Le pape a reconnu que la foi et la pratique sont en déclin en Europe, la Corse comptant 80 % de catholiques pour 350 000 habitants, selon le Vatican. “Aujourd’hui, notamment dans les pays européens, la question de Dieu semble s’estomper”, a-t-il admis, mettant toutefois en garde contre les analyses “hâtives” de ce déclin et les “jugements idéologiques qui opposent parfois, aujourd’hui encore, culture chrétienne et culture laïque”. Tout en se réjouissant également de la vigueur de la piété populaire en Méditerranée, le Pape s’est alarmé du « risque » qu’elle soit « contaminée » par des « croyances fatalistes ou superstitieuses » ou « instrumentalisée par des groupes qui entendent renforcer leur identité dans un cadre polémique ». manière, en alimentant les particularismes, les oppositions, les attitudes d’exclusion.
En Corse, un nouveau mouvement nationaliste d’extrême droite, Mossa Palatina, se targue de « réaffirmer la primauté du catholicisme » et assure que « la Corse ne sera jamais Lampedusa », cette île italienne où atterrissent de nombreux migrants ayant traversé la Méditerranée. Un discours à l’opposé de celui du pape, qui défend l’accueil des migrants.
« Voir le Pape est une consécration »
Une semaine après avoir évité la réouverture de Notre-Dame de Paris, malgré l’invitation du chef de l’Etat, le pape est arrivé à 8h50 à l’aéroport d’Ajaccio, sous un ciel bleu. Il y a été accueilli par le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau et un petit groupe d’enfants corses, au son de la musique corse.
Dans les rues de la principale ville de l’île, les fidèles se sont rassemblés dès l’aube pour voir le souverain pontife. Karine Nicolaï, 50 ans, s’est levée à 4 heures du matin pour prendre un train. « C’est super, franchement, il n’est jamais allé en Corse ! Jamais, jamais, jamais ! C’est historique !”, a-t-elle confié à l’AFPTV. Dans une autre rue, les fidèles étaient également sur le pied de guerre depuis 6h30, comme Vanina Poli, 57 ans : “Voir le Pape, c’est une consécration (…), je veux qu’il voie cette incroyable ferveur de la Corse !”, elle dit. Son compagnon René Courbis abonde dans le même sens : « En Corse, qu’on soit baptisé ou non, les événements religieux sont importants. Tout le monde va au cortège !
Après avoir présidé une prière à la cathédrale en fin de matinée et une messe dans l’après-midi, qui devrait rassembler 9.000 personnes au théâtre vert Casone, le pape repartira peu après 18 heures, selon le Saint-Siège, après un entretien à l’aéroport avec Emmanuel Macron.
La visite a été annoncée tardivement, fin novembre, ce qui nous a obligé à redoubler d’efforts pour accueillir les dizaines de milliers de personnes attendues. Banderoles jaunes et blanches (les couleurs du drapeau du Vatican) dans les rues, façade de la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption repeinte, interdictions massives de stationner, 2 200 renforts déployés pour la sécurité : la ville s’est préparée.
Le pape a été invité en Corse par Mgr François-Xavier Bustillo, 56 ans, évêque d’Ajaccio très populaire et médiatique, qu’il avait créé cardinal en septembre 2023. « Le diocèse est pauvre, la Corse n’est pas riche » mais Grâce à la générosité des entreprises et des fidèles, “nous obtiendrons un accueil digne du pape”, a-t-il déclaré à l’AFP. Merci également à la “solidarité nationale” française, a déclaré le préfet de Corse, Jérôme Filippini, qui estime le coût de cette visite de quelques heures à “plusieurs millions d’euros”.
Le chef de l’Église catholique s’est déjà rendu à deux reprises sur le territoire français depuis le début de son pontificat en 2013, à Strasbourg en 2014 et à Marseille en septembre 2023, mais n’y a jamais effectué de visite d’État. . Ce déplacement en Corse sera son 47e déplacement international depuis son élection et le troisième en 2024.