Selon l’édition 2023 du « Military Assessment » publié par l’Institut international d’études stratégiques [IISS] Implantée à Londres, l’armée taïwanaise compte actuellement environ 750 chars de conception ancienne, à savoir 300 M60A3 TTS « Patton » et 450 CM-11 « Brave Tiger », produits localement à partir d’un châssis M60 et d’une tourelle. du M48 équipé du système de conduite de tir du M1A1 Abrams.
En 2018, le ministère taïwanais de la Défense a annoncé son intention d’acquérir 108 chars M1A2T Abrams, 14 véhicules de dépannage M88A2 Hercules et 16 camions M1070A1 auprès des États-Unis. Un an plus tard, responsable des exportations de matériel militaire américain selon la procédure dite FMS [Foreign Military Sales]la Agence de Sécurité de Défense [DSCA] a donné son feu vert à cette vente dont le montant était alors estimé à environ 2 milliards de dollars.
Initialement, Taipei avait envisagé de se procurer au moins 200 M1A2 Abrams. Mais, ayant d’autres programmes militaires à financer, cette ambition a donc été revue à la baisse. En contrepartie, il a été décidé de moderniser les M60A3 TTS Patton, en les dotant d’un moteur plus puissant. [1000 chevaux au lieu de 750]un nouveau système de conduite de tir, un canon de 120 mm [à la place de celui de 105 mm]un ordinateur balistique et un dispositif de chargement automatique.
Quoi qu’il en soit, l’armée taïwanaise a dû se montrer patiente pour recevoir son premier M1A2T Abrams. Cinq ans après l’avis favorable de la DSCA, un premier lot de 38 chars vient d’être livré.
“Les chars M1A2 – le premier lot de 108 commandés en 2019 – sont arrivés dimanche soir à Taïwan et ont été transférés vers une base d’entraînement militaire à Hsinchu, au sud de Taipei”, a indiqué le ministère taïwanais de la Défense, ce 16 décembre.
Ce qui est un événement en soi puisque, comme le souligne l’agence de presse semi-officielle CNA, l’armée taïwanaise n’a pas reçu de nouveaux chars depuis au moins 30 ans.
Durant le premier mandat du président Donald Trump, et outre ces 108 chars M1A2 Abrams, Taïwan avait commandé un nombre important d’équipements et de munitions militaires d’origine américaine, dont 66 chasseurs-bombardiers F-16 « Viper », 135 missiles de croisière AGM-84 SLAM ER, 400 missiles antinavires RGM-84L-4 Harpoon Block II, 1649 missiles antichar [Javelin et Tow] et 11 systèmes d’artillerie M142 HIMARS [High Mobility Artillery Rocket System].
Cependant, avec les perturbations des chaînes d’approvisionnement provoquées par la pandémie de covid-19 et la priorité accordée par Washington à l’Ukraine et à Israël, les livraisons attendues par l’armée taïwanaise ont souvent pris du retard.
Ainsi, 11 systèmes M142 HIMARS ont été remis à l’armée taïwanaise par Lockheed-Martin en novembre dernier, soit quatre après la signature du bon de commande. A noter que Taipei compte en acquérir 18 de plus, l’achat des obusiers M119 ayant été annulé.
Quant à l’arrivée du premier M1A2 Abrams sur l’île, elle a suscité, comme on pouvait s’y attendre, des critiques de la part de la Chine. Ainsi, le ministère chinois des Affaires étrangères a exhorté Washington à « cesser d’armer Taiwan ». […] et soutenir les forces indépendantistes taïwanaises.
Et d’ajouter : « La tentative des autorités taïwanaises de rechercher l’indépendance par la force et l’aide étrangère est vouée à l’échec » et « la Chine défendra fermement sa souveraineté nationale, sa sécurité et son intégrité territoriale ».