Avant même d’être inscrit à l’article 2 de la Constitution, le pouvoir de grâce dont jouit le président des États-Unis était au cœur de vifs débats.
Déjà en 1787, Alexander Hamilton remettait ouvertement en question la légitimité d’un pouvoir habituellement réservé à la monarchie.
George Washington fut le premier à y recourir en 1795 et depuis, chaque grâce, à de rares exceptions près, entraîne son lot de questions.
Quelques cas controversés
Si l’on admet volontiers que les grâces présidentielles servent à corriger des erreurs judiciaires, il est normal qu’elles fassent sourciller lorsqu’elles permettent à des personnes malhonnêtes d’échapper à la justice.
Parmi les grâces les plus célèbres, on note celle accordée à Samuel A. Mudd, qui a hébergé et soigné l’assassin de Lincoln, celle accordée à Richard Nixon par Gerald Ford, celle de Ronald Reagan à George Steinbrenner (propriétaire des Yankees de New York) ou encore , plus récemment, celle de Bill Clinton au milliardaire et probable donateur, Marck Rich.
Anecdote historique amusante, une seule fois un homme a refusé sa grâce. George Wilson s’est opposé à celle qui lui accordait le président Andrew Jackson et l’histoire a fini devant la Cour suprême.
Ce dernier a conclu qu’une grâce ne pouvait être imposée et Wilson a ensuite été pendu.
L’exemple de Donald Trump
Trois mois avant son départ, Joe Biden pourrait être tenté d’accorder sa grâce à son fils Hunter, condamné dans deux procès distincts. Il attend ses condamnations.
S’il voulait imiter son prédécesseur, les Républicains ne manqueraient pas de le critiquer, mais ce serait particulièrement hypocrite.
Non seulement Trump n’a souvent pas attendu l’avis du ministère de la Justice qui examine les demandes de grâce présidentielle, mais il est le champion historique des grâces partisanes.
Il les a accordés à des collaborateurs proches ou amis comme Michael Flynn, Paul Manafort, Roger Stone, Stephen K, Bannon, George Papadopoulos, Joe Arpaio, Dinesh D’Souza et Michael Milken.
À l’exception de Mitt Romney et Pat Toomey, aucun élu républicain n’a trouvé à redire.
Le dilemme de Biden
À 82 ans, Joe Biden est sur le point de mettre fin à une longue et fructueuse carrière politique. Il est toutefois parti après avoir été écarté par son parti politique avant de voir son remplaçant échouer lamentablement face à son adversaire républicain.
La tentation doit être forte d’épargner la prison à son fils unique et de finir ses jours à ses côtés.
Joe Biden n’a même pas besoin de gracier entièrement Hunter, son pouvoir lui permettant de se limiter à commuer sa peine.
Tant en politique intérieure qu’en politique étrangère, Joe Biden s’est présenté comme un champion de la démocratie et des institutions. S’il souhaite préserver cet héritage, il doit s’abstenir d’utiliser son pouvoir et laisser son fils payer le prix de ses crimes.
En agissant autrement, l’actuel président s’abaisserait au rang de son prédécesseur et contribuerait au cynisme ambiant à l’égard de la classe politique.