Maïté, la célèbre cuisinière du petit écran est décédée

Maïté, la célèbre cuisinière du petit écran est décédée
Maïté, la célèbre cuisinière du petit écran est décédée

Avec sa légendaire graisse de canard et sa « larme » d’Armagnac, Marie-Thérèse Ordonez était loin d’être un modèle de vertu diététique, mais sa bonne humeur énergique la transformait en égérie de l’authenticité et du terroir.

Entreprises gastronomiques, producteurs, traiteurs, viticulteurs, tout le monde s’en est emparé avant qu’il ne disparaisse des écrans à l’aube du XXIe siècle. Ses livres de recettes se sont vendus à des milliers d’exemplaires.

A ses débuts à la télévision en 1983, Marie-Thérèse Ordonez était bien connue dans son village de Rion-des-Landes dans le Sud-Ouest, où elle est née le 2 juin 1938. Cette fille de paysan y tenait un restaurant où étaient organisés des banquets de chasseurs. rivalisent avec les « troisièmes mi-- » des équipes de rugby.

Ortolan et langue de bœuf

C’est lors d’un reportage sportif qu’elle croise l’oeil d’un réalisateur, Patrice Bellot. Lorsqu’elle chante « La Dacquoise » en servant des pommes de terre persillées et que les murs tremblent, il est conquis : il tient la vedette de sa « Cuisine des Mousquetaires », projet de série lancé par Micheline Banzet, ancienne concertiste devenue productrice chez FR3.

L’idée est de ressusciter la cuisine de d’Artagnan en s’inspirant du « Grand Dictionnaire de la cuisine » d’Alexandre Dumas. Dans une cuisine rurale où le feu crépite, un fusil accroché à la cheminée et une casserole en cuivre accrochée au mur, Maïté préparera des plats à l’ancienne complètement en décalage avec les habitudes de l’époque, épaulée par Micheline Banzet-Lawton, qui décédé en 2020.

Les cheveux brossés, sa blouse immaculée protégée par un large tablier, Maïté tourne plusieurs scènes d’anthologie : à la lueur d’une bougie, on la voit « sucer le cul » d’un ortolan, éplucher une langue de bœuf, gratter le cou d’un vivant. le poulet avant de l’achever à la hache ; ou bien saigner, plumer et couper les magrets d’un canard, avant de préparer « une sanguette » avec le sang frais du webfoot.

Avec son grand couteau, elle perce les pattes du sanglier qu’on lui amène, le suspend à une échelle et le découpe prestement. «C’est tout un art», assure-t-elle en découpant sereinement un gigot d’agneau. « Si un jour vous faites du sanglier, achetez-le tout fait. C’est en général un travail d’homme ! Mais elle transpire à peine alors qu’elle lui perce la cuisse avec sa broche.

« Comme tout le monde »

On sent qu’elle est moins à l’aise avec les fruits de mer : elle confond volontiers moules et huîtres, et doit essayer plusieurs fois avec son pilon pour assommer une anguille – « Qu’est-ce qu’il ne faut pas aimer ? faire pour gagner sa vie ! – ou tremper des crevettes dans l’Armagnac pour les tuer – « Elles sont ivres, les salopes, les salopes ! ».

« Pour moi, la cuisine des Mousquetaires, c’est la cuisine des miracles », disait-elle dans les années 1980. «Je n’étais rien, rien, rien. J’ai quitté l’école à 14 ans, j’étais ouvrière, une femme comme tout le monde, encore moins que tout le monde, et avec cette nouvelle vie, je suis passée de coq à âne.

Sa lune de miel avec la télévision prend fin à la fin des années 1990 après des disputes au sein de l’équipe de « La Cuisine des Mousquetaires ». Retraitée dans son village natal, Maïté abandonne définitivement le petit écran. En 2015, son restaurant est mis en liquidation judiciaire.

Sa petite-fille Camille a suivi ses traces en devenant cuisinière, participant à l’émission télévisée Objectif Top Chef en 2018. En 2023, le média Actu Landes indiquait que Maïté souffrait d’une « maladie neurodégénérative ». Elle termine ses jours à l’Ehpad de Rion-des-Landes.

 
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