En Corée du Sud, après la destitution du président par le Parlement, le pays est plongé dans une crise politique sans précédent depuis 40 ans. Yoon Suk-yeol a déclaré la loi martiale le 3 décembre, avant de la retirer sous la pression de la rue et de l’opposition. Chaque soir depuis ce coup d’État, des manifestations sont organisées devant l’Assemblée nationale, car une première motion de destitution avait échoué, aggravant la colère du peuple, avant que la seconde ne soit adoptée samedi dernier.
De notre correspondant à Séoul,
Les défis sont nombreux. Le président déchu fait l’objet d’une enquête pour « rébellion ». L’immunité présidentielle ne peut rien contre cette accusation. S’il est reconnu coupable, il risque la prison à vie, et même, théoriquement, dans les textes, la peine de mort. La peine capitale est envisagée En fait aboli dans Corée du Sud puisque sa dernière application remonte à 1997. Le sort de Yoon Suk-yeol est entre les mains de la Cour constitutionnelle, qui a lancé sa procédure lundi. La Cour doit examiner la décision des députés. Samedi dernier, le Parlement a adopté une motion de révocation à son encontre, avec 204 voix, dont 12 de son propre parti.
Décision attendue de la Cour constitutionnelle
La Cour constitutionnelle dispose de six mois maximum pour rétablir Yoon Suk-yeol au pouvoir ou le destituer définitivement. Pour cela, six juges sur les neuf qui composent la Cour doivent se prononcer en faveur de la révocation. Toutefois, trois sièges sont actuellement vacants. L’accord des six juges est donc nécessaire pour révoquer le président. Mais l’opposition, avec le Parti démocrate, fait tout pour désigner le plus rapidement possible des candidats aux sièges vacants, afin de maximiser ses chances d’évincer Yoon Suk-yeol du pouvoir. Tandis que le parti présidentiel, le Power People Party, fait tout pour ralentir le processus. Argument principal : le Premier ministre Han Duck-soo, qui assure pour l’instant la fonction de ministre par intérim, n’aurait pas le pouvoir de nommer les juges que désigne l’Assemblée nationale.
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Arrestations en chaîne
Han Duck-soo pourrait également être arrêté pour complicité dans le coup d’État du 3 décembre, lorsque le président a instauré la loi martiale sur le territoire pour six heures. Car depuis, les mandats d’arrêt pleuvent contre les hommes de confiance de Yoon Suk-yeol. Le commandant en chef responsable pendant la loi martiale a été arrêté hier mardi. Avec trois lieutenants généraux et l’ancien ministre de la Défense, c’est le cinquième haut responsable que la police arrête ces deux dernières semaines.
Le Premier ministre, également menacé de poursuites, continue de travailler sur l’actualité. Si le tribunal confirme la mise en accusation de Yoon Suk-yeol, des élections devront avoir lieu dans les deux mois. Le nouveau président élu sera investi le lendemain des résultats. Le chef de l’Etat déchu refuse pour l’instant de coopérer aux deux enquêtes le visant. Il rejette depuis dimanche les convocations de la justice sud-coréenne. Les procureurs en charge menacent de l’arrêter s’il ne se présente pas samedi à son interrogatoire.
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