La Cour constitutionnelle sud-coréenne a tenu sa première réunion lundi pour discuter du calendrier de la procédure de destitution contre Yoon Suk-yeol, le président évincé par le Parlement pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale. Elle a six mois pour se décider.
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16 décembre 2024 – 04:41
(Keystone-ATS) Si le tribunal valide la décision du Parlement de destituer le président sud-coréen, adoptée samedi soir par 204 voix contre 85, M. Yoon sera destitué et une élection présidentielle devra avoir lieu d’ici deux mois. Le gagnant sera investi le lendemain du résultat, sans la période de transition habituelle.
Durant cette période pouvant aller jusqu’à huit mois, le Premier ministre Han Duck-soo assurera l’intérim. Dans ses premiers mots en tant que dirigeant intérimaire, il s’est engagé à faire tout son possible pour garantir une « gouvernance stable ».
Peu de doute sur le résultat
Le président de la Cour constitutionnelle, Moon Hyung-bae, a promis peu après le vote une « procédure rapide et équitable ». Le tribunal compte normalement neuf juges, mais trois d’entre eux ont pris leur retraite en octobre sans être remplacés, en raison de l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays. Six voix étant nécessaires pour entériner une destitution, un jugement unanime sera nécessaire pour révoquer Yoon Suk-yeol.
Mais selon la plupart des experts, l’issue ne fait guère de doute, tant les violations de la constitution et de la loi reprochées à M. Yoon sont flagrantes.
Le chef de l’opposition Lee Jae-myung a déclaré dimanche qu’une décision rapide était “le seul moyen de limiter les troubles nationaux et d’alléger les souffrances du peuple”. Star politique empêtrée dans des affaires qui pourraient lui coûter son éligibilité, M. Lee fait figure de favori parmi les analystes en cas de nouvelle élection. En 2022, il a perdu contre M. Yoon avec la marge la plus étroite de l’histoire de la Corée du Sud.
Lee Jae-myung a été reconnu coupable en novembre de violation des lois électorales, mais le verdict a été suspendu. S’il est reconnu coupable, il ne pourra plus comparaître. S’il était toutefois élu avant la décision, les débats seraient interrompus, en raison de l’immunité présidentielle.
Enquête pour « rébellion »
Yoon Suk-yeol a stupéfié le pays en déclarant par surprise la loi martiale dans la nuit du 3 au 4 décembre et en envoyant l’armée au Parlement pour l’empêcher de siéger, avant de faire marche arrière à peine six heures plus tard sous la pression de l’Assemblée nationale et des manifestants.
Le chef de son Parti du pouvoir populaire (PPP), Han Dong-hoon, a annoncé sa démission lors d’une conférence de presse lundi, présentant ses « sincères excuses à tous ceux qui ont souffert à cause de la loi martiale ». M. Han avait publiquement soutenu la motion de destitution. “Je ne regrette toujours pas” son adoption, a-t-il assuré.
L’impopulaire dirigeant déchu, 63 ans, fait également l’objet d’une enquête pénale pour « rébellion », un crime théoriquement passible de la peine de mort. Il n’a plus le droit de quitter le pays. L’ancien procureur vedette a « refusé » de comparaître devant le tribunal dimanche, les procureurs ayant annoncé qu’ils le convoqueraient une seconde fois.
« Chef de la rébellion »
Si sa destitution était confirmée, il deviendrait le deuxième président sud-coréen officiellement démis de ses fonctions, après Park Geun-hye en 2017. Pour Mme Park, accusée de corruption, le tribunal a ratifié la décision du Parlement 92 jours après son vote.
Il existe cependant un précédent inverse. En mars 2004, les députés ont également adopté une motion de destitution contre Roh Moo-hyun, mais celle-ci a été invalidée deux mois plus tard par la Cour constitutionnelle.
La Corée du Nord, qui tarde à réagir depuis le début des troubles chez son voisin, a qualifié lundi Yoon Suk-yeol de « chef de la rébellion », selon l’agence officielle KCNA. Comme à son habitude, M. Yoon a également été qualifié de « marionnette » par les médias d’État nord-coréens, qui le considèrent comme étant sous la coupe des États-Unis d’Amérique.