Qu’est-ce que HTS, un groupe autrefois lié à Al-Qaïda à la tête de la rébellion du nord de la Syrie ?

Qu’est-ce que HTS, un groupe autrefois lié à Al-Qaïda à la tête de la rébellion du nord de la Syrie ?
Qu’est-ce que HTS, un groupe autrefois lié à Al-Qaïda à la tête de la rébellion du nord de la Syrie ?
La Russie et l’Iran expriment leur “extrême inquiétude face à la dangereuse escalade de la situation en Syrie”

Début 2019, il a pris le contrôle de la majorité de la province d’Idlib (nord-ouest) au détriment des autres groupes rebelles. Et il a créé un « gouvernement de salut », qui contrôle l’économie d’Idlib et auquel la plupart des juges nommés sont fidèles.

« Les rebelles ont commencé à mettre en place des structures de proto-gouvernance », note le Soufan Center, basé à New York. «Certains de ces efforts datent de plusieurs années, avec des tentatives sophistiquées visant à subventionner les prix des denrées alimentaires et à stabiliser les secteurs bancaire et énergétique.»

Avec les agences de l’ONU, le gouvernement de salut “assure des services essentiels à la population”, a expliqué à l’AFP Jérôme Drevon, expert en jihadisme pour l’ICG. Et même si certains le jugent autoritaire, « il assure une gouvernance homogène qui contraste avec les autres régions syriennes ».

“Groupe d’insurgés”

Mi-2023, le journaliste français Wassim Nasr a rencontré le chef du HTS, Abou Muhammad al-Joulani, dans la province d’Idlib.

« Lui et son groupe ne sont plus engagés dans le jihad international (…). Ils considèrent que cela « n’apporte que destruction et échec » », a-t-il expliqué à son retour au magazine CTC Sentinel de l’académie. L’armée américaine de West Point.

« Les filles vont à l’école, les femmes conduisent, on voit des gens fumer dans la rue. Bien sûr, ils sont loin d’épouser les valeurs démocratiques ou celles d’une société libérale, mais c’est un changement.»

Une évolution qui, selon Jérôme Drevon, a prouvé sa sincérité. “En janvier 2017, on pouvait se demander s’il s’agissait d’une manœuvre tactique d’Al-Qaïda pour éviter d’attirer l’attention de pays comme les Etats-Unis” sur HTS, rappelle-t-il. “Mais désormais, il se comporte comme un groupe insurgé”, sans “la dimension du terrorisme international”.

La Russie se permet d’aider la Syrie, à condition de ne pas entraver son effort de guerre en Ukraine.

Pour lui, ce virage idéologique et sa puissance face au régime de Bachar al-Assad devraient pousser les Occidentaux « à reconsidérer leur relation » avec HTS.

Si ce groupe reste considéré comme terroriste par l’ONU, les Etats-Unis et certains pays européens, “il faudra trouver les moyens de gérer cette situation, y compris en ouvrant le dialogue”, estime l’analyste.

Mais plusieurs observateurs appellent à la prudence, affirmant que Hayat Tahrir al-Sham reste fondamentalement un groupe islamiste radical, dans un contexte syrien aussi complexe que changeant.

“Opportuniste”

« Le groupe a démontré qu’il était incroyablement opportuniste dans ses alliances et allégeances », souligne Tammy Palacios, chargée de la lutte antiterroriste à l’Institut New Lines, convaincue qu’il restera une « organisation djihadiste tant que sa direction ne mettra pas réellement fin à ses actes ». ses liens avec des groupes plus radicaux et des djihadistes.

Sa transition autoproclamée “n’est pas forcément partagée par tous ses membres” et il “continue de graviter autour des intérêts et des objectifs majeurs d’Al-Qaïda”, a-t-elle expliqué à l’AFP.

Le risque jihadiste dans le nord de la Syrie reste immense à cet égard. « Le HTS peut être fait avec Al-Qaïda, mais Al-Qaïda n’en a pas fini avec le HTS. »

Par ailleurs, la participation à la rébellion d’« organisations terroristes suscite des inquiétudes », prévient le Centre Soufan.

Un peu à l’image des talibans, dirigeants de facto de l’Afghanistan depuis l’été 2021 mais toujours non reconnus comme tels par la communauté internationale, HTS risque donc de peiner à sortir des listes occidentales d’organisations terroristes.

Syrie : la Russie affirme aider l’armée syrienne à « repousser » les rebelles dans trois provinces du nord

Une position que l’Allemand Hans-Jakob Schindler, directeur du groupe de réflexion Counter Extremism Project (CEP) et ancien expert au Conseil de sécurité des Nations Unies, estime justifiée.

« S’il faut demander la permission aux dirigeants d’Al-Qaïda avant de rompre les liens avec eux, la sincérité de la réorientation idéologique est remise en question », note-t-il.

Il rappelle que HTS a également « glorifié les attentats du Hamas » contre Israël le 7 octobre 2023 et que des jihadistes européens en parlent parfois, comme l’Autrichien tué en septembre alors qu’il s’apprêtait à commettre un « attentat terroriste » contre le consulat israélien à Munich (Allemagne). .

“Il n’y a pas de débat” sur le fait que le groupe doit rester sur les listes des “organisations terroristes”, insiste M. Schindler.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Elle découvre 24 ans plus tard que le père de son fils était en réalité un policier infiltré.
NEXT le véritable héros du sport suisse, c’est lui