières années.
Alice Weidel, la coprésidente de ce parti d’opposition, a insisté lundi sur son compte X : “le débat sur les nouvelles lois sur la sécurité ne doit pas détourner l’attention du fait que Magdebourg n’aurait pas été possible sans une immigration incontrôlée”, écrit-elle.
Scholz sous pression
Le gouvernement d’Olaf Scholz a promis dimanche une enquête rapide et approfondie pour clarifier d’éventuelles erreurs des autorités dans la prévention de l’attaque.
La ministre de l’Intérieur Nancy Faeser ainsi que de hauts responsables seront entendus le 30 décembre par la commission des affaires intérieures du Bundestag, preuve de la pression accrue des députés sur la chancelière, à deux mois des élections anticipées.
Le profil de l’auteur présumé est intrigant : Mina Ahadi, présidente du Conseil central des anciens musulmans, le décrit comme un « psychopathe complotiste d’ultra-droite » qui déteste tous ceux qui ne partagent pas sa haine.
Et selon des sources du journal local « Mitteldeutsche Zeitung », ses collègues doutaient de ses compétences médicales et le surnommaient « Docteur Google » car il consultait régulièrement Internet avant d’émettre un diagnostic.
Le débat porte également sur les mesures de sécurité prises par les autorités locales sur place. L’agresseur présumé a ainsi pu emprunter un chemin d’accès non sécurisé au marché de Noël, puis s’est précipité dans la foule à bord d’un puissant véhicule de location BMW.
La ville de Magdebourg s’est défendue en expliquant que cette ouverture était réservée aux ambulances ou aux pompiers en cas d’urgence.
Or, la sécurité des marchés de Noël avait été considérablement renforcée, notamment par l’installation de bornes en béton à leurs entrées, après un acte similaire commis il y a huit ans sur un marché de Noël à Berlin, qui avait fait 13 morts.
“Un concept de sécurité n’est aussi fort que son maillon le plus faible”, a déclaré Peter Neumann, expert en lutte contre le terrorisme à l’hebdomadaire Der Spiegel. « Si un point d’entrée n’est pas protégé, toutes les autres bornes en béton sont inutiles. »