Dans un rapport, la Cour des comptes déplore les « règles incomplètes » de l’Union européenne en matière d’étiquetage des produits alimentaires, Source de confusion pour les consommateurs.
« Nutri-Score B », « bon pour le système immunitaire » ou encore « ingrédients naturels » : logos, allégations environnementales, promesses nutritionnelles et systèmes de notation pullulent sur les emballages des produits alimentaires. De quoi dérouter, voire induire en erreur, les consommateurs. « Un véritable casse-tête » pour les clients des supermarchés, parfois volontairement trompeur, déplore la Cour des comptes européenne dans un rapport acerbe, regrettant les « règles incomplètes » de l’Union européenne en matière d’étiquetage des denrées alimentaires.
Nutriscore : comment l’interpréter correctement ?
Dans son rapport, l’institution luxembourgeoise pointe une législation « faiblement restrictive » au niveau européen, d’autant que les contrôles effectués par les États membres s’avèrent insuffisants et que « les amendes ne sont pas toujours dissuasives, efficaces ou proportionnées ». La Commission européenne accumule les retards : selon les auditeurs de la Cour des comptes, seules quatre mises à jour du règlement européen concerné (ICDA) ont été réalisées pour l’instant, sur les onze travaux prévus au programme, au détriment des consommateurs.
Ces derniers « peuvent facilement se perdre dans le dédale des informations », regrette la Cour des comptes européenne, pour qui « les étiquettes alimentaires sont trop souvent Source de confusion ».
Si certaines informations essentielles doivent figurer sur l’emballage, comme la teneur en matières grasses ou en sucre, elles s’ajoutent à d’autres allégations nutritionnelles qui ne sont pas suffisamment réglementées. Rien n’empêche par exemple d’afficher une mention « riche en vitamine C » sur l’emballage d’un produit très sucré, évoquant ses bonnes vertus. Le constat est identique pour les allégations de santé portant sur certains produits végétaux, « pas forcément étayées par des données scientifiques », qui peuvent induire en erreur sur la nature du produit.
Nutri-Score, Keyhole et NutrInform
Par ailleurs, faute de consensus, différents systèmes d’étiquetage nutritionnel cohabitent sur le sol européen, chacun basé sur ses propres caractéristiques – Nutri-Score en France, Keyhole en Allemagne, NutrInform Battery en Italie… « Des règles harmonisées pourraient aider les consommateurs à identifier les produits les plus sains. , et contribuer in fine à prévenir les maladies liées à l’alimentation », mais la cohabitation de plusieurs systèmes « a justement l’effet inverse, à savoir dérouter les consommateurs au lieu de les guider », constatent les auditeurs.
La Cour des comptes européenne ajoute également à la longue liste de ses critiques la multiplication, sans contrôle, des « labels, logos et allégations ». Les allégations non certifiées, les promesses « propres » (par exemple des produits « sans » quelque chose) et les allégations environnementales, dont certaines « s’apparentent simplement à du greenwashing », contribuent à perdre encore davantage les consommateurs lorsqu’ils scrutent les étiquettes. Toutefois, estiment les auditeurs, « les règles européennes actuelles n’empêchent malheureusement pas de telles pratiques ».
Jérémy Bruno Journaliste BFMTV