Paul Watson libéré après le refus du Danemark de l’extrader vers le Japon

Paul Watson libéré après le refus du Danemark de l’extrader vers le Japon
Paul Watson libéré après le refus du Danemark de l’extrader vers le Japon

(Copenhague) Paul Watson a été libéré mardi après que le Danemark a rejeté la demande d’extradition du Japon concernant le militant écologiste, affirmant que sa détention avait contribué à attirer l’attention sur « l’illégalité » de la chasse à la baleine.


Publié à 6h50

Mis à jour à 8h34

Camille BAS WOHLERT

Agence -

“Mon arrestation a attiré l’attention internationale sur la poursuite des opérations baleinières illégales au Japon”, a déclaré M. Watson dans un entretien vidéo avec l’AFP. “très en forme” pour son “premier jour de liberté depuis cinq mois”.

“Ces cinq mois ont été une prolongation de la campagne” contre la chasse à la baleine, a déclaré cet Américano-Canadien de 74 ans arrêté à Nuuk le 21 juillet après la relance d’une demande émise par le Japon en 2012 via une notice rouge d’Interpol.

Les autorités japonaises l’accusent d’être co-responsable des dégâts et blessures survenus à bord d’un baleinier japonais en 2010, dans le cadre d’une campagne menée par l’organisation Sea Shepherd.

Ils « ont l’audace de m’accuser de quelque chose de mineur. Mon véritable crime a été de dénoncer leurs opérations illégales», a insisté M. Watson qui était en route avec son navire sur Jean-Paul DeJoria pour intercepter un tout nouveau navire-usine baleinier japonais alors qu’il était arrêté.

Contactée par l’AFP, la diplomatie japonaise n’a pas réagi dans l’immédiat.

Le Danemark a fondé son refus sur « la durée totale de la détention de Paul Franklin Watson après son arrestation le 21 juillet 2024 et jusqu’à ce qu’une éventuelle décision d’extradition puisse être exécutée, et sur (le) fait que les faits pour lesquels l’extradition est demandée remontent à plus de 14 ans, ainsi que la nature des actes en général», selon la décision consultée par l’AFP.

“Le Japon a tenté de faire taire un homme dont le seul crime est d’avoir dénoncé l’illégalité du massacre industriel déguisé en recherche scientifique”, a réagi auprès de l’AFP un autre de ses avocats, M.e François Zimeray.

Paul Watson « pourra reprendre son action pour le respect de la nature, qui est aussi un combat pour l’humanité et la justice », a-t-il ajouté. “Nous sommes fiers d’avoir mené ce combat juridique et politique aux côtés de ses proches.”

Dans l’immédiat, Paul Watson retournera en où vit sa famille.

«C’est ce que je pense en ce moment. Et c’est bien d’être ici avant Noël parce que je ne les ai pas vus depuis juin », a-t-il déclaré.

“Le combat n’est pas terminé”

“Le combat n’est pas encore terminé”, a souligné un autre de ses conseillers.

“Il va falloir maintenant s’attaquer à la notice rouge et au mandat d’arrêt japonais, pour être sûrs que le capitaine Paul Watson pourra à nouveau voyager partout dans le monde, en toute sérénité, et ne plus jamais revivre un épisode similaire”, Jean Tamalet, du cabinet King & Spalding, a déclaré à l’AFP.

« Je ne devrais pas figurer sur cette liste », a insisté le militant. « La notice rouge d’Interpol est destinée aux tueurs en série, aux criminels de guerre et aux grands trafiquants de drogue. Personne ne figure sur cette liste pour intrusion sur une propriété privée.

La détention du militant, engagé depuis une cinquantaine d’années dans la défense des baleines et connu pour ses actions violentes, a suscité un élan de sympathie en France où les autorités avaient demandé au Danemark de ne pas l’extrader, ainsi que parmi les défenseurs de l’environnement.

« Quel soulagement ! » Je salue la libération de Paul Watson, après 149 jours de détention au Danemark. Bon retour à son peuple. La mobilisation collective a porté ses fruits », a déclaré la ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher sur X.

Outre la nature des poursuites qu’ils jugeaient infondées, ses défenseurs dénonçaient notamment la faillibilité du système judiciaire japonais.

Pour François Zimeray, au « Japon, il y a une présomption de culpabilité ». “Les procureurs sont fiers d’annoncer qu’ils ont un taux de condamnation de 99,6%”, a-t-il déploré.

Le gouvernement danois a pris ses distances avec ces affirmations.

“Cette décision ne signifie pas que le Danemark partage les inquiétudes exprimées dans certains milieux concernant le système juridique japonais et la protection des droits de l’homme au Japon dans le contexte de cette affaire spécifique”, a souligné le ministre. de la Justice danoise, Peter Hummelgaard, cité dans un communiqué.

« Le Japon est une société démocratique régie par l’État de droit qui respecte les droits humains fondamentaux », a-t-il écrit.

 
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